La récente visite
de Marine Le Pen au Québec a mis en lumière un cas de diglossie québéco-française.
Durant son séjour, la chef du parti français d'extrême droite, rompant avec les
usages diplomatiques, a accusé les dirigeants canadiens d'être des
« Bisounours » dans le domaine de l'immigration et de l'accueil des
migrants.
Grosrêveur |
Dans le langage familier, un Bisounours désigne une personne naïve qui
vit dans le monde charmant, mais irréel des tout-petits. Le nom vient d'une
série d'ours en peluche populaire à partir des années 1980. En anglais, ils
s'appelaient « Care Bears ».
Lorsqu'il a fallu
leur donner un nom français, en France, on trouva « Bisounours »,
mot-valise formé sur bisou et nounours, deux mots aux sonorités douces et
évocatrices bien en rapport avec le monde des tout-petits.
Mais ce mot, bien choisi du fait de ses connotations, posait un petit
problème au Québec. En effet il évoque d'une manière trop évidente un autre
mot, inusité en Europe francophone, « bizoune », qui désigne dans le
langage familier et enfantin le pénis des petits garçons, autrement dit le
zizi…
http://www.aufeminin.com/enfant/identite-sexuelle-enfant-d23092c293327.html
Nom fâcheux pour
des peluches destinées aux petits enfants des deux sexes et autres… Alors on a
trouvé un autre nom, tout aussi doux et charmant, Câlinours, mot-valise formé
sur câlin et ours.
http://www.journaldequebec.com/2015/01/19/la-twittosphere-quebecoise-senflamme-pour-les-bizounes#livefyre
http://www.journaldequebec.com/2015/01/19/la-twittosphere-quebecoise-senflamme-pour-les-bizounes#livefyre
Cependant, malgré
ces différences connotatives, il semble bien qu'appliqué à des politiques trop
naïfs, le terme Bisounours va désormais s'employer également au Québec… À vrai
dire, des journalistes québécois comme Richard Martineau, Sophie Durocher ou
Christian Rioux l'avaient déjà employé avant la venue de Marine Le Pen. André
Arthur l'a réutilisé abondamment sur Radio X à Québec.
« Justin
Trudeau, grand chef de la tribu des Bisounours, s'apprête à vendre pour 15
milliards de dollars de blindés à l'Arabie saoudite. » (Richard Martineau,
Le Journal de Montréal, 6 février 2016).
« Si ce
silence est si tonitruant, c'est probablement parce que l'exemple soulève de
manière dramatique toute la question de l'intégration de l'islam. Question non
résolue quoi qu'on dise et quoi qu'en pensent les bisounours du
multiculturalisme. » (Christian Rioux, Le Devoir, 16 octobre
2015).
Il est possible
que, désormais, on offrira des Câlinours aux tout-petits et l'on traitera de
Bisounours les politiques trop naïfs.
Vive la
diglossie !
Mots-clés : langue
française, France, Québec, diglossie, Bisounours, Câlinours, bisoune, bizoune, zizi,
Marine Le Pen.
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