24 avril 2024

La Loi d'utilité des langues : Définition

 Loi définie par Lionel Meney dans un ouvrage intitulé Le naufrage du français, le triomphe de l’anglais, Enquête, Québec, Presses de l’Université Laval, 2024, p. 219. 

« Toute idéologie mise à part, il est une loi objective sur le marché des langues. Je l’appelle la “loi d’utilité des langues” et la formule de la manière suivante : “Plus une langue permet de communiquer avec plus de locuteurs dans plus de situations, plus cette langue est utile et plus il y a de chances qu’on l’utilise et qu’elle se répande.” Inversement, une langue qui permet de communiquer avec moins de personnes dans moins de situations a moins de chances de se développer et plus de risques de s’étioler et, finalement, d’être abandonnée. »

Mots-clés : linguistique, loi linguistique, loi d’utilité des langues.

Semaine de la francophonie : Avons-nous vraiment de quoi fêter?

Chaque année en mars, nous sommes censés fêter la Francophonie. Les médias, reprenant les chiffres de l’Organisation internationale de la Francophonie[1], publient des articles triomphalistes. Nous sommes 321 millions de francophones. À l’horizon 2065, on en comptera 767 millions. L’OIF représente 88 pays, 16% de la richesse mondiale. Le français est avec l’anglais la seule langue parlée et enseignée sur tous les continents, la deuxième langue apprise dans le monde... Chiffres faramineux, plus proches de la technique Potemkine que de la réalité, comme je le montre dans un livre[2].

Double concurrence de l’anglais

Derrière la façade, on découvre une langue française subissant les assauts de l’anglais, autant dans son lexique et sa grammaire que dans son utilisation. La langue d’Elon Musk pénètre de plus en plus notre grammaire et notre lexique. Elle y importe des milliers de mots, de sigles et d’acronymes anglo-saxons, modifie le sens de mots français, introduit des préfixes, des suffixes et des calques dans la grammaire, des images dans la phraséologie.

Si nous sommes sensibles aux emprunts de mots à la forme anglo-saxonne (booster, liker, tweeter...), nous le sommes moins aux emprunts de sens et de phraséologie. Les mots anglais agacent, irritent, insécurisent. Les emprunts de sens et d’images passent inaperçus. Pourtant, ils sont la conséquence du même phénomène : la pression de l’anglais sur le français.

La véritable menace

Il y a plus grave. L’importation d’anglicismes ne signifie pas forcément la mort annoncée de notre langue. L’anglais a emprunté beaucoup plus de mots français que le français ne l’a fait de mots anglais. Cela ne l’a pas empêché de se répandre sur toute la planète. La véritable menace pour notre langue réside dans sa perte d’utilité. Depuis quelques décennies, on ne compte plus les territoires perdus la langue française.

Cela se voit dans le visage de nos villes. Regardez le nom des commerces, le nombre de leurs enseignes en anglais, les affichages publicitaires, souvent uniquement en anglais, les publicités télévisées. Écoutez les chansons diffusées dans les commerces... L’anglais est partout. C’est comme si nos compatriotes n’avaient plus le désir de nommer en français les choses de la modernité. Dans leurs cerveaux, l’anglais occupe le rôle de « langue de superstrat », supplantant le français quand il s’agit de nommer toutes choses nouvelles - concepts, produits et services.

Les territoires perdus de la langue française

Certes, il n’y a jamais eu autant de francophones dans le monde, mais le français n’a jamais été aussi menacé. La force d’une langue se mesure non pas à la « pureté » de son vocabulaire, mais à l’aune de son utilité, et les territoires perdus du français sont nombreux, et dans des domaines cruciaux.

La diplomatie d’abord. Depuis le traité de Versailles, le français n’a cessé de perdre du terrain. Il a beau être langue officielle dans plusieurs organismes internationaux, il ne représente que 2 % des textes rédigés à l’ONU, 2 % de ceux rédigés au Secrétariat du Conseil de l’Union européenne. Il est menacé en Afrique par la concurrence des langues nationales et de l’anglais. Le Rwanda et le Burundi sont passés à l’anglais. Les putschs au Mali, au Burkina Faso et au Niger sont le signe avant-coureur d’un abandon de notre langue par ces pays. Or, si la Francophonie a un avenir, ce n’est pas dans nos sociétés vieillissantes, mais en Afrique.

