L'intégration de mots d'origine étrangère provenant de
langues n'utilisant pas l'alphabet latin pose des problèmes à une langue comme
le français. C'est le cas du russe qui combine un alphabet différent
(cyrillique), un accent tonique modifiant la prononciation de certaines
voyelles dans certaines conditions et une morphosyntaxe nominale à
déclinaisons. C'est pourquoi le français a choisi, à de rares exceptions près,
comme barzoï, koulibiac et sterlet
(dans les périodes plus anciennes), d'intégrer les mots russes sur la base de
leur orthographe d'origine transcrite, selon certaines règles, en caractères
latins (1). À de rares exceptions près (2), il a importé les mots dans leur
forme du nominatif singulier. Cela ne va pas sans de nombreuses variations et incohérences,
d'autant plus que les usages de transcription du russe au français ont changé
dans le temps et que certains mots russes ont été empruntés par l'intermédiaire
d'une autre langue (3). Cela se reflète dans les dictionnaires contemporains
comme le montre l'exemple que je vais analyser, celui du Petit Robert (4), avec des références au
Petit Larousse illustré (5).
1. Nomenclature
Lorsqu'on
interroge la version numérique du PR
sur les termes (mots et acceptions) d'origine russe qu'il contient, on obtient
une liste de 100 mots (6). Ce qui est peu. En fait, dans ce dictionnaire, il y
en a plus. Certains mots échappent à cette recherche, n'étant pas désignés
explicitement dans le champ « Étymologie » comme provenant du russe.
C'est le cas de bérézina (du nom
d'une défaite napoléonienne), kalachnikov
(du nom d'un ingénieur), léniniste, léninisme, liquidateur (d'un accident nucléaire), stakhanoviste (du nom d'un mineur de fond), stakhanovisme, stalinien,
stalinisme, déstalinisation, trotskiste,
trotskisme (7). Personnellement,
j'ai recensé jusqu'à 235 termes d'origine russe dans la presse française (8)
avec des fréquences très variées allant d'une seule occurrence (grand-russien) (9) à 1 995 559
(russe).
La
présence de certains termes dans la nomenclature du PR est critiquable. Ce
sont, par exemple, des mots dérivés d'ethnonymes vieillis comme tatar (forme ancienne de tartare) ou tchérémisse (10). Pourquoi
ces choix alors qu'il y en aurait bien d'autres désignant des peuples de la
Fédération de Russie, comme tchétchène
(чечен(ец), чеченский) (11), qui auraient au moins
autant mérité de figurer dans le dictionnaire ? Tsigane est présenté comme provenant de l'allemand Zigeuner (c'est phonétiquement peu
crédible) ou du hongrois czigany (en
fait cigány [ʦi.ɡaːɲ],
qui aurait plutôt donné tsigagne),
mais les premières attestations en français indiquent que le mot provient
plutôt du russe tsygan (цыган) (12).
On
peut aussi s'interroger sur la présence de termes désignant des réalités
archaïques comme tchervonets
(ancienne unité de monnaie), télègue
(chariot) ou touloupe (sorte de
manteau en peau retournée). Si l'on s'en tient aux seuls moyens de transport
anciens, on aurait pu aussi bien retenir briska,
kibitka ou tarantass… Сertes, ces termes se trouvent dans la littérature russe
(assez mal traduite) du XIXe siècle et ont participé à la création
d'une Russie exotique, mais est-ce une raison suffisante pour les conserver de
nos jours ?
On
peut en revanche regretter l'absence de termes importants comme vieux-croyant (calque de старовер(ец)) (13), occidentaliste
(14) et occidentalisme (calques
de западник et de западничество) - alors que slavophile (славянофил)
est présent - ou de mots plus récents comme pavlovien
(15) ou contemporains comme kompromat (« matériel, document
compromettant »).
N'ont
pas non plus droit de cité des syntagmes figés entrés dans la langue comme maladie
infantile du (communisme, etc.), d'après
le livre de Lénine Детская болезнь « левизны », idiot utile (полезный идиот, expression
attribuée à Lénine, mais non documentée), compagnon de route (спутник), notre
maison commune (наш общий дом, expression popularisée
par Mikhaïl Gorbatchev), monde russe
(русский мир, concept
ancien repris ces dernières années par Vladimir Poutine et le patriarche
Cyrille).
2. Domaines
couverts par les emprunts russes
Les emprunts russes sont le reflet de certaines spécificités
de la Russie dans des domaines variés (16).
- Géographie : cosmos
(russisme sémantique, dans le sens d'« espace extra-terrestre »), liman, merzlota, perspective
(russisme sémantique, dans le sens de « grande avenue rectiligne »), podzol, raspoutitsa, steppe, taïga, tchernoziom, toundra.
- Zoologie : barzoï,
bélouga, kolinski, mammouth, ociètre, pоlatouche (17), saïga, sévruga, sterlet.
- Ethnonymes : biélorusse, Popov, russe, samoyède, tatar, tchérémisse, ukrainien.
- Habitation : datcha,
isba, yourte.
- Habillement : chapka,
touloupe.
