30 octobre 2025

Louis-Jean Calvet (1942-2025)

Le décès de Louis-Jean Calvet me touche profondément et je le sens comme une perte. Certes, je ne le connaissais pas personnellement, mais plusieurs de ses ouvrages ont nourri mes réflexions et il était devenu pour moi quelqu’un de familier. A 25 ans de distance, il m’avait fait l’honneur de s’intéresser à deux de mes publications. En 2000 d’abord, lors de la parution de mon Dictionnaire québécois-français. Pour mieux se comprendre entre francophones (Montréal, Guérin, 1999) et tout récemment encore, le 31 mars 2025, alors qu’il avait rédigé un article (peut-être une de ses dernières publications) sur la polémique entourant le livre des Linguistes atterrées, Le français va très bien, merci (Paris, coll. Tracts, Gallimard, 2023), dans lequel il rendait compte de mon livre La sociolinguistique entre science et idéologie. Une réponse aux Linguistes atterrées (Limoges, Lambert-Lucas, 2024). Outre son fécond héritage scientifique, je retiens de lui sa grande ouverture d’esprit.

Louis-Jean Calvet sur le Dictionnaire québécois-français :

« Pour les amateurs de lexicographie, Lionel Meney nous fournit avec son Dictionnaire québécois français (sous-titré pour mieux se comprendre entre francophones) un ouvrage à la fois sérieux et distrayant. Sérieux parce qu’il repose sur l’analyse d’un vaste corpus, distrayant parce qu’il est toujours drôle de visiter les possibilités d’incompréhension entre deux peuples frères. Loin de toute tendance normative, Meney décrit, et son gros livre (près de deux mille pages) est un constat : si les Anglais et les Américains sont “deux peuples séparés par une même langue” selon Bernard Shaw, Français et Québécois sont pour leur part unis malgré des usages parfois différents de la même langue. » (Le français dans le monde, n°311, Paris, juillet-août 2000).

Louis-Jean Calvet sur La sociolinguistique entre science et idéologie :

« Lorsque que [Lionel Meney] souligne que les LA «“traitent avec désinvolture, par-dessus la jambe, la question de l’anglais sur le français” il met le doigt sur un point important. Leur livre s’attache en effet essentiellement à minimiser les emprunts à l’anglais et le franglais, mais ils semblent totalement ignorer la géopolitique linguistique : dans l’enseignement (et les professeurs de FLE le savent bien) comme  dans la diplomatie, l’anglais réduit le français à la portion congrue. Le plus bel exemple en est l’Union Européenne dans laquelle il est la langue largement dominante alors même que depuis le Brexit aucun pays membre ne l’a choisi comme langue officielle.
Dès lors sa conclusion est attendue : « Se proposant de réfuter  les idées reçues sur la langue, les LA alignent en réalité poncifs, contradictions, fausses vérités et vraies faussetés ». L’ennui est qu’il n’a pas tout à fait tort. » (Le français dans le monde, n° 457, Paris, mars-avril 2025).

Mots-clés : sociolinguistique, décès, Louis-Jean Calvet, recensions, Lionel Meney, auteur, Dictionnaire québécois-français, La sociolinguistique entre science et idéologie.

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