16 octobre 2019

Gallophobie ordinaire

Lu par hasard :
« Car depuis au moins deux générations, l’évolution naturelle du français est bloquée à la fois par les excès de purisme parigocentriste, mais aussi par l’"anglolâtrie" des cercles de pouvoir à Paris, faisant le jeu de tous les détracteurs du français comme langue moderne et internationale. »
Jean-Benoit Nadeau, Le Devoir, 30 septembre 2019.
JBN devrait nous expliquer ce qu'il entend par « évolution naturelle du français » et aussi comment deux tendances opposées - purisme et laxisme - peuvent empêcher cette « évolution naturelle ». 
Mots-clés : Jean-Benoit Nadeau; idéologie linguistique; gallophobie.

Statistiques linguistiques


Pour ceux et celles que les statistiques linguistiques intéressent, je signale les données des recensements canadiens publiées par Statistique Canada (deux versions, anglaise et française). Elles donnent un excellent tableau des langues parlées au Canada, de leur utilisation  et de leur évolution.
Les questions portent sur la "connaissance des langues officielles" (l'anglais et le français), la "première langue officielle parlée" (anglais ou français ou "anglais et français" ou "ni anglais ni français"), la "langue maternelle" (anglais, français, autre langue : toute une série de langues est fournie, dont les langues autochtones, les langues étrangères), les "autres langues parlées régulièrement à la maison", "langue utilisée au travail", etc.
Voici la définition de la "connaissance d'une langue officielle" pour le recensement canadien : « désigne la capacité d'une personne de soutenir une conversation en anglais seulement, en français seulement, dans les deux langues, ou dans ni l'une ni l'autre. Dans le cas d'un enfant qui n'a pas encore appris à parler, cela comprend les langues que l'enfant apprend à parler à la maison. »
Les recensements sur le site de Statistique Canada :
Le profil du recensement de 2016 pour le Québec :
On se plaît à rêver que d'autres pays francophones aient un tel instrument d'analyse. On aurait une meilleure idée du nombre exact de francophones dans le monde.

Mots-clés : statistiques linguistiques; Canada; Québec.

20 septembre 2019

Comment doit-on prononcer le nom de famille de Greta Thunberg ?


On entend souvent à la radio et à la télévision le nom de famille de Greta Thunberg prononcé à l'anglaise /teune-bèrgue/ avec un /eu/. C'est une erreur. Greta Thunberg est suédoise et son nom, en français, doit se prononcer /toune-bèrgue/ avec un /ou/. En suédois, il se prononce exactement comme ceci [ˈtʉːnbærj]. Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Greta_Thunberg.


Mots-clés : Greta Thunberg, nom de famille, prononciation.

08 mars 2019

Lost in translation…


Lost in translationTrust fund baby = Personne née dans l'aisance…
Les traducteurs connaissent bien ce phénomène : la difficulté de trouver parfois l'équivalent exact – dénotation et connotation comprises - d'une expression anglaise en français. Pour désigner ce phénomène, il existe en anglais une expression : « lost in translation. Soit, mot à mot, ce qui a été « perdu dans la traduction ». En français, on parle de « déficit de traduction ».
Un bel exemple de déficit de traduction nous a été donné le 5 février 2019. Ce jour-là, un député conservateur Pierre Poilievre, a traité le premier ministre libéral Justin Trudeau de « trust fund baby ».
Voici la citation de Pierre Poilievre selon le Hansard (le journal officiel de la Chambre des Communes à Ottawa) : « Mr. Speaker, it is funny to listen to a trust fund baby lecturing Canadians about being too rich.  The Prime Minister says that people who take the bus are too rich and therefore should lose their transit tax credit. Soccer moms and hockey dads, the Prime Minister says are too rich, so he takes away their children's fitness tax credit. At the same, he forces these same working-class families to pay for his taxpayer-funded nannies. »
L'intention du député conservateur est limpide. Chacun sait que Justin Trudeau a hérité de son père de fonds placés en fiducie (trust fund). Il le présente donc comme quelqu'un ayant eu une enfance à l'abri de soucis pécuniaires et qui, par conséquent, serait insensible aux difficultés des classes laborieuses.
Cette phrase a été traduite de la manière suivante dans la version française du Hansard : « Monsieur le Président, c'est drôle d'entendre une personne née dans l'aisance faire la leçon aux Canadiens sur le fait d'être trop riches. » Le déficit de traduction est évident. On a plutôt affaire à un euphémisme qu'à un équivalent. Un équivalent plus exact serait quelque chose comme « né avec une cuillère d'argent dans la bouche » ou « fils de riche ». Je n'ose pas dire « gosse de riche », puisqu'on est au Québec…
En 1945, Hugh MacLennan a publié un roman, Two Solitudes, titre traduit par Deux solitudes, dans lequel il montre le manque de communication entre les Canadiens anglais et les Canadiens français dû aux différences de langue et de culture. Visiblement c'est toujours le cas plus de 70 ans plus tard…
Mots-clés : anglais; français; traduction; lost in translation; déficit de traduction; Pierre Poilievre; Justin Trudeau; truts fund baby; personne née dans l'aisance; né avec une cuillère d'argent dans la bouche; fils de riche; gosse de riche.