- Objets divers : balalaïka,
knout, matriochka, samovar, télègue, troïka.
- Gastronomie : blinis,
bortch, kacha, koulibiac, kvas, malossol, pirojki, vodka.
- Unité de mesure : verste.
- Unités monétaires : kopeck,
rouble, tchervonets.
- Religion : icône,
iconostase, pope, starets, uniate.
- Régime politique, organisation sociale et idéologies de
l'époque tsariste : artel, boyard, cosaque, défaitisme (18), douma, intelligentsia, mir, moujik, nihilisme, nihiliste, oukase, pogrom, slavophile, tsarévitch.
- Régime politique, organisation sociale et idéologie de
l'époque soviétique : agit-prop, apparatchik, bolchevik, bolcheviste, bolchevisme, combinat, glasnost, Gosplan, goulag, hooligan, kolkhoze, komsomol, koulak, marxologue, menchevik, nomenklatura, nomenklaturiste, perestroïka, personnalité
(russisme sémantique, dans l'expression « culte de la
personnalité »), plénum, præsidium, refuznik, révisionnisme, révisionniste,
samizdat, soviet, soviétique, sovkhoze.
- Syntagmes
figés liés à la période soviétique : compagnon
de route; culte de la personnalité;
réalisme socialiste.
- Mots dérivés de noms de personnes (politique) (19), brejnévien; eltsinien; gorbatchévien; khrouchtchévien; léninisme; léniniste;
marxologue; poutinien; stakhanovisme; stakhanoviste; stal; stalinien;
stalinisme; trotskisme; trotskiste.
- Mots dérivés de noms de personnes (littérature) : dostoïevskien; gogolien ; pouchkinien;
soljénitsynien; tchékhovien;
tolstoïen; tourguenévien.
- Sciences et techniques : cosmodrome; cosmonaute (20),
jarovisation;
kalachnikov; liquidateur; mazout; pavlovien; printanisation; réflexe
(conditionné/conditionnel) (21); spoutnik; tokamak; vernalisation
(calque du russe).
La part du lion
revient aux termes des domaines sociaux, idéologiques et politiques des deux
périodes antagonistes de l'histoire de la Russie, le régime tsariste et le
régime soviétique. La part des termes négatifs est importante : knout, oukase, pogrom pour le régime tsariste, apparatchik, goulag, nomenklatura, kompromat pour le régime communiste. On remarque aussi le faible poids des emprunts scientifiques
et techniques.
3. Types de
russismes
Les russismes
relèvent de plusieurs catégories : emprunts de mots, emprunts de sens, calques,
emprunts d'image, à quoi il faut ajouter tous les mots composés ou dérivés à
partir de mots russes.
3.1 Emprunts de mots
:
- Emprunts de
noms communs comme babouchka; blini;
bolchevik; chapka; datcha; glasnost; goulag; isba; matriochka; moujik; niet;
pérestroïka; pogrom; samovar; soviet; spoutnik; vodka; etc.
- Emprunts de
noms propres comme bérézina; kalachnikov.
- Emprunts
d'ethnonymes comme ingouche; kalmouk;
mordve; ossète; tchétchène; tchouvache.
3.2 Emprunts de
sens comme dans compagnon de route
(calque de спутник, en politique); cosmos (космос, dans le sens d'« espace extra-terrestre »); liquidateur (ликвидатор, d'un accident nucléaire).
3.3
Calques de forme comme décembriste (d'après декабрист); occidentaliste (d'après западник); slavophile (славянофил); cosmodrome (космодром); printanisation (яровизация);
vernalisation (яровизация); grand-russien (великоруссы, великороссы);
petit-russien (малороссы); biélorussien
(белорусы); vieux-croyant
(старовер(ец)).
3.4 Mots
composés ou dérivés à partir de mots russes :
mazout (mazouter, mazoutage,
démazouter, démazoutage); podzol
(podzolique, podzolisation, podzoliser); russe
(russification, russifier, russiser,
russophile, russophobe, russophobie, russophone); steppe (steppique).
- en
particulier mots dérivés à partir de noms de personnes dans les domaines
littéraire : Dostoïevski (dostoïevskien); Tolstoï (tolstoïen);
politique : Lénine (léninisme, léniniste); Staline (stalinien, stalinisme, déstaliniser, déstalinisation) et, plus
rarement, scientifique Pavlov (pavlovien).
3.5 Emprunts d'expressions imagées : communisme de guerre (военный
коммунизм); idiot utile (полезный идиот, attribué à Lénine, mais
non documenté); maison commune (общий дом, expression de Mikhaïl Gorbatchev); monde russe (русский мир, expression
ancienne reprise par Vladimir Poutine); nouveau
russe (новый
русский, jeu de mot possible à partir de l'assonance en français nouveau riche / nouveau Russe); réflexe
pavlovien (au sens figuré); village
Potemkine (Потёмкинские деревни).