Les sciences et les techniques ensuite. Dans ces domaines aussi le français a décroché. Au XIXe siècle, il faisait partie, avec l’anglais et l’allemand, des trois grandes langues scientifiques. Aujourd’hui, il ne représente plus qu’un infime pourcentage des publications. L’anglais en truste plus de 90 %. Pasteur, de nos jours, rédigerait ses papers et ferait ses prez en anglais. Sinon, il serait tout simplement hors course.

Le choc des législations

Le choc des législations aussi favorise l’expansion de l’anglais au détriment du français au niveau européen. Les lois et directives européennes s’opposent à celles que la France a adoptées (sans les faire respecter vraiment). Malgré les discours sur l’égalité des 24 langues officielles, le multilinguisme des institutions et le plurilinguisme des individus, l’anglais est devenu de facto la langue de l’UE. Il est choisi par la plupart des jeunes Européens comme première langue seconde ; le français est en concurrence défavorable avec l’allemand et l’espagnol dans le choix d’une troisième langue.

Sursaut nécessaire

Faut-il baisser les bras pour autant ? Certainement pas. Le français est un élément trop important de notre identité pour qu’on le laisse aller à vau l’eau, jusqu’au naufrage... La campagne des élections européennes devrait être l’occasion de débattre de la place des langues en France et dans l’UE, de prôner un véritable aménagement linguistique inspiré des modèles canadien et québécois. Vœu pieux ? Peut-être bien, quand on considère tous les autres défis auxquels sont confrontées notre « vieux pays ».

Mots-clés : semaine de la Francophonie, concurrence anglais-français, véritable menace, anglicisme, perte d’influence, territoires perdus de la langue française, choc des législations linguistiques françaises et européennes.



[1] La langue française dans le monde (2019-2022), site web de l’OIF.

[2] Lionel Meney, Le naufrage du français, le triomphe de l’anglais. Enquête, Québec, Presses de l’Université Laval, 2024.

Lionel Meney, Le naufrage du français, le triomphe de l’anglais : Présentation.

Un titre provocateur pour un objectif défini

Ce livre, je l’ai intitulé Le naufrage du français, le triomphe de l’anglais. Enquête. Un titre provocateur, qui répond à mon intention première, lorsque je me suis mis à l’écriture de cet ouvrage : pousser un cri d’alarme, sensibiliser le public aux menaces qui pèsent sur notre langue.

Trois points de vue

J’ai adopté 3 points de vue pour décrire l’état de notre langue (la pénétration de l’anglais dans le français) et sa situation (son utilisation comme moyen de communication) : 1) l’omniprésence de l’anglais dans l’environnement visuel et auditif des villes en France (Partie I : La partie visible de l’iceberg), 2) la concurrence de l’anglais dans le corpus (lexique et grammaire) du français (Partie II), 3) la concurrence de l’anglais dans le statut du français (son utilisation) (Partie III).

La concurrence sur le terrain et sur la Toile (Partie I : la partie visible de l’iceberg)

En France, 1) l’anglais est partout dans l’environnement visuel et auditif ; 2) les Français y ont systématiquement recours pour nommer leurs sociétés, leurs commerces, leurs produits, leurs services, leurs événements (grandes entreprises, p. 7-35, et petits commerces, p. 37-43) ; dans la tête des gens, l’anglais est la langue de superstrat; 3) même l’État, les administrations, les collectivités locales, les établissements d’enseignement sont touchés (p. 45-56) ; 3) Il ne semble pas y avoir de volonté d’abandonner cette pratique.

