Mots-clés : politiquement correct; linguistico-politiquement correct; polémique; nègre; Dany Laferrière.
29 octobre 2020
A propos du mot "nègre", l'opinion de l'écrivain Dany Laferrière.
28 octobre 2020
Mort d'Alain Rey
Mots-clés: Alain Rey; lexicographie; dictionnaire; Le Robert.
22 octobre 2020
Une nouvelle mesure de superficie : terrain de football...
« Disneyland Paris se dote d’une centrale solaire grande comme 24 terrains de foot ». Qui n'a pas lu dans la presse ce genre de comparaison ? Ce faisant, leurs auteurs ont certainement l'intention d'utiliser une image parlante. Plus parlante que les bons vieux « mètres carrés » ou encore les « hectares » ? C'est à voir.
Franchement, qui a une idée précise de ce que représente un terrain de football en superficie ? Si l'on va sur Wikipédia, on apprend que la superficie d'un terrain de football peut varier entre 4050 m2 et 10800 m2...
Ce qui veut dire que la superficie de la centrale solaire de Disneyland Paris se situe quelque part entre 97200 m2 et 259200 m2. Pas mal comme précision !
Mots-clés : journalisme; image ; comparaison ; unité de superficie; terrain de football.
26 septembre 2020
Ecriture inclusive ou Ecriture excluante?
Sur ce sujet, une tribune de linguistes francophones parue dans Marianne :
Mots-clés : écriture épicène; écriture inclusive; critiques; linguistes francophones; magazine Marianne.
22 septembre 2020
Bélarus : un toponyme problématique. Le ou La Bélarus?
La fraude électorale organisée par le dictateur Loukachenko en 2020 et l’admirable résistance opposée par les Biélorusses ont attiré l’attention du monde sur ce petit pays d’Europe de l’Est dénommé Biélorussie ou Bélarus.
Le terme Biélorussie est la désignation courante en français, et la désignation officielle retenue par les organismes linguistiques francophones. Le terme Bélarus, composante du syntagme République de Bélarus, (et non République du Bélarus comme l'indique le Grand Dictionnaire terminologique de l'Office québécois de la langue française), est celle que les autorités du pays exigent dans leurs échanges internationaux. Une des raisons de l’insistance des autorités de ce pays à faire employer Bélarus plutôt que Biélorussie est compréhensible : Il s’agit de la présence du mot Russie dans Biélorussie, difficilement acceptable pour un pays fraîchement (plus ou moins) indépendant.
Rus’ (Русь), Rus’kaja Zemlja (Руськая Земля)
Au contraire, dans Bélarus, vous avez Rus (en langues slaves de l’Est : Rus', Русь), terme ancien qui désignait le territoire ancestral des Russes, des Ukrainiens et des Biélorusses avant la division des Slaves de l’Est en trois nations distinctes. Ce territoire couvrait les régions de Minsk à l’Ouest (Biélorussie actuelle), celles de Kiev et du nord de l’Ukraine au Sud, de Smolensk, Novgorod, Vladimir et Mourom au Nord et à l’Est (aujourd’hui en Russie).
A l’origine, le terme Rus' ou Rous’ (Pѹсь) vient du grec οἱ ̔Ρῶς. Il désignait les « Ros » (en russe росы), c’est-à-dire les membres de l’élite scandinave (les Varègues, en russe Варяги) qui, à la suite du chef de guerre Riourik (IXe siècle), avaient pris le pouvoir dans le pays, avant de s’étendre à l’ensemble des populations de ces territoires. Dans les trois langues slaves de l’Est, ce mot à de fortes connotations affectives, nationales, voire nationalistes. Beaucoup veulent se l’approprier. D’autant plus qu’il y a une ambiguïté dans les termes. Le terme « terre des Ros » (Rus’kaja Zemlja, Руськая Земля) est très semblable au terme « terre des Russes » (Russkaja Zemlja, Русская Земля).
Russie (Rossija, en russe Россия)
Les Grecs désignaient sous le nom de Ῥωσία, le pays des Ros (en russe страна росов, Русь), d’où Rossija (Россия), le pays des Russes, la Russie.