C'est d'ailleurs le titre d'un film de Sofia Coppola sorti en 2003.

21 janvier 2019

Doit-on dire breuvage ou boisson ?


Cette publicité pour Mikes me donne l'occasion de parler du mot breuvage. Employé dans ce contexte pour désigner une consommation qu'on prend dans un restaurant pour accompagner un repas, ce mot ne se dit pas en français de référence contemporain. On peut le considérer comme le maintien d'une acception ancienne ou comme un anglicisme de sens ou bien encore comme un mélange des deux. Ce que certains linguistes appellent des « anglicismes de maintien ». Dans ce contexte, étant donné que le choix couvre des boissons gazeuses, des bières et des vins, on dira : « Ajoutez-y une boisson à votre goût ! ».

Mots-clés : français; breuvage; boisson.
 



19 janvier 2019

Comment traduire « in as little as » ?

La tournure anglaise « as little as » donne bien du mal à certains traducteurs comme le montre cet emballage de pâtes Barilla vendues au Canada.
La traduction de « in as little as 15 minutes » qu'on y lit n'a rien d'idiomatique. C'est un calque littéral de l'anglais.
Pourtant il y a des manières très simples de rendre cette idée en français : « Préparez un repas frais et rapide en seulement 15 minutes » ou « en à peine 15 minutes » ou encore « en pas plus de 15 minutes ».




Mots-clés : anglais; français; traduction; in as little as; traduction fautive en aussi peu que; tournure idiomatique en seulement; pâtes Barilla.

18 janvier 2019

LES MOTS DE L'ANNÉE 2018 AU QUÉBEC par Antoine Robitaille et Lionel Meney

UN DES MOTS DE L'ANNÉE DE FRANÇOIS LEGAULT
« C'est moi qui choisis », un choix… régalien
Choisir, voilà quel pourrait être un des mots les plus symboliques de l'année 2018. Si les Québécois ont choisi François Legault pour les gouverner au cours des 4 prochaines années, avant cela le nouveau premier ministre avait choisi lui-même les candidats de son parti. En effet, le titre de chaque communiqué par lequel il avait annoncé le nom de ses candidats est le même : « FRANÇOIS LEGAULT choisit Gilles Bélanger dans Orford », «François Legault choisit Line Cloutier dans Duplessis », «François Legault choisit Manon Gauthier dans Maurice-Richard », etc. Il y avait un petit côté monarchique ou régalien dans ce communiqué. « Régalien, précise le Petit Larousse, se dit d'un droit attaché à la royauté ou qui, en république, manifeste une survivance des anciennes prérogatives royales »…

LE NÉOLOGISME DE L'ANNÉE
La kakistocratie de la CAQ ?
Les adversaires de la CAQ semblent ne pas vouloir donner la chance au coureur. Le parti de François Legault venait à peine d'être élu, le Conseil des ministres n'avait pas encore été assermenté, que déjà, pour désigner la nouvelle équipe au pouvoir, ils faisaient circuler ce mot  : « kakistocratie ». Que peut bien désigner ce néologisme ? Emprunté au grec ancien, l'adjectif  kakistos (« pire ») est le superlatif de kakós (« mauvais »). La kakistocratie désignerait donc le pire des gouvernements…

L'ANGLICISME DE L'ANNÉE
Avoir besoin d'amour
En 2018, ce n'a été qu'une plainte dans tout le Québec : il y a un grand besoin d'amour. Le premier ministre François Legault, dans son discours d'ouverture de la session parlementaire, a déclaré que le système d'éducation avait « manqué d'amour ». La mairesse de Montréal, Valérie Plante, que l'est de Montréal avait « besoin d'amour ». On ne compte plus les cas d'emploi de cette expression curieuse. Que votre femme ou votre mari, ou vos enfants, votre petit chien ou votre petit chat aient besoin d'amour, c'est normal. Mais qu'un être inanimé comme une maison, un quartier ou une institution ait besoin d'amour, c'est étonnant. Et ce n'est pas français. Du moins jusqu'à présent. C'est une traduction littérale, un calque, de l'anglais to need love.

