07 juillet 2022

« Mot en n » ou « mot commençant par n » ?

A la suite de la décision du CRTC, organisme canadien de supervision et de contrôle de la radiodiffusion et des télécommunications, de condamner la simple citation à l’antenne du titre de l'essai de Pierre Vallières intitulé « Nègres blancs d'Amérique » (1968), l'expression "mot en n" se relève couramment dans les médias francophones du Canada.

C'est un calque de l'américain N-Word, euphémisme utilisé pour éviter d'employer le mot très péjoratif nigger. Indépendamment du fait que les connotations des mots nigger et nègre dans les mondes anglophone et francophone ne sont pas les mêmes, il s’agit clairement d’une décision arbitraire, qui relève de la censure. Citer le titre d’un ouvrage ne signifie pas reprendre à son compte le sens controversé d’un des mots qu’il comprend. Faudra-t-il alors censurer le terme « négritude » créé par Aimé Césaire et repris par Léopold Senghor entre autres dans « Ce que je crois : Négritude, francité, et civilisation de l’universel » (Grasset, 1988) ? Devra-t-on exiger de Dany Laferrière qu’il change le titre de son roman « Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer » (1985) ? Faudra-t-il réécrire, même après la mort de leur auteur, les titres d’ouvrages blessant la « sensibilité » de certains ? Un individu à la sensibilité exacerbée a-t-il plus de poids que l’ensemble des contribuables canadiens, qui paient avec leurs impôts pour avoir droit à une information sans tabous ?

Pour revenir à la traduction française de N-Word, la forme idiomatique, correcte, est plutôt le « mot commençant par n ». Si vous êtes amateur de Scrabble, vous avez certainement déjà cherché sur Internet les « mots commençant par » ou les « mots finissant par »… En l’employant, on reste encore dans l’euphémisme… Pourquoi cette pruderie linguistique? Appelons un chat un chat. Le N-Word des Américains est le mot nigger. En écrivant cela, je ne me sens absolument pas raciste.

Mots-clés : politiquement correct, censure, Canada, CRTC, Pierre Vallières, Nègres blancs d’Amérique, euphémisme, N-Word, calque, mot en n, mot commençant par n, le mot nigger.

21 février 2022

De l’importance de l’article en français.

Cher Mathieu Bock-Côté,

J’écoute avec beaucoup d’intérêt vos analyses politiques sur CNews. Même si je ne suis pas toujours d’accord avec certaines d’entre elles, j’admire votre connaissance de l’histoire et de la politique de la France et le brio avec lequel vous défendez vos idées.

Vous pourfendez, à juste titre, la malhonnêteté intellectuelle, la falsification des faits et la diabolisation de l’adversaire. Cependant un point me « chicote », c’est lorsque vous dites que, selon Emmanuel Macron, « il n’y a pas de culture française ». Si vous allez à la source, c’est-à-dire au discours du président de la République, qu’on peut écouter sur Youtube, on voit bien qu’il n’a jamais dit cela. En réalité, il a dit « il n’y a pas une culture française », « il y a des cultures françaises », en développant le fait indiscutable que la culture française a toujours été ouverte, accueillante, et s’est nourrie à toutes sortes de sources, y compris étrangères, que ce soit en littérature, en peinture, en musique, etc. Il cite l’exemple de Picasso. Participe-t-il de la culture française ? Sans aucun doute. Mais ne participe-t-il pas en même temps de la culture espagnole ? Et Chagall, ne participe-t-il pas et de la culture française et de la culture juive ?

J’ajouterais que chacun a sa culture française. Un catholique traditionnaliste n’a pas la même culture française qu’un communiste athée. Il en est de même pour la langue. La langue française d’un jeune des banlieues n’est pas la même que celle d’un prof de littérature en fac. Ils ont à la fois des choses en commun et d’autres qui leur sont propres. C’est une vérité d’évidence. Il est dommage que certains essaient de détourner ces propos à des fins bassement partisanes.

Vous serez certainement sensibles à ce que je vous dis, vous qui prônez sans cesse le débat plutôt que la caricature et l’anathème.

