04 mars 2012

Au-delà des mots, les termes...


Il y a un an déjà, un groupe d’anciens terminologues de l’Office québécois de la langue française (OQLF), dans une lettre ouverte intitulée « Au-delà des mots, les termes », attirait l’attention de la nouvelle présidente-directrice générale sur le changement d’orientation dans les travaux terminologiques de l’Office. Quelques jours plus tard, en appui à cette démarche, je publiais une lettre ouverte intitulée « Halte à la dérive de l’Office québécois de la langue française ».

Le point commun de ces deux démarches : la constatation que les travaux de l’Office, notamment ceux du Grand Dictionnaire terminologique (GDT), dont le public devrait le plus profiter, ont pris une orientation inquiétante au fil des ans. On observe une dérive d’une démarche terminologique à une démarche lexicographique, d’une orientation prescriptiviste à une orientation descriptiviste, d’un point de vue international à un point de vue local, d’une conception internationaliste à une conception endogéniste

Au résultat, les fiches du GDT sont remplies de contradictions, d’erreurs, d’omissions, faisant souvent l’impasse sur des termes d’usage international pour privilégier des termes d’usage local, allant jusqu’à entériner de nombreux anglicismes au seul motif qu’ils sont courants au Québec. (J’ai fait une critique détaillée des défauts du GDT dans Main basse sur la langue sur la base de l’analyse de plus de 1 000 fiches).

Le 7 mars 2011, je recevais une lettre d’accusé de réception de la présidente-directrice générale de l’Office, dans laquelle elle m’assurait de son engagement envers « la qualité de cette langue qui nous est tellement chère, dans toute sa couleur et sa diversité » et m’informait qu’elle devait « prendre le temps de bien évaluer la situation ». Si je comprends assez bien cette notion de « diversité » appliquée à la langue, j’ai plus de mal à comprendre celle de « couleur ». Peut-être s’agit-il de « couleur locale » ? En fait, le libellé même de la lettre montre, j’en ai bien peur, que, déjà, la nouvelle p.-d.g. avait fait son choix. Qui n’est pas celui de la terminologie française.

« Au-delà des mots, les termes » : le titre de la lettre des terminologues est limpide. La mission de l’Office n’est pas de rédiger un ouvrage de lexicographie québécoise, un dictionnaire général du français québécois, répertoire de tous ses mots dans toute leur « diversité » et toutes leurs « couleurs », mais un dictionnaire spécialisé de terminologie française, répertoire de termes reconnus et employés par les spécialistes du domaine dans le monde francophone. Normalement, si on rédige un dictionnaire terminologique, c’est justement pour éviter la « diversité » et la « couleur ». En matière de norme, c’est l’uniformisation qui doit primer.

Un an est passé. Le nouvelle présidente-directrice générale a certainement eu le loisir de « prendre le temps d’évaluer toutes les facettes de la question ». En tout cas, moi, je suis toujours prêt à en discuter.
 

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