4. Mots russes et mots migrateurs
Les mots empruntés par le français au
russe ne sont pas tous venus en droite ligne de cette langue. Les mots
voyagent. Le russe a été souvent l'intermédiaire entre le français et, en
particulier, mais pas seulement, une autre langue parlée sur le territoire de
l'ancien Empire russe ou de l'Union soviétique. L'origine des russismes se
répartit de la manière suivante :
4.1 Mots d'origine slave :
- Doublets d'origine vieux-slave
comme glasnost (de glasny - doublet vieux-slave glas / russe golos).
- Mots d'origine russe (avec ascendance vieux-slave) comme bolchevik (de больше = plus; les majoritaires, les majos (au 2e
congrès du Parti social-démocrate de Russie); menchevik (de меньше = moins;
les minoritaires, les minos); borchtch;
datcha (du verbe dat' = donner); kacha; kremlin (kreml', кремль; au moyen-âge, partie fortifiée d'une villе; le
kremlin d'Astrakhan, de Moscou, de Pskov, etc.); kvas; matriochka; merzlota (de miorznout' = geler); mir;
moujik (radical mouj + suffixe diminutif –ik;
littéralement « petit homme »); oukase;
perestroïka (littéralement
« reconstruction »); pirojki;
podzol (littéralement « qui
ressemble à de la cendre »); pogrom;
raskol (scission, schisme); raspoutitsa; rouble; samovar
(littéralement « auto-bouilloire »); soviet (conseil); spoutnik
(compagnon de route); starets; steppe; staroste (староста); tchernoziom (littéralement « terre
noire »); troïka (le
chiffre 3, un groupe de 3); ukrainien (vieux-russe
оукраина, lisière, limite,
frontière); verste; vodka; zakouski.
- dont des abréviations comme zek de з/к, abréviation de
заключённый каналоармеец.
- dont des mots-valises comme kolkhoze (кол(лективное) хоз(яйство)); sovkhoze (сов(етское) хоз(яйство)); samizdat
(littéralement « édition par soi-même », « autoédition »,
sur le modèle de gosizdat (гос(ударственное) издат(ельство)), « édition d'État »).
- dont des acronymes comme komsomol (ком(мунистический) со(юз) мол(одёжи)); tokamak (то(роидальная) ка(мера с) ма(гнитными) к(атушками)).
4.2 Mots issus du grec ancien ou formés sur la base de cette
langue comme сosmodrome; cosmonaute (grec + latin); dekabriste (de декабрь - dekabr' – décembre -, du grec ancien
par le vieux-slave avec dénasalisation); icône;
iconostase; tsigane (grec ancien τσίγγανος).
4.3 Mots d'origine latine comme apparatchik (par l'allemand apparat
- latin apparatus - + suffixe russe tchik); intelligentsia (latin intelligentia);
nomenklatura; plénum; présidium; uniate (latin ecclésiastique unio).
4.4 Langues
caucasiennes comme ingouche (ингуш, peut-être
du village caucasien d'Angoucht); ossète (осетин, du géorgien); tchétchène
(чечен,
peut-être du village caucasien de Tchétchène-aoul).
4.5 Langues finno-ougriennes comme oudmourte (удмурт, ancien nom Votiak); toundra.
4.6 Langues mongoles
: bouriate (бурят).
4.7 Langues
paléosibériennes : tchouktche (чукча).
4.8 Langues sames
comme nenets (ненец), samoyède
(ancien nom des Nenets; une étymologie populaire prétend que le
mot vient du russe samo – soi-même -
+ ed – manger, autrement dit
cannibale… en réalité le mot russe самоед vient
de la langue same samè-ednè (самэ-еднэ), qui signifie « terre des
Sames »).
4.9 Langues turques comme kalmouk (калмык), liman (du turc, qui
l'a emprunté au grec); mazout (du
turc, qui l'a emprunté à l'arabe); sévruga;
taïga; tatar (татар), tchérémisse (черемиc, ancien nom des Maris), tchouvache
(чуваш), toungouse (тунгус, ancien
nom des Evenks), yakoute (якут), yourte.
5.
Transcription des mots russes
Dans un ouvrage
destiné à tous les publics, il n'est pas question d'utiliser la
translittération scientifique. Il faut seulement fournir au lecteur la possibilité
d'avoir une idée de la forme russe d'origine dans un système
phonético-orthographique qui lui soit familier et compréhensible. C'est
pourquoi les dictionnaires usuels utilisent une transcription (22). Malheureusement
les transcriptions du PR (23) ne sont pas toujours rigoureuses ni uniformes
comme le montre le relevé qui suit :
- Consonne
mouillée (palatalisée). En translittération scientifique, la mouillure
(palatalisation) est marquée par le signe ' (ь en russe). En transcription, il
est possible de ne pas la marquer. Dans le PR, on relève des cas où elle est
notée comme dans gromit' (громить, article pogrom) et d'autres où elle ne l'est pas, comme dans oukazat (указать, article oukase), varit (варить, article samovar), malossolnyi (малосольный, article malossol). Il conviendrait d'uniformiser en l'indiquant dans tous
les cas.
- Finale des
adjectifs. La finale des adjectifs masculins durs au nominatif singulier (-ый en russe) est notée tantôt –yï, tantôt –yi ou encore –y.