Bien cordiales salutations.

Lionel Meney

https://www.youtube.com/watch?v=xncCLi6EabU

Mots-clés: Emmanuel Macron; culture française; Mathieu Bock-Côté; vérification des faits.


 

 

 

13 février 2022

Un cas de variation linguistique : camionneur ou routier ?

Ces derniers jours, une fois n’est pas coutume, l’actualité canadienne s’est imposée à travers le monde avec le mouvement dit « des camionneurs ».

Dans la presse canadienne-anglaise, on parle des « truckers » : « It’s a new frontier of the COVID culture war and it may be coming soon to a city near you. The movement, started by a group of truckers opposed to a cross-border vaccine mandate, has spread to Europe, where lockdown opponents are trying a similar occupation in Paris. » (BuzzFeed News, 13/02/2022).

Dans la presse française, l’essayiste québécois Etienne-Alexandre Beauregard parle des « camionneurs » : « Depuis vendredi dernier, le centre-ville d'Ottawa, la capitale canadienne, est paralysé par des camionneurs et des manifestants qui réclament la levée des mesures sanitaires. » (Le Figaro, 01/02/2022).

Dans les médias québécois, c’est le terme « camionneur » qui est employé quasi-exclusivement pour désigner les participants à ce mouvement de protestation. En fait, même si ce mot est bien attesté en français, on peut le voir dans cet emploi comme un calque de l’anglais « trucker ». En effet, dans cette langue, « trucker », qui relève du style familier, désigne, aux Etats-Unis et au Canada, « a truck driver ». En Grande Bretagne, on dit « a lorry driver ».

Pour désigner ces personnes, les dictionnaires français propose plusieurs termes : chauffeur de poids lourd, chauffeur de camion, chauffeur routier, routier, mais aussi camionneur. Cependant ce dernier terme peut désigner soit un conducteur de camion, soit un propriétaire de camion(s) ou encore le gérant d’une entreprise de camionnage.

En France, pour désigner la personne qui conduit des camions sur de grandes distances, ce qui est le cas des protestataires canadiens, on utilise couramment les termes chauffeur routier ou routier tout court. Au Québec, ces termes sont rarement, sinon jamais employés.

Dans la presse française, le terme « camionneur » a vu sa fréquence d’emploi augmentée grâce aux nouvelles des agences de presse et aux témoignages en provenance du Canada. Cependant il est en général vite remplacé par « chauffeur routier » ou « routier ».

« La contestation canadienne, qui entre dans sa troisième semaine, est partie d’un mouvement de chauffeurs routiers protestant contre l’obligation d’être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. » (Le Monde, 13/02/2022).

Truck driver vs lorry driver. On connaît la remarque de George Bernard Shaw : « England and America are two countries divided by the same language. » Camionneur vs routier. Même dans les nuances, des variations s’observent entre le français du Québec et celui de France.

Mots-clés : variation linguistique ; français de France ; français du Québec ; conditions d’emploi ; anglicisme de sens ; anglicisme de fréquence ; trucker ; camionneur ; chauffeur de poids lourd ; chauffeur de camion ; chauffeur routier ; routier.


08 janvier 2022

Champagne ou vin pétillant ? Un cas de word-jacking.

Le français connaît déjà le car-jacking, le click-jacking, le hi-jacking, le home-jacking, le like-jacking et le mouse-jacking. A cette série très productive, qui désigne toujours une forme de larcin, je propose d’ajouter le néologisme word-jacking. Si le hi-jacking est un détournement d’avion, de bateau ou de tout autre véhicule, le word-jacking est un détournement de mot ou de sens.

L’Etat russe nous a donné récemment un bel exemple de word-jacking. Par une loi fédérale (171-ФЗ : « О регулировании алкогольной продукции »), promulguée le 2 juillet par Vladimir Poutine, sur la contre-étiquette des bouteilles de champagne rédigée en cyrillique, la dénomination « шампанское » (champanskoïé, c’est-à-dire champagne) est réservée aux vins mousseux produits en Russie et avec du raisin récolté dans ce pays. Les autres bouteilles doivent être rebaptisées plus prosaïquement « игристое вино » (c’est-à-dire « vin pétillant »).

