15 février 2017

Le français québécois entre réalité et idéologie. Un autre regard sur la langue (Nouvelle parution)


Je suis heureux de vous annoncer la parution de mon dernier livre intitulé « Le français québécois entre réalité et idéologie. Un autre regard sur la langue. Étude sociolinguistique » aux Presses de l'Université Laval à Québec.
Dans cet ouvrage, j'analyse le rapport entre la réalité du marché linguistique québécois et les représentations qu'on s'en fait.
Dans une première partie, je présente à partir d'exemples authentiques les principales caractéristiques du français québécois (prononciation, morphologie, syntaxe, lexique,  phraséologie).
Dans une deuxième partie, je décris la concurrence à laquelle se livrent deux variétés de français, le français vernaculaire québécois et le français international à l'aide d'une étude de très nombreux exemples tirés de la presse québécoise.
Dans une troisième partie, j'analyse différentes représentations du problème linguistique québécois à travers l'analyse de publications sur la langue et je catégorise ces représentations (joualisants, québécisants, aménagistes, internationalisants et francisants).
En conclusion, je développe les différents enjeux (identitaires, politiques, culturels, économiques, pédagogiques, etc.) à la clé dans le débat permanent sur la qualité de la langue et la norme linguistique.


 Rappel de publications précédentes :
Main basse sur la langue. Idéologie et interventionnisme linguistique au Québec, Liber, Montréal, 2010.
Dictionnaire français-québécois. Pour mieux se comprendre entre francophones, Guérin, Montréal, 1999.

Mots-clés : sociolinguistique; idéologies linguistiques; endogénisme; français du Québec; français de France; français international; français de référence; marché linguistique; concurrence linguistique; bilinguisme; diglossie; particularismes linguistiques; anglicismes; langue des médias québécois; enjeux linguistiques.

11 février 2017

Doit-on dire « J'ai rendez-vous avec docteur Untel » ou « J'ai rendez-vous avec le docteur Untel »?


Depuis quelques années, on observe dans le milieu médical québécois l'emploi de plus en plus fréquent d'une construction calquée sur l'anglais. Je veux parler de l'emploi du mot docteur avec l'article zéro. Ou, si vous préférez, de son emploi non précédé de l'article défini le.
Dans les hôpitaux et les cliniques, beaucoup de préposé(e)s à l'accueil des patients ont pris l'habitude de vous demander si « vous avez rendez-vous avec docteur Untel » plutôt que de vous demander si « vous avez rendez-vous avec le docteur Untel ».
Il s'agit d'une construction importée de l'anglais, d'un anglicisme de construction ou anglicisme syntaxique : I have an appointment with Doctor...
La tournure ne semble pas encore avoir atteint la presse écrite québécoise, mais on commence à la rencontrer à la radio et à la télévision comme l'atteste la citation qui suit : « Lorsque j'ai appelé ici, à la clinique, 3 jours après, j'avais mon rendez-vous avec docteur Ch…, puis ça a été très efficace. » (ICI Radio-Canada Télé, Le Téléjournal, 11 mai 2014).

Mots-clés : français québécois; anglicisme; anglicisme syntaxique; article le; docteur.

