30 mai 2025

Comment peut-on être polyglotte?

Présentation pour le lancement de « La langue du cœur et celle de la raison. Entretiens » par Lionel Meney et Hans-Jürgen Greif (éditions 8, Québec, 2025).

Je commencerai par une anecdote. A une dame qui lui demandait combien de langues il parlait, le grand linguiste français, Antoine Meillet, aurait répondu : « Oh, madame, une seule seulement, et encore très mal ! » Hans-Jürgen Greif, lui, en parle au moins quatre, et encore très bien... C’était suffisant pour piquer ma curiosité, susciter mon intérêt. En somme, je me demandais, pour paraphraser Montesquieu, « comment peut-on être polyglotte » ...

L’occasion d’interroger Hans-Jürgen Greif, l’élément déclencheur m’est venu à la lecture du livre de François Ouellet, La matière des mots (coll. Palabres, Nota Bene, Montréal, 2021). Ce livre est une série d’Entretiens entre François Ouellet et Hans-Jürgen Greif, un dialogue de littéraires sur l’ensemble de l’œuvre de cet écrivain germano-canado-québécois de langue française.

En tant que linguiste, je me suis dit qu’il y avait aussi quelque chose de très intéressant à explorer sur la question de savoir comment, avec qui, dans quelles circonstances il avait appris ces langues, s’il éprouvait plus de difficultés avec l’une d’entre elles, s’il avait une préférence pour l’une ou l’autre, s’il observait une répartition fonctionnelle dans leur emploi. Une autre question aussi m’interpellait depuis longtemps : pourquoi avait-il choisi d’écrire son œuvre romanesque et critique, qui est considérable, dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle, pourquoi le français plutôt que l’allemand ? Avait-il un quelconque regret du fait de ses choix de langue, de carrière, de pays ?

Hans-Jürgen et moi, nous nous connaissons depuis très longtemps, nous avons mené des carrières en parallèle à l’Université Laval de Québec. Ce livre, écrit à quatre mains, est aussi la matérialisation d’une amitié ancienne.

Je ne veux pas dévoiler, « divulgâcher » comme dit maintenant, ce que contient ce petit livre, petit mais très dense. Le rapport aux langues, c’est aussi le rapport au père et à la mère, et au frère unique. C’est encore le rapport à la patrie, au pays natal et à celui d’adoption. Je ne vous dirai donc pas quelle est la « langue du cœur » de Hans-Jürgen, ni « celle de la raison ». Je ne vous dirai pas non plus pourquoi il a choisi d’écrire son œuvre en français, ni comment il se situe aujourd’hui par rapport à l’Allemagne ou au Québec. Vous trouverez tout cela dans le livre, si vous nous faites l’honneur et le plaisir de nous lire... Alors je vous souhaite bonne lecture...

Mots-clés : Hans-Jürgen Greif, écrivain, polyglotte, polygraphe, langue du coeur, langue de la raison, éditions 8, Québec, 2025.

 

 

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