Très curieusement Викисловарь, l’équivalent russe des dictionnaires en ligne Wiktionary et Wiktionnaire, définit l’adjectif шампанский (« champanskiï ») de la manière suivante : « связанный, соотносящийся по значению с существительным шампанское », c’est-à-dire « correspondant par la signification au substantif champanskoïé. » C’est le serpent qui se mord la queue… Moi qui croyais que c’était le contraire, que champanskoïé n’était que l’adjectif substantivé à la forme neutre de l’adjectif masculin champanskiï, à la forme neutre à cause du substantif neutre dont il dépend, « vino » (vin)… En réalité, en russe, dès l'origine, champanskiï a signifié étymologiquement « de Champagne » ou « champenois » ; champanskoïé (vino), (vin de) Champagne.

Grâce, si j’ose dire, à cette loi, en Russie, la Veuve Clicquot, champagne français, n’est plus qu’un « vin pétillant », alors que l’Abraou-Diourso (Абрау-Дюрсo), vin pétillant russe, est un « champagne »… Dom Pérignon doit se retourner dans sa tombe. On voisine avec l’absurde.

Pourtant le terme « champagne » est une appellation géographique protégée en France et en Europe. Elle est reconnue et respectée à peu près partout dans le monde.

Le Wikipédia russe est très clair. En russe шампанский et шампанское renvoient à la province française de Champagne :

« Шампа́нское — игристое вино, произведённое во французском регионе Шампань из установленных сортов винограда методом вторичного брожения вина в бутылке. Название напитка происходит от названия провинции Шампань, где расположен данный регион.

Хотя термин "шампанское" зачастую используется производителями игристого вина во многих странах и местностях (например, в Калифорнии, Канаде и России), согласно регламентам, действующим на территории Европейского союза, правильно его использовать только по отношению к вину, производимому в провинции Шампань.

С точки зрения международного права правомерность существования названия "Советское шампанское" является спорной, так как согласно международным конвенциям шампанским может называться только вино, виноград для которого выращен во французской провинции Шампань. »

Mots-clé: néologisme, word-jacking, российский закон о регулировании алкогольной продукции, loi fédérale russe sur les alcools, appellation protégée, dénomination, vin pétillant, champagne, игристое вино, шампанское.

 


03 janvier 2022

Un monde en mode bienveillance ?

Emmanuel Macron, le président de la République, l'a dit dans ses voeux à la Nation prononcés au soir du 31 décembre : « Restons unis, bienveillants, solidaires. » L'année 2021 a vu, comme les années précédentes, la montée en puissance des mots « bienveillant » et « bienveillance » tant en France qu’au Québec.

Constatation 

Sur Internet, on constate l’ascension fulgurante des mots bienveillant et bienveillance. Un coup de sonde sur la Toile grâce à Google Recherche permet de s’en rendre compte. Sur une période de 10 ans (2011-2021), on constate : 

a) une augmentation constante du nombre d’occurrences de bienveillance dans les médias francophones du Canada et de France (de 1320 à 25100 au Canada ; de 18000 à 245000 en France) ; 

b) une augmentation encore plus forte au Canada (près de 20 fois plus) qu’en France (13 fois plus) ; 

c) une augmentation marquée par deux bonds concomitants encore plus importants  au Canada et en France, le premier à partir d’il y a 5 ans, en 2016 ; le second, à partir de 2019, ce qui correspond dans ce cas au début de la crise de la COVID-19. 

Tableau : L’ascension du mot bienveillance sur Internet


Nombre d’années

Période

Canada francophone

France

1

2020-2021

25100

245000

2

2019-2020

13800

186000

3

2018-2019

8790

151000

4

2017-2018

8070

104000

5

2016-2017

6060

89700

6

2015-2016

3070

51700

7

2014-2015

2700

41700

8

2013-2014

1940

28500

9

2012-2013

1830

22300

10

2011-2012

1320

18000

Source: Google Recherche, décembre 2021. 