L'IMPROPRIÉTÉ DE L'ANNÉE
Une ministre au niveau de ?
La locution  « au niveau de » est fréquemment utilisée d'une manière impropre. On l'emploie à tous les sauces, dans des sens qu'elle n'a pas. Au sens strict, elle signifie « à la hauteur de » et décrit la position dans l’espace de deux choses l’une par rapport à l’autre. La ministre de la Santé Danielle McCann s’est dite contente d’« intervenir pour la première fois “au niveau” de la période de questions ». Elle a poursuivi en disant vouloir « changer le ton “au niveau” de la santé et des services sociaux ». Puis elle estimé qu'il y avait « énormément de problèmes à régler “au niveau” de l’accès des services », « “au niveau” de la santé mentale » et « “au niveau” des services dans la communauté ». Espérons qu'elle s'y retrouvera dans tous ces niveaux…

LE SACRE DE L'ANNÉE
Viarge!
L'ancien leader du gouvernement, Jean-Marc Fournier, savait habituellement se contenir, même lorsqu'il faisait l'objet de rudes attaques. Mais une fois, il a lâché un sacre bien senti, en plein Salon bleu, alors que le caquiste Éric Caire l'asticotait sans relâche au sujet de l'avis juridique sollicité par les libéraux dans l'affaire Paradis. Caire exigeait qu'on lui dise combien l'avis avait coûté et accusait Fournier d'avoir agi en catimini. « Pas en catimini, là... Je l'ai déposée, l'opinion !, a répondu Fournier. Le nom du gars [de l'avocat] est dedans, son adresse est dedans, viarge !» Le président Chagnon n'a pas demandé à ce qu'il retire ses propos. Voilà un mot qui devrait pourtant compléter la collection des Termes non-parlementaires!

LE MOT GROSSIER DE L'ANNÉE
Le troisième lien, c'est de la marde !
Les débats sont animés dans la région de Québec pour savoir s'il faut construire ou pas un troisième lien entre la rive sud et la rive nord, les deux ponts actuels étant saturés. Dans le cadre d'un forum international de la gauche à Bilbao, la députée de QS, Catherine Dorion, a fait dire à des déléguées étrangères dans un message vidéo : « Le troisième lien, c'est de la marde! » Si merde est un mot grossier, marde, l'est encore plus! Le second est en quelque sorte l'augmentatif du premier.

LA COMPARAISON DE L'ANNÉE
Le troisième lien, c'est comme une ligne de coke
Décidément Catherine Dorion s'est fait remarquer par son langage (et pas que…). La voilà qui récidive dans notre palmarès. Et toujours à propos du « troisième lien ».  Dans une vidéo devenue virale, la députée de Taschereau a utilisé une comparaison qui a fait beaucoup jaser : « Dans le fond, une nouvelle autoroute, c’est un peu comme une ligne de coke. »

LES MÉTAPHORES DE L'ANNÉE
Le soleil excessif de la démocratie… La vitre de la transparence est un jardin de givre…
On n'entend pas que des mots « non parlementaires » au Salon bleu. Il arrive qu'on y cite de la poésie. L'ancien député de QS, Amir Khadir, est habité par la poésie québécoise. Digne successeur du «  député poète» Gérald Godin dans Mercier, il a cité des vers célèbres dans une question portant sur... l'accès à l'information ! « Ce salon de l'Assemblée nationale, a-t-il déclaré (ou déclamé ?), c'est comme le grand vaisseau d'or de notre cher Nelligan [...], vaisseau taillé dans l'or massif, qui étale sa proue au soleil excessif de la démocratie. ». Et l'ancien député de Mercier de poursuivre dans sa question complémentaire : « En matière de transparence, au cours des dernières années [...], l'Assemblée nationale a connu de durs hivers. Ah ! que la neige a neigé. En fait [...], la vitre de la transparence de l'Assemblée nationale est un jardin de givre ! » Dommage que la réponse de la ministre Kathleen Weil n'ait absolument rien eu de poétique…

Une métaphore moins poétique, mais plus payante, le Québec… Duracell
Dans son discours d'ouverture de la session parlementaire, le premier ministre François Legault a  déclaré qu'« il [fallait] voir le Québec comme la batterie du nord-est de l'Amérique.  L'image n'est pas des plus exaltantes. On dirait même qu'elle manque d'énergie. Justement, pourquoi ne pas avoir parlé de «réservoir d'énergie du nord-est de l'Amérique » ? Évidemment, si l'ambition derrière l'image se réalise, ce pourrait être électrisant.