Descente dans les profondeurs du phénomène (Parties II et III)

La partie visible de l’iceberg n’est que le symptôme de quelque chose de plus grave. Si l’on descend dans les profondeurs, on découvre deux phénomènes plus inquiétants. L’anglais exerce une double pression sur le français : une pression non seulement sur le corpus de la langue, sur son état (l’invasion des anglicismes), mais aussi sur son statut, sur sa situation (sa perte d’influence dans le monde, mais aussi dans les sociétés francophones).

La concurrence de l’anglais dans le corpus du français (Partie II)

Cette pression sur le corpus se manifeste non seulement par l’importation de très nombreux mots anglais, (emprunts de mots, p. 59-85), mais aussi de très nombreux sens anglais (emprunts de sens, p 87-106). En général, on est très sensibilisé aux importations de mots anglais, qu’on essaie de combattre en créant des équivalents français, mais on l’est moins aux importations de sens anglais, plus difficilement détectables, les premiers ayant un « faciès » anglo-saxons, qui les « trahit » aisément, ce qui n’est pas le cas des mots « bien français ». Pourtant il s’agit du même phénomène de pression et de pénétration de l’anglais.

De plus, si l’on est sensibilisés aux interférences de l’anglais dans le domaine du lexique, on l’est moins dans celui de la grammaire (emprunts morphologiques, p. 106-128, et syntaxiques, p. 129-151). Pourtant ces interférences sont nombreuses et témoignent aussi de la pression exercée par l’anglais même sur la partie la plus stable de la langue.

Dans le chapitre consacré à la concurrence à l’œuvre dans le corpus du français (p. 153-176), je montre à quel point le tableau est contrasté entre des mots français, qui ont cédé la place à des mots anglais, et des mots français, qui ont supplanté des mots anglais. Il y a là un espoir, à condition de savoir former de bons néologismes.

Cette pénétration de l’anglais dans le système de la langue, son lexique et sa grammaire, a de quoi nous inquiéter. Cela nous agace, nous irrite, voire nous insécurise. On y voit une menace pour l’existence même de notre langue. Mais ce n’est pas le plus grave. Après tout, l’anglais, langue germanique, n’a conservé que 25% de mots germaniques et emprunté 28% de mots latins et 28% de mots français. Cela ne l’a pas empêché de connaître la fortune que l’on sait à l’époque moderne et contemporaine. A l’heure actuelle, le français général doit avoir importé (seulement) entre 10% et 12% de mots anglais.

Mais, de même que l’anglais est une langue hybride germano-romane, de même le français est engagé dans un processus d’hybridation romano-germanique. C’est pourquoi j’ai créé cette notion de New French pour désigner cette néo-langue naissante. En 1964, Étiemble avait popularisé le terme franglais. Soixante ans plus tard, l’anglicisation de notre langue a fait des progrès considérables, d’où ce choix, un peu provocateur, et dans l’air du temps, de New French.

Mais ce qu’il faut retenir, c’est que le développement d’une langue ne dépend pas de sa plus ou moins grande « pureté », mais des plus ou moins grandes possibilités de communication qu’elle offre, peu importe le matériau dont elle est faite. Or, dans ce domaine, on observe une érosion inquiétante des services offerts par notre langue.

La concurrence de l’anglais dans le domaine du statut du français (Partie III)

Nous vivons dans une sorte de quiétude, renforcée par les renseignements fournis par certaines organisations, dont l’Organisation internationale de le Francophonie (OIF). J’ai procédé à une analyse critique de ses chiffres, qui donnent une représentation fausse de la réalité.

Combien sommes-nous de francophones dans le monde ?

Nous serions 321 millions, selon l’OIF. J’ai étudié (p. 179-192) ses sources, ses définitions et ses méthodes de calcul pour montrer qu’elles ne sont pas crédibles. Si l’on comptabilise les francophones de l’hémisphère nord (France, Belgique, Suisse, Canada francophone), les seuls où le français est nécessaire dans la vie de tous les jours, les seuls qu’on peut comptabiliser sans trop d’incertitude, on obtient au maximum 84 millions de personnes. Il resterait à donc trouver 321 – 84 = 237 millions de francophones dans les autres parties du monde. Où ? En Afrique ?

