10 mars 2017

Doit-on dire un aréna ou une aréna ?


Dans une fiche datant de 2011, le Grand Dictionnaire terminologique affirme que le terme aréna est un nom masculin. Ce faisant, il s'appuie sur une recommandation de l'Office québécois de la langue française de 1989. Ce choix du genre masculin, qui correspond à l'usage québécois populaire, est critiquable. Dans la presse québécoise, le mot est effectivement presque toujours masculin, même si l'on trouve quelques exemples d'emplois au féminin. Il est assez étonnant qu'un organisme officiel chargé de normaliser les terminologies recommande une forme populaire...
En effet, le mot aréna vient du latin (certes par l'intermédiaire de l'anglais arena). Il a donné tout naturellement en français le mot arène, lui-même féminin. Les mots latins terminés par –a sont, sauf rares exceptions, féminins. C'est le cas d'aréna, comme c'est le cas d'aura. On n'aurait pas idée de dire un aura…
Le mot aréna est d'introduction plus récente en Europe francophone où il est toujours féminin. On ne le voit apparaître dans la presse européenne qu'à partir de l'an 2000 environ. Là-bas, il désigne généralement une arène ou enceinte sportive ou stade couvert multifonctions, où se tiennent aussi bien des spectacles que des événements sportifs. Au Québec son sens est plus étroit. Il désigne une patinoire couverte par opposition à une patinoire en plein air. Ce faisant, il fait double emploi avec le mot patinoire, qui désigne aussi bien une patinoire fermée qu'une patinoire ouverte.
Patinoire de Saint-Gervais (Alpes françaises)

En Europe, on le rencontre d'abord et surtout dans des noms propres, souvent précédés du nom du principal partenaire du stade (manifestation du naming), selon l'ordre syntaxique anglais, comme par exemple l'Accor Hotels Arena de Paris (ancienne salle omnisports de Paris-Bercy). Mais on rencontre aussi des cas d'emploi selon l'ordre syntaxique français (en général hors noms propres), comme par exemple l'Arena de Montpellier.
« Et comme Kendji [un chanteur] n'est pas à une consécration près, il terminera sa tournée de quelque 170 dates demain devant 20 000 spectateurs à l'Accor Hotels Arena à Paris. » (Aujourd'hui en France, 9 mars 2017).
L'Arena de Montpellier (Occitanie, France)
Même lorsqu'il n'est pas employé comme nom propre, il s'écrit très souvent avec une majuscule et sans accent, ce qui suggère que, du fait de son origine américaine, il n'est pas encore senti par beaucoup comme un nom ordinaire.
« Les cabinets de conseil estiment que, pour survivre, une Arena doit organiser au moins cent-vingt événements par an. » (La Tribune, 1er mai 2012).
Cependant la francisation du nom s'accomplit progressivement. Dans une première étape, on trouve la forme arena, sans majuscule et sans accent.
« L'ambiance jeudi soir pendant son match face à Verdasco valait bien celle d'une arena de hockey. » (L'Équipe, 11 août 2016).
Enfin, dernière étape vers une francisation totale, on trouve aussi la forme aréna, comme au Québec, sans majuscule, avec accent, mais toujours de genre féminin, qui correspond à son genre étymologique.
« Je préfère jouer à Dunkerque que dans une aréna de 5 000 places avec seulement 2 000 spectateurs. » (La Voix du Nord, 24 septembre 2011).
Il est étonnant que des dictionnaires comme le Petit Larousse illustré ou le Nouveau Petit Robert ne notent le mot qu'à titre de québécisme (masculin pour le Petit Larousse, masculin ou féminin pour le Petit Robert), alors que le mot s'emploie désormais en France.
Conclusion : Il est bien évident qu'on doit dire une aréna, et non un aréna...

Mots-clés : langue française; français québécois; variation linguistique; mot d'origine latine; aréna; genre grammatical; Grand Dictionnaire terminologique; Office québécois de la langue française; Petit Larousse illustré; Nouveau Petit Robert.

1 commentaire:

  1. Un tel doublet ne devrait pas exister. Une arène de hokey ou que sais-je, point barre.

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