L'OXYMORE DE L’ANNÉE
Renouveau et continuité, du pareil au même…
Quand un parti au pouvoir veut convaincre les électeurs de voter pour lui, il fait appel à la « continuité », si les sondages sont bons. Quand un parti dans l'opposition veut inciter les électeurs mécontents à voter pour lui, il fait appel au « renouveau ». L'ancien premier ministre, Philippe Couillard, a osé une formule audacieuse. Il a fait appel aux deux à la fois en déclarant : « Pour le renouveau, ça prend la continuité ». Visiblement, ça n'a pas marché…

L'EXPRESSION DE L'ANNÉE
Impossible n'est pas québécois
Lors d'un point de presse, en septembre, Philippe Couillard a rappelé que plusieurs étaient sceptiques lorsqu'il avait promis, en 2014, de créer 250 000 emplois en cinq ans. Or, il a soutenu ce jour-là que l'objectif était à portée de main : « Pour nous, impossible, ce n'est pas québécois, on va y arriver. » La formule originale, «impossible n'est pas français », est attribuée à Napoléon Bonaparte, dont l'ancien premier ministre est un passionné. Dans son livre, Alec Castonguay cite Philippe Couillard : « Il fut un temps où je collectionnais tous les livres de cette époque. C'est un personnage hors norme. »

LES AMPHIGOURIS (PHRASES EMBERLIFICOTÉES) DE L'ANNÉE
Finalement, gel ou pas gel?
Le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, a commis une phrase, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas limpide… Au sujet de la rémunération des médecins spécialistes, il a déclaré : « En ce moment, il n'y a pas de gel parce qu'on veut comprendre ce que sont les chiffres qu'il y aurait à geler, si gel il y avait ». Nous, on veut comprendre ce qu'il voulait dire…

Un pensez-y bien…
Mélanie Joly a perdu le portefeuille du Patrimoine et hérité de ceux du Tourisme et de la Francophonie. D'aucuns y ont vu une rétrogradation, car ce sont deux dossiers moins prioritaires. Mme Joly n'est pas d'accord. En langue « mélanienne », ça donne ceci : « Je pense que le tourisme, souvent, on peut penser que c'est un ministère qui en a pas la force économique qu'on peut penser, mais il ne faut pas le voir comme une arrière-pensée parce que j'arrive de la Gaspésie, 30 % de toute l'économie régionale est basée sur le tourisme. » Vous avez compris ? Et dire qu'elle défendra la Francophonie…

Suivez mon regard…
Jonathan Julien, le ministre des Ressources naturelles du gouvernement de la CAQ, a déclaré à propos du dossier du projet Apuiat sur la Côte-Nord : « Hydro-Québec, le gouvernement regardent toutes les options. Vous pouvez présumer de n'importe quelle qu'on regarde. » De n'importe quel côté qu'on la tourne, on a du mal à la comprendre cette phrase !

LE COUAC TOPONYMIQUE DE L’ANNÉE
Pour avoir un pont à son nom, Stéphanie Lavallée devra attendre
L'ancienne ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a été victime d'un cafouillage… toponymique. Un communiqué avait été envoyé au journal Le Droit, dans lequel le maire de la municipalité de Denholm, Gaétan Guindon, annonçait qu'un pont sur un chemin de la circonscription serait baptisé « pont Stéphanie-Vallée ». Quelques minutes plus tard, un second communiqué venait contredire le premier. On devait débaptiser le pont ! L'explication du maire avait quelque chose de comique : « On s'est fait rappeler à l'ordre puisque certaines règles doivent être respectées. La personne doit être décédée depuis au moins un an et Mme Vallée est toujours vivante. » L'histoire ne dit pas si le pont aurait eu droit d'être couvert, a soufflé un collègue, subtile référence au projet de loi sur la neutralité de l'État de Mme Vallée…

LA LANGUE DE BOIS DE L'ANNÉE
Subtil distinguo
Le journaliste Alexandre Robillard a enquêté sur des « bonis d'entrée » qui ont été versés à de nouveaux employés à Investissement Québec. Le PDG de l'organisme, Pierre Gabriel Côté, a admis que le mot se trouvait bien dans le rapport annuel, mais il a soutenu que c'était une « erreur sémantique ». Il aurait fallu écrire « entente de compensation pour perte d'avantages pré-emploi ». C'est beaucoup plus acceptable ainsi en effet...

LES LAPSUS ET LES PERRONISMES DE L'ANNÉE
Travailler sans labeur
L'ancien ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, a présenté un plan de lutte contre la pauvreté. Ce plan était attendu depuis longtemps. Alors qu'il semblait vouloir féliciter son équipe et ses fonctionnaires d'avoir travaillé sans relâche, il a commis un joli lapsus, soutenant que tous avaient « travaillé sans labeur ».

« Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée  » (Comédie en un acte d'Alfred de Musset)…
L'ancien leader parlementaire du gouvernement libéral, Jean-Marc Fournier, a annoncé qu'il ne solliciterait pas d'autre mandat. Ferme-t-il la porte à aller au privé ? « Je ne ferme aucune porte, parce que je n'en ai pas ouverte, je n'en ai pas fermée », a-t-il répondu.

Orson Welles, vous savez, le célèbre auteur de… 1984.
L'ancienne ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, voulait dénoncer la propension de la CAQ à vouloir interdire partout, même à l'intérieur des appartements en copropriété, la consommation de cannabis. Soutenant qu'une telle interdiction allait sans doute contre les chartes des droits et avait quelque chose de totalitaire, elle lança : « Je me sens dans Orson Welles ! » Elle voulait sans doute parler de George Orwell, l'auteur du célèbre roman dystopique 1984

Se retrousser… les cheveux
L'ancienne ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, nous a fait cadeau d'un beau petit perronisme. « Une fois qu'on a traversé la tempête, on continue, on se retrousse les cheveux ! », a-t-elle déclaré. Ce sont les manches qu'on se retrousse, non ?

Lapsus révélateur ?
Diane Lamarre, l'ancienne critique péquiste en matière de santé, en visant le ministre Barrette, a involontairement vanté la politique de la CAQ : « Le ministre a clairement échoué à mettre son pouvoir au service des patients [...]. Il a perdu le contrôle pendant que la CAQ, elle, veut prioriser la santé... euh... veut privatiser la santé. »

L'EXPRESSION QUÉBÉCOISE DE L'ANNÉE
Il va nous passer un sapin
Vous avez vu la vidéo de Noël de Jean-François Lisée ? On le voit qui va chercher un sapin. Puis il regarde la caméra et confie qu'il souhaite à tous la « sainte paix ». « Il faut se reposer, dit-il, car 2018 va être une année exigeante et éreintante sur le plan politique. » Quant au fameux sapin que le chef péquiste rapporte, certains, dans les rangs de ses adversaires, ont voulu y voir un symbole : « Le maudit, il peut aussi bien être en train de nous avertir qu'il va nous en passer un, de sapin ! », rigolait l'un d'entre eux en insistant sur le fait qu'il ne fallait pas sous-estimer le chef péquiste.

LE TWEET POLITIQUE DE L’ANNÉE
Nous sommes prêts… usuraires
Les révélations sur l'implication du président de la CAQ, Stéphane Le Bouyonnec, dans une  société offrant des prêts en ligne à des taux usuraires, avaient passablement terni l'image de la formation de François Legault. Le chef caquiste avait choisi de passer l'éponge sur l'« erreur » de son président de parti, mais l'affaire a resurgi dans la rhétorique électorale. Un exemple, ce tweet caustique d'un certain Pascal Roseau (@ roseau_qc) : « Le slogan de la CAQ en vue des prochaines élections : NOUS SOMMES PRÊTS... usuraires »

LESSARDERIES
Un autre pensez-y bien
En 2011, après que le ministre libéral Laurent Lessard, alors aux Affaires municipales, ait produit une déclaration particulièrement tortueuse, une journaliste l'avait relancé ainsi : « Si je résume en disant que vous réfléchissez, est-ce correct ? » Le ministre lui coupa la parole. Presque insulté, il rétorqua : « Non! On ne réfléchit pas ! » Cela avait bien fait rigoler les journalistes, même si le ministre avait ajouté : « On est en action. » C'est l'anecdote qui m'est revenue en tête lorsque M. Lessard, questionné sur son avenir politique, a lancé, blagueur : « Depuis le temps que je vous dis que je suis en réflexion, fallait bien que je commence à y penser ! »

LA PROPHÉTIE DE L’ANNÉE
Victoire appréhendée
« En 1998, puisque les Bleus et le PQ l'ont emporté (l'un la Coupe du monde, l'autre les élections), il en sera de même en 2018... Le PQ va gagner », a déclaré Jean-François Lisée le 21 juillet 2018 .

LA RÉFLEXION SAGE DE L'ANNÉE
Partir c'est mourir un peu…
« Quand des ponts, des boulevards, des autoroutes, des aéroports portent le nom de gens que vous avez côtoyés, avec qui vous avez discuté, que vous avez appréciés, bien il est probablement temps de partir », a déclaré l'ancien président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon.

Mots-clés : mots de l'année; 2018; province de Québec; Antoine Robitaille; Lionel Meney.