Il y a un an déjà, un groupe d’anciens
terminologues de l’Office québécois de la langue française (OQLF), dans une
lettre ouverte intitulée « Au-delà des mots, les termes »,
attirait l’attention de la nouvelle présidente-directrice générale sur le
changement d’orientation dans les travaux terminologiques de l’Office. Quelques jours plus tard, en appui à cette démarche,
je publiais une lettre ouverte intitulée « Halte à la dérive de l’Office québécois de la langue française ».
Le point commun
de ces deux démarches : la constatation que les travaux de l’Office,
notamment ceux du Grand Dictionnaire terminologique (GDT), dont le
public devrait le plus profiter, ont pris une orientation inquiétante au fil
des ans. On observe une dérive d’une démarche terminologique à une démarche
lexicographique, d’une orientation prescriptiviste à une orientation
descriptiviste, d’un point de vue international à un point de vue local, d’une
conception internationaliste à une conception endogéniste.
Au résultat, les
fiches du GDT sont remplies de contradictions, d’erreurs, d’omissions, faisant
souvent l’impasse sur des termes d’usage international pour privilégier des
termes d’usage local, allant jusqu’à entériner de nombreux anglicismes au seul motif
qu’ils sont courants au Québec. (J’ai
fait une critique détaillée des défauts du GDT dans Main basse sur la langue sur la
base de l’analyse de plus de 1 000 fiches).
Le 7 mars 2011,
je recevais une lettre d’accusé de réception de la présidente-directrice générale de
l’Office, dans laquelle elle m’assurait de son engagement envers « la
qualité de cette langue qui nous est tellement chère, dans toute sa couleur et
sa diversité » et m’informait qu’elle devait « prendre le temps de
bien évaluer la situation ». Si je comprends assez bien cette notion de
« diversité » appliquée à la langue, j’ai plus de mal à comprendre
celle de « couleur ». Peut-être s’agit-il de « couleur
locale » ? En fait, le libellé même de la lettre montre, j’en ai bien
peur, que, déjà, la nouvelle p.-d.g. avait fait son choix. Qui n’est pas celui
de la terminologie française.
« Au-delà des mots, les termes » : le
titre de la lettre des terminologues est limpide. La mission de l’Office n’est
pas de rédiger un ouvrage de lexicographie québécoise, un dictionnaire général
du français québécois, répertoire de tous ses mots dans toute leur
« diversité » et toutes leurs « couleurs », mais un
dictionnaire spécialisé de terminologie française, répertoire de termes reconnus et employés par les
spécialistes du domaine dans le monde francophone. Normalement, si on rédige un dictionnaire
terminologique, c’est justement pour éviter la « diversité » et la « couleur ».
En matière de norme, c’est l’uniformisation qui doit primer.
Un an est passé. Le nouvelle présidente-directrice
générale a certainement eu le loisir de « prendre le temps d’évaluer
toutes les facettes de la question ». En tout cas, moi, je suis toujours
prêt à en discuter.
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