Définition 

Il est nécessaire de préciser le sens de ces deux mots employés, nous le verrons, dans toutes sortes de contextes. Bienveillant signifie « qui se montre attentif au bien et au bonheur des autres ». Le philosophe Francis Hutcheson, cité par Victor Cousin, considérait que la bienveillance était « une affection qui nous porte à désirer le bonheur de notre prochain » (Trésor de la langue française). Bienveillance désigne « la qualité d’une volonté qui vise le bien et le bonheur des autres » ; « une disposition particulièrement favorable à l’égard de quelqu’un » (Trésor de la langue française). 

Fausse étymologie 

Une erreur courante consiste à rapprocher bienveillant de veiller ; « être bienveillant » signifierait alors « veiller au bien (bien-être) de quelqu’un ». Exemple : « Se montrer bienveillant, c’est veiller au bien-être d’autrui, c’est vouloir le bonheur des autres sans rien attendre en retour. » (Le Monastère des Augustines, Québec, 04/01/2021). En réalité, bienveillant ne provient pas de veiller, mais de vouloir. « Être bienveillant », c’est « vouloir le bien de quelqu’un ». C’est un calque du latin bene volens avec la forme ancienne du participe présent de vouloir, ve(u)illant. Le contraire, c’est malveillant, malveillance, qui ne signifie pas « veiller au mal de quelqu’un » (ce serait absurde), mais lui « vouloir du mal ». 

Champ d’application de la bienveillance 

De nos jours, la notion de bienveillance a envahi tous les domaines, privés ou publics : l’individu (la bienveillance envers soi-même) ; la famille (dans la relation de couple, dans l’éducation des enfants) ; l’enseignement (à l’école, à l’université, la bienveillance envers les élèves, les étudiants) : le travail (dans le management, les relations patron/employés, les relations entre collègues) ; le commerce (relation entreprises/clients), la politique, etc. 

Le seul domaine qui semble échapper à la vague de bienveillance, ce sont les réseaux sociaux où règne, au contraire, l’injure, la violence, la dénonciation, la diffamation, etc. sous couvert d’anonymat. C'est peut-être pour cela que la bienveillance est importante ? 

Exemples de titres d’articles relevés sur Google Recherche (presse canadienne) : 

- Envers soi-même, envers sa santé : « La bienveillance envers soi-même » ; « Manger avec bienveillance » ; « Renoncer aux régimes et manger avec bienveillance » ; etc.

- Envers les enfants : « Être bienveillant pour protéger ses enfants », etc.

- Envers les personnes âgées : « Ode à la bienveillance envers les aînés », etc.

- Dans l’éducation, l’enseignement : « L’école de la bienveillance » ; « Ecole inclusive et bienveillante » ; «  La nécessaire bienveillance du milieu scolaire envers nos ados » ; « Pour une communauté étudiante bienveillante », etc.

- Au travail, dans le management : « Comment cultiver la bienveillance au travail » ; « Être gentil au travail, une nécessité, un devoir ou une obligation » ; « La collaboration bienveillante au travail » ; « Le management bienveillant » ; « Le leadership bienveillant » ; « Les bienfaits d’une entreprise bienveillante » ; « La bienveillance comme indicateur de performance », etc.

- Dans la relation entreprise/clients » : « S’il y a quelque chose que les clients requièrent en ces temps parfois éprouvants, c’est d’un peu de bienveillance. Et je crois que la notion de bienveillance devrait être au cœur des initiatives de toutes les entreprises, petites ou grandes, qu’elles soient au service des consommateurs (B2C) ou d’autres entreprises (B2B). »(Les Affaires, 13/01/2021). 

Le business de la bienveillance 

Il fallait si attendre le concept de bienveillance a donné naissance à tout un business sous forme de cours et de publications. C'est un marché porteur, comme on dit en marketing.