Grande Russie (Velikorossija, en russe Великороссия) et Petite Russie (Malorossija, en russe Малороссия)
Quand, à la fin du Xe siècle, Vladimir, prince de
Kiev, se convertit au christianisme, la chancellerie du patriarcat de
Constantinople, dont dépendait le territoire de la Rus’, prit l’habitude
de distinguer deux régions : Μεγάλη `Ρωσσία , la Grande Russie
(en russe Великая Россия, Великороссия) et Μικρὰ `Ρωσσία, la Petite Russie,
(en russe Малая Россия,
Малороссия). Le Grande
Russie correspondait à la Russie proprement dite de l’époque, la Petite
Russie, à l’Ukraine de l’époque, c'est-à-dire bien avant la conquête des territoires du Sud et de l'Est.
Biélorussie, Bélarus (Belarus’, en russe Беларусь, Belaja Rus’, en russe Белая Русь), Belorussija (en russe Белоруссия)
Si l’origine des toponymes Grande Russie
et Petite Russie est connue, celle de Russie blanche (B'elarus') est controversée. Dans ce mot, on reconnaît sans peine l’élément -rus' (-русь), mais on s’interroge sur
l’origine et le sens de b'ela- (бела-). L’adjectif signifie « blanc »
dans les langues slaves de l’Est. Autrefois, sur les cartes dessinées en Europe
occidentale, la région était appelée en latin Alba Russia (Russie blanche). D’autres
régions slaves de l’Est, en dehors de la Grande et de la Petite Russie, ont aussi
porté des noms de couleur comme la Rus’ rouge (Червонная ou Красная Русь, partie occidentale de
l’Ukraine) et la Rus’ noire (Чёрная Русь, partie nord de la Biélorussie). Pour certains, traçant un
parallèle avec la symbolique des couleurs chez les Tataro-Mongols, le noir
désignerait la partie nord, le rouge la partie sud et le blanc, la partie ouest
de la Rus’, d'où la désignation Russie blanche.
Pour ajouter à la complexité de la question, à l’époque soviétique a été créé le toponyme B’elorussija (en russe Белоруссия). Vous avez donc un pays et trois désignations : Беларусь (officielle dans le pays), Белоруссия (officielle en Russie), Biélorussie (officielle en France).
Les difficultés présentées par Bélarus en français
Le toponyme Bélarus présente deux types de difficultés en français : les unes d’ordre orthographique; une autre, grammatical.
La transcription phonétique de Беларусь est B’elarus’. L’apostrophe marque la mouillure des consonnes b et s. Ces deux marques, importantes en langues slaves, ont disparu dans la forme orthographique française Bélarus. Le graphème u représente le son écrit ou en français. L’orthographe Biélarous serait donc plus proche de la prononciation véritable que Bélarus.
Le terme Беларусь est féminin comme l’indique la
désinence du mot русь (troisième déclinaison féminine) et l’accord au féminin de
l’adjectif (бела). D'ailleurs les autorités du pays préconisent la formulation République de Bélarus, ce qui montre bien que, pour elles, le nom doit rester féminin en français comme en biélorusse. Ne dit-on pas République d'Autriche, de Bolivie et même de Biélorussie?
On devrait donc dire non pas le Bélarus, mais la
Biélarous… la République de Biélarous... Cela dit, sans espoir de changement, bien sûr… La Bélarus serait déjà un progrès significatif...
Mots-clés : français ; transcription ; orthographe ; genre ; toponyme ; Беларусь ; Bélarus ; Biélorussie ; Grande Russie ; Petite Russie ; Russie blanche.
17 septembre 2020
Comment traduire "all-dressed pizza"?
C'est une pizza qui passe pour une spécialité montréalaise. Familièrement beaucoup l'appellent pizza all-dress. Le Grand Dictionnaire terminologique de l'Office de la langue française (2003) condamne justement pizza all-dress et pizza all-dressed. Cependant l'équivalent qu'il propose - pizza garnie - n'est pas très heureux. Y aurait-il des pizzas dégarnies? Ce n'est guère mieux qu'une autre traduction (littérale) fréquente, pizza toute garnie...
En fait trois possibilités d'équivalents français se présentent.