Exemples : gossoudarstviennyï
(государственный, article
goulag), malossolnyi
(малосольный, article malossol), biely (белый, article biélorusse), glasny (гласный, article glasnost). Là aussi il conviendrait d'uniformiser.
- Rouble. Le mot est
transcrit bizarrement ruble, alors
qu'on attend roubl ou, de préférence,
roubl' (рубль, rubl' en
translittération scientifique).
- Yourte. Sous yourte, on lit « du russe jorta ». Selon le même système de
transcription, il faudrait lire « iourta »
(юрта en russe, jurta en translittération scientifique).
6. Usage et Orthographe
On ne sait pas
sur quelle(s) base(s) le PR, qui se veut un dictionnaire descriptif (même si,
parfois, il se permet des commentaires prescriptifs), s'appuie pour choisir les
formes qu'il retient. De nos jours, il est indispensable que tout dictionnaire
se fonde sur l'analyse d'un corpus réunissant des centaines de milliers de
textes et des dizaines de millions de mots (24). C'est ce que font depuis
longtemps les dictionnaires anglo-saxons (25). À défaut de cela, des sondages
dans l'internet donnent quelques indications. C'est pourquoi j'ai sondé la
fréquence de certaines formes à l'aide de Google
Recherche avancée, en précisant : Langue : français, Pays : France, Date :
25 avril 2018. Les tableaux qui suivent présentent les résultats en
pourcentages d'occurrences sur la Toile.
Tableau no 1 : Transcriptions courantes du russe у (u) et ю (j+u)
orthographe
russe
|
orthographe(s)
française(s)
|
% d'occurrences
dans la presse
française
|
белуга
|
bélouga
|
24,5
|
béluga
|
75,5
|
|
номенклатура
|
nomenklatoura
|
0,1
|
nomenklatura
|
99,9
|
|
указ
|
oukase
|
51,7
|
ukase
|
48,3
|
|
севрюга
|
sévriouga
|
0,8
|
sévrouga
|
1,2
|
|
sévruga
|
97,8
|
On observe des variations
orthographiques entre u (béluga) et ou (bélouga) et des
variations dans les variations : la graphie u
domine presque sans partage avec nomenklatura
et sévruga, largement avec béluga, mais est légèrement dominée avec
ukase. La graphie ou, qui correspond pourtant à la
prononciation et à l'orthographe françaises, est quasiment inexistante avec nomenklatura et sévruga, plus importante avec bélouga
et légèrement dominante avec oukase.
Tableau no 2 : Transcriptions de
certaines consonnes russes.
consonne russe et
équivalent français attendu
|
orthographe
russe
|
orthographe(s)
française(s)
|
% d'occurrences
dans la presse
française
|
щ = chtch
|
борщ
|
bortch
|
10,2
|
borstch
|
67,6
|
||
borchtch
|
21,5
|
||
ц =
ts
|
интеллигенция
|
intelligentsia
|
95,6
|
intelligentzia
|
4,4
|
||
з = z
|
изба
|
isba
|
70,5
|
izba
|
29,5
|
||
колхоз
|
kolkhoz
|
41,0
|
|
kolkhoze
|
59,0
|
||
совхоз
|
sovkhoz
|
51,4
|
|
sovkhoze
|
48,5
|
||
в = v
|
квас
|
kvas
|
54,8
|
kwas
|
45,2
|
||
копеек
|
kopeck
|
44,5
|
|
kopek
|
55,5
|
||
к = k
|
кулибяк
|
koulibiac
|
42,00
|
koulibiak
|
57,00
|
||
koulebiak
|
0,4
|
||
koulebiaka
|
0,3
|
||
м = m
|
погром
|
pogrom
|
83,00
|
pogrome
|
17,00
|
La
transcription attendue domine d'une manière écrasante avec intelligentsia, plus modestement avec kopek (à cause du c adventice souvent rencontré en français comme
en anglais), koulibiak (pour le k
final) et kvas. En revanche les
formes attendues borchtch et izba sont minoritaires. Le cas de kolkhoze et de sovkhoze s'explique par la volonté de bien marquer que la consonne
finale se prononce. Ce choix est moins justifié dans le cas de pogrome.
Tableau no
3 : Nombre de certains mots russes empruntés au pluriel.
% d'occurrence
dans la presse
française
|
|
un blini
|
51,8
|
un blinis
|
48,1
|
des/les blini
|
5,2
|
des/les blinis
|
94,8
|
des/les pirojki
|
35,4
|
des/les pirojkis
|
64,6
|
des/les zakouski
|
24,7
|
des/les zakouskis
|
75,2
|
Dans cette
série, on observe une variation dans le traitement de la marque du nombre pour
des mots pourtant identiques du point de morphologique. En russe, ce sont tous
des mots au nominatif-accusatif pluriel désignant des éléments nombrables. En
français, le mot blini prend presque
toujours un s au pluriel (c'est ce qu'on attend), mais ce n'est pas le cas de zakouski, encore moins celui de pirojki, souvent employés sans s. Le
comble de l'absurdité se manifeste au singulier lorsqu'on relève la forme un blinis, qui cumule deux marques de
pluriel, une première russe (i ou
mieux y), une seconde française (s) ! La cause en est peut-être à
rechercher dans le PR, qui ne donne que la forme blinis n. m. (26) et même - c'est un comble - la prononciation
[blinis] !