L’Afrique francophone parle-t-elle français ?

L’avenir du français ne se joue pas en France, à Paris, ou au Canada, à Montréal. Il se joue en Afrique. Or, la description de la situation du français en Afrique faite par l’OIF est également trompeuse. En réalité, le français n’y est la langue usuelle que d’une très faible minorité. Il est menacé par la montée en puissance des langues nationales et de l’anglais, et par la multiplication des actions anti-françaises (putschs, etc.) (p. 190-192). La Francophonie africaine pourrait s’effondrer comme un château de cartes.

Les territoires perdus de la langue française[1] (1) (p. 193-204)

Le français dans les institutions internationales

Malgré son statut enviable de langue officielle dans nombre d’institutions internationales mondiales (ONU) ou européennes (UE), en réalité le français a très peu d’influence comparé à celle de l’anglais. À l’ONU, à New York, 84,86% des textes sont en anglais, 2,44% en français. De nombreux pays membres de l’OIF interviennent aux AG dans d’autres langues officielles que le français. Au Secrétariat général du conseil (SGC) européen, 92,46 % des textes sont rédigés en anglais, 2,07% en français. Au Parlement européen, 72,2% des textes sont rédigés en anglais, 11,9% en français. Certes, le français est bien la deuxième langue après l’anglais, mais loin, très loin derrière...

Les territoires perdus de la langue française (2) (p. 204-220).

Internet : Selon l’OIF, le français serait la quatrième langue sur Internet. Vérification faite le score du français y est moins glorieux (p. 205-206).

Le français, langue d’enseignement (p. 206-212) : En Europe et dans le monde, l’enseignement du français, langue seconde est en déclin, concurrencé par celui de l’anglais bien sûr, mais aussi de l’allemand et de l’espagnol.

Langue des publications scientifiques (p. 213-216) : au XIXe siècle, le français faisait partie, avec l’anglais et l’allemand, des trois grandes langues de la science. De nos jours, la part du français dans les publications scientifiques s’est effondrée. Alors que celle des publications en anglais dépasse les 90%, celle du français ne dépasse pas le 1%, sauf en sciences sociales et humaines où elle atteint 7%.

Le choc des législations[2] française et européenne (p. 221-234)

Dans le domaine des langues, deux facteurs interviennent : l’économie, qui favorise ou défavorise le développement d’une langue, et le droit, qui permet de contrer peu ou prou la puissance de l’économie.

Malheureusement, le droit en Europe joue contre le français (et toutes les autres langues, à part l’anglais). La philosophie libérale aux fondements de la construction européenne (libre circulation des biens et des personnes) interdit toute politique de protectionnisme linguistique. Le choc entre les philosophies et les législations est illustré par la loi Toubon (1994) d’un côté, le chapitre II du traité de Rome (1957) et des directives européennes subséquentes, d’un autre. La loi Toubon a été vidée d’une partie importante de son contenu. Par ailleurs, son application n’est pas vraiment surveillée. Ce qui explique, entre autres, les phénomènes de la partie visible de l’iceberg décrits dans la première partie du livre.

À titre d’exemple, je fais une étude comparée des informations fournies sur un tube dentifrice Colgate en France et au Québec (p. 230-231). Conclusion : les Québécois sont mieux servis que les Français dans ce cas-là.

Conclusions (p. 234-256)

Dans la conclusion, je reviens sur deux grandes lois dans le domaine des langues :

Loi du moindre effort ou Loi générale d’économie d’énergie : « La loi du moindre effort postule que les individus sont attirés par les options qui nécessitent le moins d'effort, qu'il soit mental, physique ou émotionnel. » Cette loi explique en partie le recours à des anglicismes.

Loi de l’utilité des langue : « Plus une langue permet de communiquer avec plus de locuteurs dans plus de situations de communication plus cette langue est utile et plus elle a de chances de se développer. » (LM). Cette loi explique la perte de compétitivité du français.