Si l'on veut insister sur le fait que cette pizza réunit tous les éléments (tout le choix de garnitures : ail, oignon, tomate, poivron vert, champignon, pepperoni, mozarella) proposés pour la fabrication de ce genre de produit, on dira une pizza complète, une complète. Cette désignation est courante en français. On la trouve, par exemple, pour un type de crêpes (oeuf, jambon et gruyère). Complète apparaît comme la meilleure traduction de all-dressed.
Si l'on veut insister sur une des particularités de sa composition, qui fait aussi son originalité, on dira une pizza au pepperoni.
Enfin, si l'on estime que ce type de pizza est vraiment une spécialité typiquement montréalaise, pourquoi ne pas l'appeler tout simplement une montréalaise? Cette désignation viendrait s'ajouter à d'autres du même type comme une napolitaine, une romaine, une sicilienne et une hawaïenne.
Mots-clés : anglais-français; traduction; calque; Grand Dictionnaire terminologique; Office québécois de la langue française; all-dressed pizza; pizza all-dress; pizza all-dressed; pizza toute garnie; pizza garnie; pizza au pepperoni; pizza complète; une complète; une montréalaise.
09 septembre 2020
Doit-on dire : nommer, nominer ou proposer quelqu'un à un prix, à une distinction ?
Lu aujourd’hui dans la presse française cette nouvelle :
« Le très controversé président américain Donald Trump a été nommé au prix Nobel de la Paix 2021 ». (Yahoo Actualités, 9 septembre 2020).
« La nouvelle a surpris tout le monde : le président américain Donald Trump a été nominé pour le Prix Nobel de la Paix 2021 ». (La Dépêche du Midi, 9 septembre 2020).
« La candidature de Donald Trump proposée pour le Prix Nobel de la paix 2021 ». (Ouest France, 9 septembre 2020).
« Prix Nobel de la paix 2021 : Donald Trump proposé par un élu norvégien ». (Le Parisien, 9septembre 2020).
Une nouvelle, quatre médias, trois formulations. Laquelle est la meilleure ? Les deux premières sont fautives. « Nominer » est un barbarisme, c’est-à-dire un mot ou une forme qui n’appartient pas à la langue. En fait c’est un calque morphologique de l’anglais « to nominate ». « Nommer », dans ce contexte, est un anglicisme de sens, c’est-à-dire un sens anglais attribué à un mot français. En revanche les deux derniers exemples emploient le bon terme et la bonne forme.
Le tableau qui suit montre clairement d’où vient la difficulté dans le passage de l’anglais au français. Elle tient à la polysémie de to name et de to nominate. En fait ces verbes anglais ont deux sens. Ils ne font pas une distinction que nous faisons en français. Pour nous francophones, il y a une différence très nette entre proposer/présenter la candidature de quelqu’un à un poste et nommer quelqu’un à un poste. Ce sont deux étapes différentes.
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to name |
1. nommer quelqu’un à un poste, etc. |
He was named as chairman. |
Il a été nommé président. |
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|
2. présenter quelqu’un pour un poste, etc. |
He was named for the chairmanship. |
Il a été présenté pour la présidence. |
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to nominate |
1. nommer quelqu’un à un poste, etc. |
He was nominated chairman. |
Il a été nommé président. |
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|
2. proposer la candidature de quelqu’un à un poste, etc. |
He was nominated for the presidency |
Il a été proposé comme candidat à la présidence. |
On dira correctement : proposer quelqu’un pour un poste, une distinction, etc. ; proposer quelqu’un comme candidat à un poste, à une distinction, etc.
La nouvelle de la candidature de Donald Trump au prix Nobel de la paix aurait dû être formulée de la manière suivante :
Donald Trump a été proposé pour le prix Nobel de la paix.
Donald Trump a été proposé/présenté comme candidat au prix Nobel de la paix.
La candidature de Donald Trump a été proposée pour le prix Nobel de la paix.
De même, à la cérémonie des César du cinéma français, on ne devrait pas dire : Ont été nommés… ou Ont été nominés…, mais : Ont été proposés/sélectionnés… Et a été choisi/élu/le lauréat est…
Mots-clés : français ; traduction ; to nominate ; nommer ; anglicisme de sens ; nominer ; barbarisme ; proposer, présenter ; cérémonie des César du cinéma français.