Si l'on veut
rester au plus près de la transcription du russe, les mots de la liste (27) qui
suit devraient s'écrire de la manière suivante :
Boyard
(transcription du russe : [bojar], forme ancienne de [bojarin]) : boyar. Le d final est superflu.
D'ailleurs la femme du boyar est la boyarine [en russe bojarinja].
Béluga (russe [beluga]) :
bélouga.
Bortch (russe [boršč])
: borchtch (28).
Intelligentzia
(russe [intelligencija]) : intelligentsia.
Isba (russe [izba]) : izba.
Koulibiac (russe [kulebjaka])
: koulibiak. La forme la plus exacte
serait koulebiaka (n. fém.). Voir
ci-dessous.
Kwas (russe [kvas]) : kvas.
Kopeck (russe [kopejek]) : kopek.
Liman (russe [liman]) : limane.
Nomenklatura (russe [nomenklatura]) : nomenklatoura.
Ociètre
(russe [osëtr]) : ossiotre.
Sévruga (russe [sevrjuga]) : sévriouga.
Remarques sur
trois emprunts anciens.
Barzoï (russe борзой [borzoj])
(29) : Cet emprunt respecte la prononciation russe du /o/ dans cette
position en dehors de l'accent (/o/ ≈ /a/).
Koulibiac (russe кулебяка [kulebjaka]) : Cet emprunt respecte la prononciation du /e/ avant l'accent
tonique (/e/ ≈ /i/ dans cette position) et la quasi-chute du /a/ final après
l'accent (/a/ ≈ /ə/).
Sterlet (russe стерлядь [sterljad']) : Cet
emprunt reproduit approximativement la prononciation russe du /a/ dans cette
position en dehors de l'accent (/a/ ≈ /ə/).
7. Étymologie
Dans le PR, le champ "Étymologie" se caractérise
par un manque de systématicité et d'uniformité dans le traitement de l'origine
russe des mots. Ce manque d'uniformité se remarque dans des mots de formations
parallèles.
- Sous bolchevik,
on donne simplement comme explication « partisan de la majorité », alors que
sous menchevik, on lit « de menchistvo (30) », minorité ». Il aurait été souhaitable d'uniformiser la
présentation des renseignements et donc de dire sous bolchevik « de bol'chinstvo,
majorité ».
- Sous sovkhoze,
on apprend que le mot vient de « sov(ietskoïé) khoz(iaïstvo), économie soviétique ». Sous kolkhoze, on ne donne pas la forme russe
d'origine, pourtant parallèle, à savoir « kol(letktivnoïé) khoz(iaïstvo), entreprise collective, coopérative ». Il faudrait
l'ajouter.
Certaines étymologies sont
insuffisantes, se limitant à mentionner « mot russe », alors qu'une
explication serait utile.
- Sous komsomol, on
ne dit pas qu'il s'agit d'un acronyme formé sur kommounistitcheski soïouz molodioji (Коммунистический союз молодёжи, Union de la jeunesse communiste).
- Sous merzlota,
on devrait préciser « du russe miorznout'
(мёрзнуть) "geler" ».
- Sous raspoutitsa, on devrait ajouter « du russe ras- (рас-) "idée de défaire,
détruire" et pout' (путь)
"chemin" », période pendant laquelle les chemins
sont détrempés, défoncés ».
- Sous tokamak, on devrait dire
qu'il s'agit d'un acronyme formé sur toroidal'naïa
kamera s magnitnymi katouchkami (тороидальная камера
с магнитными катушками, chambre torique de confinement
magnétique).
- Sous vernalisation,
calque de iarovizatsia (яровизация), on devrait dire que iarovoï (яровой) signifie
« produit au/par le printemps ».
Certaines étymologies sont carrément fantaisistes, voire
légèrement comiques.
- Sous matriochka,
on nous apprend que cela voudrait dire « petite mère, nom donné aux robustes
paysannes » [sic] ! En fait le
mot vient de Matriona (Матрёна),
qui est un prénom féminin russe…
Certaines étymologies
sont approximatives, inexactes, voire erronées.
- Sous barzoï, on lit « mot russe "lévrier" ». Ce n'est pas tout
à fait exact. L'adjectif borzoï (борзой) signifie
« rapide, vif », d'où le nom de borzaïa
sobaka (борзая собака) pour désigner des chiens de chasse
particulièrement vifs.
- Sous intelligentsia, on lit « mot russe
"intelligence" ». C'est inexact. En russe, le mot intelligence se dit oum (ум); intelligent, oumny
(умный). Ce sont les mots latins intelligens et intelligentia
qui
ont donné le russe intelligent (un intellectuel) et intelligentsia (les intellectuels, la classe intellectuelle).
- Sous liman, on
dit « mot russe
"estuaire" ». En fait le terme russe pour estuaire (эстуарий) est l'hyperonyme de liman. En
russe, liman désigne un estuaire particulier (avec une lagune) comme en français, qui lui a emprunté
ce mot.
