Le 17 décembre, lors d’une réunion du ministère de la Défense, Vladimir Poutine s’en est pris violemment aux dirigeants européens, les qualifiant en russe de « подсвинки » (« podsvinki »).
La presse européenne a eu bien du mal à traduire ce mot. Dans la presse française, on relève « jeunes porcs », « petits cochons » ou « porcelets ». On se demande comment le public francophone a bien pu comprendre le sens véritable des propos de Poutine.
En effet, appliqué à des êtres humains, en français, « jeune porc » désigne quelqu’un de sale, de malpropre, physiquement ou moralement. « Petit cochon » a un côté polisson, qui ne semble guère convenir, par exemple, à Ursula von der Leyen. Quant à « porcelet », on a du mal à lui trouver un quelconque sens figuré. En fait, on a affaire, en russe, à un sens figuré, une image, une métaphore, impossible à traduire littéralement.
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BFMTV.com
« De “jeunes porcs” : Vladimir Poutine affirme que les dirigeants européens cherchent à “se venger” de la Russie. »
Facebook.com
« Poutine a attaqué les dirigeants européens, qualifiés de “petits cochons”, les accusant de vouloir profiter d’un effondrement de la Russie. »
Euronews
« Vladimir Poutine qualifie de “porcelets” les alliés européens de l'Ukraine. »
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Ce que Poutine a réellement dit :
« В предыдущей администрации США полагали, что Россию разрушат и развалят. А европейские подсвинки включились в надежде поживиться, вернуть себе что-то, что было утрачено в прежние исторические периоды. »
Il est intéressant de voir comment certains sites de traduction automatique s’en sont tirés.
Le traducteur russe Yandex a carrément calé sur le mot :
« Dans l'administration précédente, les États-Unis croyaient que la Russie serait détruite et détruite [sic]. Et les podspinki européens se sont allumés dans l'espoir de profiter, de récupérer quelque chose qui a été perdu dans les périodes historiques précédentes. »
Quant à Google Translate, comme on dirait au Québec, il a « coupé les coins ronds » :
« L'administration américaine précédente croyait à la destruction et au démantèlement de la Russie. Et les Européens, ces porcs, s'y sont joints, espérant en tirer profit et récupérer un héritage perdu au cours des périodes historiques précédentes. »
Il est clair que ce n’est pas le sens de ce qu’a voulu dire Poutine. Que signifie donc en russe подсвинок (podsvinok) ? Le terme relève de l'élevage porcin. Il est tellement peu courant que la presse russe, elle-même, a fait appel à des linguistes pour expliquer ce que cela voulait dire.
Il est intéressant de s’arrêter instant sur la formation du mot. Il est composé du préfixe « pod- », qui signifie « en-dessous », du radical « svin », qui signifie « cochon », et du suffixe diminutif « -ok ». Littéralement, cela désigne « un sous-petit-cochon », « un sous-porc-elet », « un sous-gor-et ».
Au sens propre, le mot désigne un porcelet de 4 à 10 mois, de 20 à 50 kg. Ce n’est plus un cochon de lait, mais ce n’est pas encore un cochon adulte, car il a encore besoin de sa mère.
Au sens figuré, il désigne quelqu’un d’immature, de dépendant, d’incapable de prendre des décisions par lui-même, mû par un instinct grégaire. La truie commande, les petits cochons suivent.
Les dirigeants européens sont donc vus par Poutine, d’une manière méprisante, comme des êtres immatures, dépendants, serviles, soumis à la volonté des Américains.
Pour trouver une image équivalente, il fallait donc changer d’animal pour se diriger plutôt du côté des moutons (pour leur instinct grégaire) ou des caniches (pour leur obéissance servile). Dans ce cas, on aurait mieux compris ce qu’a voulu dire le dictateur du Kremlin.
Mots-clés : traduction russe-français, métaphore, Vladimir Poutine, dirigeants européens, подвинки, podvinki, jeune cochon, petit cochon, porcelet, goret, équivalents, caniche, mouton.

Interessant Papa!
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