09 février 2017

Origine et signification du mot post-vérité


L'année 2016 aura vu l'explosion de l'emploi du mot post-vérité, particulièrement présent dans le syntagme ère (de la) post-vérité. Une expression quasi synonyme s'emploie également : ère post-factuelle. Dans les deux cas, il s'agit de traductions de l'anglais post-truth era/politics et post-factual era.
En Grande Bretagne, la société Oxford Dictionary l'a désigné mot de l'année 2016. En fait les premières apparitions du terme remontent à plus loin dans le temps. En 1992, l'écrivain serbo-américain Steve Tesich a écrit dans  le magazine The Nation à propos de scandales qui secouaient alors les États-Unis  : « We, as a free people, have freely decided that we want to live in some post-truth world ». En 2004, l'écrivain américain Ralph Keyes intitule son livre The Post-Thruth Era : Dishonesty and Deception in Contemporary Life. En 2010, le blogueur David Roberts popularise l'expression post-truth politics.
Les premières attestations du terme apparaissent dans la presse états-unienne en  2010, dans la presse britannique en 2011, dans la presse québécoise en 2016, sous la plume d'Antoine Robitaille, dans la presse française également en 2016. Google Trends indique un début subit d'intérêt pour le terme en octobre 2016 en France et en novembre 2016 au Québec.
Pourquoi cette explosion soudaine de  l'emploi de post-vérité en 2016 ? Le phénomène est lié à deux événements qui ont marqué cette année-là : la campagne pour ou contre le maintien dans l'Union européenne en Grande-Bretagne et celle des présidentielles aux États-Unis. Deux personnages ont alors incarné le phénomène par leur manière de conduire leur campagne, Boris Johnson en Grande-Bretagne, Donald Trump aux États-Unis.
Le recours au mensonge en politique n'est pas nouveau. Il existe depuis que le monde est monde. Machiavel en a théorisé la nécessité pour le prince. Les régimes nazi et soviétique en ont usé et abusé. Cependant l'apparition des réseaux sociaux avec la possibilité donnée à quiconque, individu ou groupe, de diffuser n'importe quel bobard sans enquête ni vérification préalables a fait exploser le phénomène ce qui explique l'apparition d'un nouveau terme comme post-vérité.
 Que signifie cette expression ? Selon l'Oxford Dictionary, post-truth signifie : « relating to or denoting circumstances in which objective facts are less influential in shaping public opinion than appeals to emotion and personal belief », en français « qui fait référence à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles. »
L'ère de la post-vérité fait allusion au fait que la vérité des faits, la vérité factuelle, est moins importante que l'émotion qu'on suscite en utilisant des arguments qu'on sait pertinemment faux, mais qui seront efficaces dans l'opinion publique.
C'est ce dont on a accusé Boris Johnson à la suite de la victoire surprise des Brexiters. D'avoir menti délibérément à la population pour faire gagner sa cause. Un autre cas célèbre d'usage de la post-vérité est celui de la propagande (à usage interne et externe) des médias russes notamment au moment de la crise ukrainienne.
L'Oxford Dictionary fait remarquer que cet emploi de post- dans post-vérité n'est pas l'emploi standard de ce préfixe, qui signifie après (postmodernité, post-moderne). On trouve d'ailleurs dans la presse francophone quelques cas d'emploi du terme après-vérité. En réalité, ce nouveau sens correspond plus à au-delà qu'à après. L'ère post-vérité, c'est l'ère où, dans le débat public, on va au-delà des faits, au-delà de la vérité (objective), on s'affranchit délibérément de la vérité pour entrer dans le monde du mensonge et de l'émotion qu'il suscite. C'est pourquoi un terme comme outre-vérité me semblerait plus approprié. On me propose aussi malvérité. Les propagateurs de post-vérité préfèrent souvent parler de réinformation.

« Outre-vérité : c'est quand on dit des choses qui ne sont ni vérité ni apparence » (vocabulaire des troubadours).

Mots-clés : origine; signification; post-vérité ; ère de la post-vérité; post-factuel; ère post-factuelle; outre-vérité; malvérité; réinformation.

08 février 2017

Comment doit-on prononcer le nom de famille Donald Tusk?


Beaucoup de journalistes écorchent la prononciation du nom de famille du président du Conseil européen Donald Tusk.
Ils prononcent ce nom à l'anglaise : /teusk/.
C'est une faute.
Il s'agit d'un nom de famille polonais, plus précisément kachoube. 
Le "u" de Tusk se prononce donc "ou".
Ne dites pas Donald "Teusk", dites Donald "Tousk"...


Mots-clé : prononciation; anglais; français; polonais; nom de famille; Donald Tusk.

07 février 2017

Doit-on traduire "alternative facts" par "faits alternatifs"?


Cet emploi d'"alternatif", dans le sens de "qui représente une autre solution", nous est venu de l'anglais : "an alternative idea, plan, etc. is different from the one you have and can be used instead. For example : Alternative way, approach, means, view"

De ce fait, il est critiqué. Cependant il est largement entré dans l'usage. Par exemple, on dit couramment : "peine alternative", "médecine alternative", "mondialisation alternative" (Nouveau Petit Robert). Donc l'expression "faits alternatifs" n'est pas à rejeter absolument, à moins d'être très puriste.