- Sous podzol, on dit que le mot russe signifie
« sol sablonneux, stérile ». Ce n'est pas exact. Dans podzol, il y a zola (зола), la cendre. Il aurait fallu dire « sol ayant
l'apparence de la cendre (31) ».
- Sous starets, on lit « mot russe
"vieillard" ». Сe
n'est pas tout à fait exact. Le mot vieillard se dit couramment en russe starik (старик). Le point commun entre les deux est la
racine star, qui veut dire effectivement « vieux,
âgé ». Starets
est d'un autre niveau de langue. Il désigne un moine, un ancien et, à ce titre, directeur de conscience d'autres moines.
L'origine russe de certains termes est incertaine, douteuse,
voire inexacte.
- Hooligan.
Si le mot hooligan avait été emprunté
directement au russe, on aurait la forme khouligane.
Même si le mot a été popularisé en français en référence aux hooligans
soviétiques, il était employé en anglais en Angleterre dès la fin du XIXe
siècle (attesté en 1898) et un peu de recherche montrerait certainement qu'il
l'a été en France avant l'apparition de l'acception russe.
- Kolinski. Pour
désigner la fourrure du vison de Sibérie (Mustela
sibirica), on ne trouve pas de trace de ce mot en russe. S'il s'agit d'un
nom de famille, on le relève aussi bien en Pologne (Koliński) qu'en Russie (Колинский). Quant à l'adjectif relatif de kolonok (колонок, vison de Sibérie), c'est kolonkovy (колонковый : колонковые кисти : pinceaux Kolinsky (32). Il est peu probable que kolonkovy ait donné kolinski.
- Liquidateur. Il
faudrait indiquer qu'il s'agit d'un russisme, d'un emprunt sémantique du russe likvidator (ликвидатор).
- Mammouth. Le mot provient d'une forme ancienne
du russe (mamut, de nos jours mamont) par l'intermédiaire de l'anglais mammoth
comme le suggère l'orthographe en français.
- Polatouche. Sous
ce mot, on mentionne « du russe ». C'est peu probable. En russe, cet
animal est désigné sous le nom de biélka-letiaga
(белка-летяга, écureuil volant) ou simplement letiaga (летяга). Ce mot
est plus certainement d'origine polonaise (dans cette langue, on dit polatucha) (33).
- Refuznik.
C'est un faux russisme, en réalité un russo-américanisme forgé sur l'anglais to refuse + suffixe russe –nik. En russe, on dit otkaznik (отказник).
- Uniate. Le mot vient du latin ecclésiastique unio. Il est probable que ce soit un
emprunt au polonais plutôt qu'au russe.
8. Genre
Dans
l'importation de mots russes en français se posent des problèmes de genre.
En russe, les
noms terminés par un -a sont, à
quelques exceptions près, féminins. C'est pourquoi on dit une datcha, de la kacha, la pérestroïka, etc. Or, curieusement, sévruga (севрюга) est devenu masculin. En toute logique, on devrait dire une sévruga (ou mieux une sévriouga)… De même kopeck, qui vient de kopejek (копеек), forme du génitif pluriel de kopejka (копейка), devrait être féminin…
Les mots
terminés par une consonne mouillée sont soit masculins, soit féminins. En russe
artel (артель) est féminin. On devrait dire une artel (34)...
Les mots terminés par
une consonne dure sont masculins. C'est pourquoi le mot touloupe (тулуп) devrait être masculin. On devrait
dire un touloupe (35)...
Ne parlons pas de koulibiac
(кулебяка,
n. fém.) et de sterlet (стерлядь, n. fém.). J'en ai parlé plus
haut.
Il serait difficile de revenir sur des usages fautifs, mais
bien implantés.
9. Nombre
On constate
dans le PR un manque d'uniformité dans le traitement du nombre et de sa marque.
C'est le cas de la série blinis, pirojki, zakouski. Blinis n'est
donné que sous la forme du pluriel, avec un s (mais la définition indique qu'il
s'agit « d'une petite
crêpe », soit un singulier), alors que pirojki
et zakouski sont donnés aux deux
formes, singulier et pluriel (pirojki
et pirojkis, zakouski et zakouskis).
On ne pourrait donc manger que des blinis,
mais déguster un ou des zakouski(s), un ou des pirojki(s). La
difficulté vient du fait que ces trois mots sont au pluriel en russe. On a ici
un bel exemple de démotivation du signe linguistique. En toute rigueur, on
devrait dire un bline, des blines (singulier блин, pluriel блины),
un pirojok, des pirojoks (singulier пирожок, pluriel пирожки). Là encore, il n'est
pas question de revenir sur l'usage, même s'il est critiquable, sinon absurde.
Mais il faudrait uniformiser blini(s),
pirojki(s), zakouski(s).
10. Définition
Sous bélouga, le PR donne deux acceptions.