On a vu naître des formations sur la bienveillance, du coaching, des conseils : « La bienveillance, mode d’emploi » ; « Règles de sagesse et de bienveillance en temps de pandémie » ; des Prix de Bienveillance… 

Les ouvrages consacrés à ce nouveau mantra ont poussé comme des champignons. Certains s’en faisant une spécialité. En voici quelques-uns :

- Marshall B. Rosenberg, « Elever nos enfants avec bienveillance » (2007) ; « Enseigner avec bienveillance » (2017) (un des initiateurs du mouvement dans l’éducation, l’enseignement).

- Laurence Dudek, Natacha Fabry et al., « Parents bienveillants, enfants éveillés : Les 10 clés de l'éducation efficace »

- Laurence Dudek, « Une éducation bienveillante et efficace ! » (2021).

- Olivier Clerc, « Tu es comme tu es... ou le secret de la communication bienveillante » (2019)

- Myriam Daguzan Bernier, « Tout-nu-dictionnaire bienveillant de la sexualité » (illustré) (2020)

- Collectif, « 50 activités bienveillantes pour progresser en orthographe » (2020).

- Didier Van Cauwelaert, « La bienveillance est une arme absolue » (2021).

- Dina Scherrer, « La magie de la bienveillance : Développez votre regard pygmalion et améliorez vos relations » (2021).

- Philippe Rodet, « La bienveillance, un remède à la crise. Penser autrement avec la bienveillance » (2021)

- Philippe Rodet, « La bienveillance au travail : Trop de stress, pas assez de motivation, comment en sortir ? » (2019).

- Yves Desjacques et Philippe Rodet, « Le management bienveillant : La bienveillance est l'indicateur d'un monde encore humain » (2017).

- Gael Chatelain-Berry, « Les 10 commandements de la bienveillance en entreprise » (2019).

- Françoise Dorn, « Le Petit Livre de la bienveillance : Ouvrez votre cœur aux autres » (2019). 

Aspects positifs de la bienveillance 

Bien évidemment, il est nécessaire d’éliminer l’agressivité, le harcèlement, la violence, les discriminations dans la société. La bienveillance a le mérite de sensibiliser à ces phénomènes et, éventuellement, d’aider à les réduire. Exemple : Devant la montée de la violence, on voit partout dans les administrations et les commerces des affichettes avertissant que l’agressivité, l’impolitesse, les menaces ne sont pas tolérées. 

Aspects négatifs 

Une indulgence critiquable : dans la notion de bienveillance, il y a un aspect compréhension d’autrui (ce qui est une bonne chose), mais aussi d’indulgence (ce qui peut donner lieu à des dérives, au laxisme). On constate les conséquences catastrophiques de cet aspect indulgence dans l’éducation des enfants, dans l’enseignement, dans la baisse du civisme, la hausse de la délinquance, etc. 

Un ton d’injonction : On ne peut pas être contre les bons sentiments, alors c’est une morale politiquement correcte qu’on impose à tout le monde. 

Un rapport de domination quoiqu’on dise : la bienveillance désigne aussi l’attention qu’une personne haut placée daigne apporter à une personne moins haut placée (solliciter la bienveillance de quelqu’un). Ce rapport, on le retrouve dans la relation parent/enfant, personne jeune/personne âgée, maître/élève, patron/employé, etc. 

Il y a une forme de naïveté de croire que la bienveillance suffit à éviter ou à résoudre tous les problèmes dans un monde Bisounours.

C’est ce qu’a vu dès 2016, le philosophe français Yves Michaud dans un ouvrage intitulé : « Contre la bienveillance ». Il y écrit : « Le constat est maintenant partout : la puissance du fondamentalisme religieux, la montée des populismes de droite comme de gauche, le discrédit de la classe politique, le rejet de la construction européenne, rendent caducs les schémas anciens. En particulier l’idée que la démocratie, à force de bienveillance, peut tolérer toutes les différences, toutes les croyances. […] Il faut dénoncer la tyrannie des bons sentiments, la politique de l’émotion et de la compassion. Non que la bienveillance soit un sentiment indigne, mais nous devons cesser de croire qu’on peut bâtir sur elle une communauté politique. » (Présentation du livre). 

Mots-clés : bienveillance, bienveillant, phénomène social.