Maintenant si l'on veut faire comprendre de quoi il s'agit, on peut dire que ces "alternative facts" sont des "faits qui infirment" ce que les medias ont dit, des "faits opposés" à ceux des medias, des "faits en contradiction avec" ce qu'ont dit les médias, d'"autres faits". Ce sont, en quelque sorte, des "contre-faits". Mais, par son côté équivoque, l'expression est assez amusante dans la mesure où les "contre-faits" ont peut-être été "contrefaits"…

Dans l'esprit de son auteure, il s'agissait certainement de dire qu'elle avait des "faits à opposer" à ceux des medias, en quelque sorte des "faits de rechange", comme il y a des "solutions de rechange" ou des "faits de substitution". Ce qui n'a fait qu'aggraver son cas. En effet, les faits sont têtus, comme on dit. Contrairement à une opinion, on ne peut pas les changer...


Les journaux ont répété à l'envi que le syntagme « alternative facts » se trouvait déjà dans 1984 d'Orwell. Vérification faite, ce n'est pas exact. Ce serait donc là encore un « fait alternatif »... Le seul passage où le terme fact est employé dans un contexte qui rappelle l'expression en question est celui-ci : « Very likely the confessions had been rewritten and rewritten until the original facts and dates no longer had the smallest significance. The past not only changed, but changed continuously. » (chap. VII). En réalité, il s'agirait donc non pas d'une expression d'Orwell lui-même, mais plutôt d'une expression orwellienne...

Je relève dans le blog de Louis-Jean Calvet un équivalent intéressant, « vérité alternative » : « Il y a près de trente ans, la gauche américaine nous a vendu une notion un peu floue qui s’est peu à peu imposée jusqu’à ressembler à une forme d’autocensure permanente : le politiquement correct, qui a d’ailleurs fait des petits (« ce n’est pas hallal », « ce n’est pas kasher »...). Voici que la droite, toujours américaine, tente d’imposer un nouveau gimmick, les alternative facts ou, si vous préférez, les vérités alternatives. C’est assez facile à comprendre : si la presse ou la télé raconte les résultats d’une enquête vous concernant de près ou de loin, ou qui vous dérange ou ne vous plaît pas, si vos voisins rapportent ce qu’ils savent ou croient savoir de vous, ne perdez pas votre temps à tenter de démontrer le contraire, exposez des faits alternatifs, une autre vérité, si invraisemblable soit-elle ».


Mots-clés : traduction anglais-français; alternative facts; faits alternatifs; faits de rechange; faits de substitution; contre-faits; vérité alternative; Orwell; Louis-Jean Calvet.

03 janvier 2017

De la dénomination de certains fruits et légumes au Québec.

Je suis un fidèle client du Jardin mobile à Québec. Si j'apprécie ses produits, en revanche la piètre qualité de la langue d'affichage de ses fruits et légumes m'agace fréquemment. Québec, capitale de la Francophonie nord-américaine, mérite mieux.

Il faut dire qu'au Québec, un certain nombre de fruits et de légumes sont vendus sous des noms différents de ceux employés ailleurs dans la Francophonie, en français de référence (le français des dictionnaires). Certains de ces noms sont tout à fait acceptables, d'autres - en général des anglicismes - ne le sont pas. Voici quelques exemples :

Bébé : C'est un emploi curieux, voire comique, du mot Bébé pour traduire l'anglais Baby comme dans Bébés épinards, Bébés roquettes, etc. Y aurait-il des Épinards adultes? Il s'agit d'un anglicisme de sens. En anglais, l'adjectif Baby caractérise un végétal cueilli avant sa pleine croissance. L'équivalent français est généralement Pousse, pour désigner une croissance interrompue : Pousses d'épinard, ou Mini, pour désigner une taille plus petite que la normale : Mini-maïs.

Blé d'Inde : C'est un mot qui fleure bon l'époque des Grandes Découvertes et la France d'Ancien Régime. Au Québec, aujourd'hui, le terme est en perte de vitesse. Dans la langue officielle ou commerciale, on emploie uniquement le mot du français de référence : Maïs. Blé d'Inde se rencontre encore sur les marchés paysans et dans les magasins de fruits et légumes des quartiers plus populaires. Il se maintient aussi dans l'expression épluchette de blé d'Inde qui désignait autrefois les réunions au cours desquelles les familles de paysans se réunissaient pour « éplucher » (épanouiller) collectivement les épis de maïs. Le même genre d'activité avait lieu autrefois en France dans les régions de culture du maïs. De nos jours, elle désigne une activité festive au cours de laquelle on déguste des épis de maïs sucré. Si bien qu'on peut dire que pour organiser une épluchette de blé d'Inde, il faut acheter beaucoup d'épis de… maïs. Dans cet emploi particulier, le mot Blé d'Inde devrait se maintenir.