La première : « Mammifère cétacé apparenté au narval, aussi appelé baleine
blanche, dauphin blanc, qui vit dans les eaux arctiques ». La
seconde : « Poisson des mers Noire et Caspienne, espèce
d'esturgeon ». Il serait bon de préciser que le sens 1 est fondé sur une
confusion. Il correspond non pas au russe beluga ( белуга), mais beluxa
(белуха). Beluga
désigne l'esturgeon (Huso huso); beluxa, le cétacé (Delphinapterus
leucas). La confusion existe aussi en russe.
Sous mir, on trouve une formulation un peu
laborieuse : « Organisme de propriété collective rurale, avant la
révolution russe de 1917. » Il y aurait lieu de l'améliorer.
Sous tchérémisse, on apprend que le mot
désigne une langue, mais il désigne aussi un peuple (36).
Sous télègue, on apprend qu'il s'agit d'une « charrette à
quatre roues, utilisée en Russie. » Si l'on consulte, dans ce même
dictionnaire, les mots charrette et chariot, on apprend qu'une
charrette est « une voiture à deux roues » et un chariot « une
voiture à quatre roues »… On ne peut qu'en déduire qu'une télègue est un chariot et non pas
« une charrette à quatre roues »…
11. Conclusion
Le Petit Robert
est certainement un bon dictionnaire. Cela ne signifie pas qu'il n'ait pas
besoin d'être amélioré. En particulier, il serait temps qu'il s'appuie sur un
vaste corpus de textes afin de mieux traiter les variations de formes et autres
et les fréquences de chacune.
Pour ce qui concerne les emprunts au russe, au chapitre de
la nomenclature, il conviendrait de
supprimer certains mots obsolètes (comme tchérémisse,
télègue) pour en ajouter d'autres plus importants (comme occidentaliste, pavlovien, tchétchène,
vieux-croyant). La transcription devrait
être améliorée en appliquant un
système unique (pour la mouillure de la consonne, la transcription de la
terminaison -ый, etc.) et en corrigeant certaines
erreurs (ruble, jorta). Dans le champ étymologie, on
devrait indiquer explicitement l'origine russe de tous les mots ou acceptions
de la nomenclature provenant de cette langue (par exemple sous liquidateur); vérifier l'origine exacte
de mots comme kolinski, polatouche;
donner systématiquement le mot ou l'expression russe à l'origine de l'emprunt
(comme pour merzlota, raspoutitsa); l'origine des acronymes
(comme pour komsomol, tokamak); le même genre de
renseignements pour les mots ayant le même mode de formation (comme pour bolchevik et menchevik, kolkhoze et sovkhoze); améliorer la traduction
littérale des mots d'origine russe (matriochka);
revoir certaines explications étymologiques (intelligentsia, matriochka, starets). Dans le choix de l'orthographe, on devrait privilégier les
formes correspondant aux règles de transcription du russe en français, quand
elles ont une fréquence suffisante, et marquer les autres formes comme
variantes (déconseillées). Par exemple : bélouga
var. béluga; borchtch var. bortch, borstch; intelligentsia var. intelligentzia;
izba var. isba; kopek var. kopeck; koulibiak var. koulibiac;
kvas var. kwas; oukase var. ukase. Dans le champ nombre, on devrait uniformiser la forme
du nombre dans la série un blini/des
blinis; un pirojki/des pirojkis; un zakouski/des zakouskis (37). Enfin, il faudrait améliorer la
formulation de certaines définitions (mir)
et indiquer la source de confusion (bélouga).
Bref
une révision est nécessaire.
L'intégration en français de mots provenant de langue n'utilisant pas
l'alphabet latin présente bien des difficultés. Si l'on veut améliorer nos
dictionnaires, réduire autant que possible les incohérences et les erreurs
qu'ils véhiculent, il est important que les lexicographes étudient
attentivement la question en s'appuyant sur les conseils des spécialistes de
ces langues.
Voir aussi dans ce blog, « Les mots d'origine russe en français. Liste alphabétique » et « Les mots d'origine russe en français. Liste du nombre d'occurrences » (dans la presse française).
Voir aussi dans ce blog, « Les mots d'origine russe en français. Liste alphabétique » et « Les mots d'origine russe en français. Liste du nombre d'occurrences » (dans la presse française).
Lionel Meney
Paris-Québec, 2018.
Notes
(1) Si le français
s'était appuyé sur la prononciation (comme le fait le russe pour ses emprunts à
l'anglais, par exemple l'anglais site
donne сайт [saït] en russe), un mot
comme malossol (cornichon à la russe,
малосол), avec accent final
(marqué ici par le caractère gras), aurait donné melassol; Popov (Попов),
Papov; tchernoziom (чернозём),
tchirnaziom…
(2) Ont été importés
au nominatif-accusatif pluriel des mots comme blini (блины), pirojki (пирожки) et zakouski (закуски); au génitif pluriel, kopeck (kopeïek, копеек); à
l'accusatif singulier Moscou (à
partir du syntagme в Москву = à Moscou), mais la rivière de Moscou, la Moskova (Москва-река), l'a été au nominatif avec ajout d'un o épenthétique…
(3) Ainsi la graphie kwas au lieu de kvas peut s'expliquer par l'allemand ou le polonais.
(4) Le Petit Robert (PR), Nouvelle édition
millésime 2018, Dictionnaires Le Robert, Paris, 2017. (5)
Le Petit Larousse illustré (PLI),
édition bicentenaire, Larousse, Paris, 2017.
(6) À quelques
exceptions près, ces mots se trouvent aussi dans la nomenclature du PLI. Ce
dictionnaire n'a pas retenu Gosplan, spoutnik (mais le mot figure dans la
partie encyclopédique), tchervonets.
En revanche, certains termes comme babouchka,
raskol, staroste (au sens russe, le PR donne le sens polonais) ou zemstvo, présents dans le PLI, sont
absents du PR.
(7) Tsar
(vieux-russe цьсарь) est marqué
« mot slave ». Tsarine (russe царица) est une forme
germano-slave (Zarin).
(8) En interrogeant la base de textes Eureka.cc pour
l'ensemble des articles répertoriés (115 001 964) le 8 mai 2018. Les
variantes orthographiques et les formes du singulier et du pluriel ont été
prises en compte. Pour les formes polysémiques, marquées d'un astérisque, le
décompte est plus approximatif.
(9) Dans des publications spécialisées, ce terme serait plus
fréquent.
(10) Les Tchérémisses, au nombre de 557 000, sont appelés de nos jours
Maris.
(11)
Les Tchétchènes sont au nombre de 1 500 000 environ. Le mot est présent dans le
PLI.
(12) Voir la fiche tsigane du Centre national de ressources
textuelles et lexicales avec plusieurs exemples en contexte russe.
(13)
Présent dans le PLI.
(14) Présent dans le PLI.
(15) Présent dans le PLI.
(16)
Dans cette partie, je reprends l'orthographe du PR.
(17)
Nous verrons plus bas que l'origine russe de certains termes de cette liste est
douteuse.
(18) Le PR précise : « mot forgé en français et en
russe par un écrivain russe » (en 1915). L'équivalent russe est porajentchestvo (пораженчество), formé sur porajenie
(défaite). L'écrivain russe en question est le révolutionnaire G. A. Aleksinski
(Григорий
Алексеевич Алексинский). Voir Catherine Slater, « Note
critique sur l'origine de "défaitisme" et
"défaitiste" », Mots. Les
langages du politique, 1980, p. 213-217.
(19) Le PR donne peu d'adjectifs dérivés de noms de
personnes à l'exception de quelques politiques.
(20) On distingue un astronaute
américain, un cosmonaute russe, un spationaute français ou européen, un taïkonaute chinois…
(21) Calque du russe ouslovny
refleks (условный рефлекс); création d'Ivan
Pétrovitch Pavlov (1849-1936).
(22) Voir dans Wikipédia,
« Transcription et translittération ». La translittération établit
une correspondance lettre par lettre entre les deux langues. Sauf pour х, щ, ю et я, à une lettre
russe correspond une seule lettre latine. Pour cela, elle a recours à des
signes diacritiques (voir dans Wikipédia, « Translittération des
caractères cyrilliques russes »). La transcription établit une
correspondance son par son. Un son peut être représenté par deux lettres (voir
dans Wikipédia, « Transcription du russe en français »). Ainsi
le mot малосол sera translittéré malosol (= même nombre de caractères) et
transcrit malossol (pour répondre à la prononciation française); le mot мужик sera
translittéré mužik et transcrit moujik.
(23) Les transcriptions du PR et du PLI se ressemblent, ce
qui donne à penser qu'elles ont été puisées à la même source.
(24) Le PR revendique seulement « un corpus vaste et varié
de citations mises en mémoire » (Préface,
p. VII). C'est loin, très loin d'être satisfaisant.
(25) Le corpus Bank of
English, qui a servi à la rédaction du Collins
Cobuild English Dictionary, compte 4,5 milliards de mots. Le Corpus of Contemporary American English
(COCA) compte 450 millions
de mots.
(26) Le PLI donne correctement blini n. m.
(27) J'utilise ici la translittération scientifique.
(28) Cf. la transcription de Khrouchtchev (Хрущёв).
(29) Le caractère gras indique la place de l'accent tonique.
(30) Sic. Il
faudrait lire men'chinstvo.
(31) Le Petit Larousse
dit plus justement « cendreux ».
(32) On trouve les deux orthographes Kolinski et Kolinsky.
(33) C'est d'ailleurs l'étymologie que retient le PLI.
(34) On relève sur la Toile des cas d'emploi d'artel au féminin.
(35) À la fiche touloupe, le Centre national de
ressources textuelles et lexicales, donne ce mot au masculin et en fournit plusieurs
exemples.
(36) Dans sa partie
encyclopédique, le PLI donne systématiquement le nom du peuple et de sa langue,
par exemple : « Bachkirs […]. Ils
parlent bachkir ».
(37) Les formes
« correctes » un pirojok et
une zakouska se rencontrent parfois,
mais ce sont surtout les connaisseurs du russe qui les emploient.
Mots-clés : Langue française; langue russe; emprunts de mots russes; dictionnaires; Petit Robert; Petit Larousse illustré.
Mots-clés : Langue française; langue russe; emprunts de mots russes; dictionnaires; Petit Robert; Petit Larousse illustré.
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