Je propose une quinzaine de mesures à prendre pour, sinon arrêter le processus d’anglicisation, du moins le freiner (p. 254-256). Ces propositions concernent surtout la France, l’Europe et l’Afrique. Le Québec pourra apporter son expertise et participer aux efforts de recherche. Mon plan s’articule autour des notions suivantes : sensibiliser, étudier, coopérer, légiférer, aménager. Sensibiliser par l’organisation d’États généraux de la langue ; étudier par le lancement de programmes d’études sociolinguistiques sur la concurrence de l’anglais dans les domaines du corpus et du statut du français ; coopérer en établissant une véritable défense de toutes les langues nationales en Europe ; légiférer en adoptant des lois nationales et des directives européennes définissant la place des langues en Europe ; aménager le paysage linguistique national et européen, aboutissement de toutes ces étapes.

Mots-clés : Lionel Meney, auteur, présentation, Le naufrage du français, le triomphe de l’anglais. Enquête, concurrence anglais-français, visage franglais des rues en France, corpus de la langue, anglicismes, statut de la langue, perte d’influence, territoires perdus de la langue française, choc des législations linguistiques françaises et européennes.



[1] Allusion au livre intitulé Les Territoires perdus de la République, Paris, Éditions Mille et une nuits, 2002.

[2] Allusion au livre de Samuel P. Huntington, Le choc des civilisations, Paris, Odile Jacob, 2017.

23 avril 2024

Vient de paraître : Lionel Meney, Le naufrage du français, le triomphe de l'anglais. Enquête, Québec, Presses de l'Université Laval, 2024.

 

Parution le 24 avril au Canada. Un livre d'actualité.
 
 
On observe depuis plusieurs décennies la réduction progressive du territoire du français, sa perte d’influence comme langue de la diplomatie, des sciences, des techniques, du commerce...
Le but de ce livre est de lancer un cri d’alarme: le français va mal, très mal.
Et de décrire en détail l’état des lieux véritable, la double pression exercée par l’anglais sur notre langue, non seulement sur son corpus (son lexique et sa grammaire), mais aussi et surtout sur son statut (son utilisation comme langue de communication).
Et d'avancer une série de propositions afin de freiner ce déclin engagé.
 
Mots-clés: nouvelle parution, sociolinguistique, langue française, concurrence, langue anglaise, anglicisme, corpus, statut, perte d'influence, France, Europe, Afrique, aménagement linguistique.

22 avril 2024

Encore un anglicisme dû à une mauvaise traduction

L’ouverture de la deuxième semaine du procès de Donald Trump a été l’occasion pour les agences de presse, pas trop regardantes sur la qualité du français, de faire passer un nouvel anglicisme. Nouvel anglicisme que les médias se sont empressé de diffuser, sans vérification aucune...

En effet, voici un exemple de ce qu’on pouvait lire dans la presse française :

« Le procureur Matthew Colangelo a déclaré, à l’ouverture des débats dans le premier procès pénal de Donald Trump à New York, que ce dernier avait “orchestré un complot criminel” pour corrompre l'élection présidentielle de 2016. » (CNews, 22-04-2024).

Le sentiment linguistique est tout de suite averti que quelque chose ne va pas dans cette phrase. L’expression « complot criminel » ne correspond à aucune notion juridique en français. De plus, elle comprend un pléonasme, puisque dans tout complot, il y a l’intention de nuire.

Le texte original anglais disait ceci :

 « Donald Trump orchestrated a criminal conspiracy to “corrupt” the 2016 presidential election, prosecutors claimed, as opening statements were heard in the former president’s “hush money” case. Matthew Colangelo, prosecuting, said Mr Trump had falsified business records to conceal payments to Stormy Daniels, an adult film star, and cover up an affair with her. »

En anglais, « a conspiracy is an agreement between two or more persons to commit a criminal offence, each intending to achieve that criminal object. » (Criminal Conspiracy: Issues and Complexity, 2023 CanLIIDocs 930).

En français, « constitue une association de malfaiteurs tout groupement formé ou entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d'un ou plusieurs crimes ou d'un ou plusieurs délits punis d'au moins cinq ans d'emprisonnement. » (article 450-1 du Code pénal français).