Bleuet : Ce mot, qui désigne la Myrtille américaine (arbuste du genre Vaccinium), est un des mots emblématiques du français québécois. Peu de Québécois accepteraient de le troquer contre myrtille. En réalité, c'est un mot régional qui vient de l'Ouest de la France. Entre francophones, il peut provoquer des quiproquos. En effet, en français de référence, il désigne une fleur bleue, la centaurée des champs. Pour un Européen, le fait de « manger des bleuets » peut paraître étrange. En France, le bleuet (la fleur) est devenu le symbole commémoratif de la Première Guerre mondiale. Il représente pour les Français ce que le coquelicot représente pour les Anglo-Saxons. De nos jours, les mêmes cultivars de ce petit fruit sont utilisés des deux côtés de l'Atlantique. Il n'y a donc pas de différences pour ce qui est des myrtilles/bleuets de culture. Curieusement, la société française Bonne Maman vend au Québec ses confitures de myrtilles sauvages françaises sous le nom de « bleuets sauvages »…





Canneberge : Ce terme, qui désigne couramment le fruit d'une plante du genre Vaccinium (sous-genre Oxycoccos), une sorte d'airelle, est attesté en français depuis au moins 1665. Il se rencontre sous la plume de Chateaubriand (Les Natchez, 1826) et se trouve dans le Littré. Malheureusement, en Europe francophone, la société américaine Ocean Spray a décidé de commercialiser ses canneberges sous le nom anglais de cranberries.  Escomptant sur l'anglomanie en vogue, ses marketeurs ont dû considérer que ce serait d'un meilleur effet de les vendre aux Européens francophones sous ce nom anglais. Si bien qu'on a cette situation paradoxale (et assez insultante pour un francophone) d'un même produit vendu par la même entreprise sous deux noms différents dans deux pays, canneberges au Canada et cranberries en Europe francophone. Comparez les sites canadien et français de la société Ocean Spray, c'est instructif :





Cerise de terre : Ce terme courant au Québec est un calque de l'anglais Groundcherry. En français de référence, on appelle ce fruit de son nom d'origine grecque Physalis (n. masc.). Plus familièrement, on l'appelle aussi Amour en cage ou Coqueret.




Chaque, Ch. : Ce mot employé pour désigner le prix à l'unité d'un produit est un calque de l'anglais Each. En français de référence, on dit : l'unité/unité ou la pièce/pièce.

Délicieuse : Pomme jaune délicieuse : C'est une traduction littérale de Golden Delicious Apple, qui est le nom propre d'un cultivar. Il n'y a donc pas lieu de le traduire (sauf le générique). Il s'agit de la pomme Golden Delicious, appelée plus couramment Golden tout court. Pomme rouge délicieuse : C'est la traduction littérale de Red Delicious Apple. Il s'agit de la Red Delicious.

Échalote : Sous ce terme est vendu au Québec un légume vert de la famille des oignons. Ce produit ne se vend pas sur les marchés français où l'on trouve plutôt la Ciboule ou Cive (Allium fistulosum) et la Cébette (oignon frais de la même famille Allium fistulosum), dans le sud de la France. Il correspond à peu près à l'Oignon nouveau à cette différence près que son bulbe n'est pratiquement pas formé. Pour trouver sa dénomination exacte, il faudrait connaître le nom savant de cette plante.


Échalote française : Il s'agit de l'Échalote tout court, un légume du genre Allium (espèce Allium cepa), dont on consomme le bulbe. Sa pelure peut être rose ou grise. L'anglais dit French shallot.


Fève : Au Québec, le terme Fève, utilisé naguère pour désigner ce qu'en français de référence on appelle Haricot (Phaseolus vulgaris), est en perte de vitesse. Dans la langue officielle et commerciale, on n'emploie que le terme haricot. Le terme ancien se rencontre encore sur certains marchés paysans et dans les magasins de fruits et légumes des quartiers plus populaires. En revanche il se maintient dans l'expression Fèves au lard, qui désigne un plat québécois traditionnel composé de petits haricots secs et de lard. