Ces derniers jours, une fois n’est pas coutume, l’actualité canadienne s’est imposée à travers le monde avec le mouvement dit « des camionneurs ».
Dans la presse canadienne-anglaise, on parle des « truckers » : « It’s a new frontier of the COVID culture war and it may be coming soon to a city near you. The movement, started by a group of truckers opposed to a cross-border vaccine mandate, has spread to Europe, where lockdown opponents are trying a similar occupation in Paris. » (BuzzFeed News, 13/02/2022).
Dans la presse française, l’essayiste québécois Etienne-Alexandre Beauregard parle des « camionneurs » : « Depuis vendredi dernier, le centre-ville d'Ottawa, la capitale canadienne, est paralysé par des camionneurs et des manifestants qui réclament la levée des mesures sanitaires. » (Le Figaro, 01/02/2022).
Dans les médias québécois, c’est le terme « camionneur » qui est employé quasi-exclusivement pour désigner les participants à ce mouvement de protestation. En fait, même si ce mot est bien attesté en français, on peut le voir dans cet emploi comme un calque de l’anglais « trucker ». En effet, dans cette langue, « trucker », qui relève du style familier, désigne, aux Etats-Unis et au Canada, « a truck driver ». En Grande Bretagne, on dit « a lorry driver ».
Pour désigner ces personnes, les dictionnaires français propose plusieurs termes : chauffeur de poids lourd, chauffeur de camion, chauffeur routier, routier, mais aussi camionneur. Cependant ce dernier terme peut désigner soit un conducteur de camion, soit un propriétaire de camion(s) ou encore le gérant d’une entreprise de camionnage.
En France, pour désigner la personne qui conduit des camions sur de grandes distances, ce qui est le cas des protestataires canadiens, on utilise couramment les termes chauffeur routier ou routier tout court. Au Québec, ces termes sont rarement, sinon jamais employés.
Dans la presse française, le terme « camionneur » a vu sa fréquence d’emploi augmentée grâce aux nouvelles des agences de presse et aux témoignages en provenance du Canada. Cependant il est en général vite remplacé par « chauffeur routier » ou « routier ».
« La contestation canadienne, qui entre dans sa troisième semaine, est partie d’un mouvement de chauffeurs routiers protestant contre l’obligation d’être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. » (Le Monde, 13/02/2022).
Truck driver vs lorry driver. On connaît la remarque de George Bernard Shaw : « England and America are two countries divided by the same language. » Camionneur vs routier. Même dans les nuances, des variations s’observent entre le français du Québec et celui de France.
Mots-clés : variation linguistique ; français de France ; français du Québec ; conditions d’emploi ; anglicisme de sens ; anglicisme de fréquence ; trucker ; camionneur ; chauffeur de poids lourd ; chauffeur de camion ; chauffeur routier ; routier.
Il y a une différence de taille entre les camionneurs nord-américains et les routiers français: les premiers sont propriétaires de leur véhicule, les seconds pas. C'est ce qui explique qu'il y avait si peu de camions à Paris le week-end dernier.- JM
RépondreSupprimerOui, vous avez raison, c’est un élément à prendre en compte.
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