Si l’on fait un minimum de recherche, soit dans un dictionnaire bilingue, soit dans un dictionnaire de droit, on trouve immédiatement l’équivalent dans le système français : a criminal conspiracy est une association de malfaiteurs.

 Criminal conspiracy : association de malfaiteurs (Le Robert & Collins, Grand dictionnaire français-anglais / anglais-français, Paris, 2016).

Conspiracy : association de malfaiteurs (Jean Baleyte et al., Dictionnaire économique et juridique, Paris, LGDJ, 1992).

Si l’on a la curiosité de vérifier quelle serait la traduction automatique de ce texte par Google Translate, on a la surprise de constater qu’elle ressemble point par point à ce que nous fournissent les agences de presse...

« Donald Trump orchestrated a criminal conspiracy to “corrupt” the 2016 presidential election. »

Traduction Google Translate : 

 

« Donald Trump a orchestré un complot criminel pour corrompre l’élection présidentielle de 2016. »

 

 Traduction proposée :

 

« Donald Trump a ourdi une association de malfaiteurs pour “truquer” l’élection présidentielle de 2016. »

 

Mots-clés : traduction, anglais-français, calque, criminal conspiracy, complot criminel, association de malfaiteurs.

16 avril 2024

Échange avec chatGPT sur l’existence ou non d’un accent tonique en français.

 Moi : Bonjour. Est-ce qu'on doit se dire vous ou tu ?

ChatGPT : Bonjour ! En général, le choix entre "vous" et "tu" dépend du contexte et de la relation entre les personnes. "Vous" est plus formel et est utilisé lorsque vous parlez à quelqu'un que vous ne connaissez pas bien, à une personne en position d'autorité, ou dans des situations officielles. "Tu" est plus familier et est utilisé entre amis, membres de la famille, ou dans des contextes informels. En général, lorsque vous êtes en doute, commencer par "vous" est souvent une bonne idée, et vous pouvez passer à "tu" si l'autre personne le fait également.

Moi : Je voulais dire pour m'adresser à vous ou à tu.

ChatGPT : Ah, je comprends mieux maintenant ! Vous pouvez m'appeler "tu", pas de souci. N'hésitez pas à utiliser la forme qui vous convient le mieux !

Moi : Très bien. Je vais dire tu. J'aimerais que tu me dises s'il existe un accent en français.

ChatGPT : Oui, bien sûr ! En français, il existe différentes formes d'accents qui peuvent être utilisés pour modifier la prononciation des lettres. Voici quelques-uns des accents les plus courants :

  1. L'accent aigu (´) : Il est utilisé sur les lettres "é", "á", "é", "í", "ó", "ú" pour indiquer une élévation de la voix sur cette lettre.
  2. L'accent grave (`) : Il est utilisé sur les lettres "à", "è", "ù" pour indiquer une baisse de la voix.
  3. L'accent circonflexe (ˆ) : Il est utilisé sur les lettres "â", "ê", "î", "ô", "û" pour indiquer une modification historique de la prononciation ou pour distinguer des homophones.
  4. La cédille (¸) : Elle est placée sous la lettre "ç" et la transforme en un son "s" doux, comme dans "garçon".
  5. Le tréma (¨) : Il est placé sur une voyelle pour indiquer que celle-ci doit être prononcée séparément de la voyelle précédente, comme dans "naïf".

Ces accents peuvent également être utilisés dans d'autres langues, mais ils sont couramment associés à la langue française.

Moi : En fait je ne pensais pas aux accents de l'orthographe, [mais] à la prononciation.

ChatGPT : Je vois, vous voulez probablement parler des différents accents régionaux ou sociaux dans la langue parlée. En effet, en français, il existe une grande variété d'accents, qui peuvent varier considérablement en fonction de la région géographique ou du milieu social des locuteurs. Par exemple, l'accent québécois est très différent de l'accent parisien, et même à l'intérieur de la France, il existe une grande diversité d'accents régionaux, comme l'accent du sud de la France ou de la Bretagne. Ces accents peuvent influencer la prononciation des mots, la mélodie de la langue, voire même le choix de certains mots ou expressions. Ils font partie intégrante de la richesse linguistique du français et contribuent à sa diversité culturelle.

Moi : Je vois que vous me dites vous. Donc je reviens aussi au vous. En fait je voulais parler d'un accent tonique. Est-ce qu'il y a un accent tonique en français ?

ChatGPT : Bien sûr, pas de souci, revenons au "vous" !

En français, contrairement à certaines langues comme l'espagnol ou l'italien, il n'y a pas vraiment d'accent tonique au sens où une syllabe serait prononcée avec une intensité particulière par rapport aux autres. La prosodie du français repose plutôt sur des variations de ton, d'intensité et de durée des syllabes pour exprimer l'accentuation et l'intonation.

Cependant, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'accentuation du tout. En effet, dans les phrases, certaines syllabes peuvent être légèrement plus accentuées que d'autres pour des raisons d'articulation ou d'importance dans le contexte. Cependant, cette accentuation est généralement moins marquée que dans d'autres langues où l'accent tonique joue un rôle plus important dans la compréhension de la parole.

Moi : Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. Si on prend un mot de 4 syllabes comme définitif, on n'entendra jamais un francophone dire 'définitif avec l'accent sur la première syllabe, ni dé'finitif, avec l'accent sur la deuxième syllabe, ni encore défi'nitif, avec l'accent sur la troisième syllabe. Tout francophone, quelque que soit son pays, son "accent régional" ou "social", prononce plus nettement la quatrième et dernière syllabe du mot, soit défini'tif. Comment appeler ce phénomène ?

ChatGPT : Vous avez raison de souligner ce point, et je m'excuse pour l'imprécision de ma réponse précédente. Le phénomène que vous décrivez est appelé l'accent tonique en français. Dans de nombreux mots polysyllabiques, une syllabe est prononcée avec une intensité plus grande que les autres. Dans votre exemple, la dernière syllabe "tif" de "défini-tif" est effectivement accentuée.

L'accent tonique en français n'est pas aussi marqué que dans certaines autres langues, mais il est tout de même présent et contribue à la musicalité de la langue. Merci de m'avoir rappelé ce point, et n'hésitez pas à me corriger si nécessaire !

Moi : Merci de cet échange chatGPT

ChatGPT : Je vous en prie ! Si vous avez d'autres questions ou avez besoin d'aide, n'hésitez pas à me demander. Je suis là pour vous aider !

Mots-clés: chatGPT, conversation, langue française, existence d'un accent tonique.

30 octobre 2023

Doit-on dire « vraie mayonnaise » ou « mayonnaise véritable » ?

La traduction est souvent une question de subtiles nuances. Sur les emballages et les étiquettes bilingues de nombreux produits alimentaires, on observe souvent, dans la version française, un calque sémantique de l’anglais.

Ainsi, le terme anglais real est souvent traduit par vrai. C’est le cas pour la mayonnaise de la marque Hellmann’s. Sur l’étiquette, on lit real mayonnaise / vraie mayonnaise. C’est aussi le cas de biscuits de la marque Leclerc. Sur la boîte, on lit made with real maple syrup. Le traducteur a bien senti que fait avec du vrai sirop d’érable était peu idiomatique, voire ambigu. Il s’est tiré d’affaire en traduisant par fait avec du sirop d’érable, du vrai. Pas mal. Belle pirouette.

Mais ce faisant, il ignorait l’existence de l’équivalent exact de l’anglais real dans ce contexte : il s’agit de l’adjectif véritable. En effet, real signifie genuine, not artificial, counterfeit, or fake: real leather (Wiktionary) et véritable, dont l'origine et la nature sont bien établies : poivre véritable (Trésor de la langue française). 

La bonne traduction de real mayonnaise est donc mayonnaise véritable, de real maple syrup, sirop d’érable véritable et de real leather, cuir véritable (on le voit sur les paires de chaussures).

Mots-clés : français québécois, traduction, anglais-français, calque de sens, real, vrai, véritable.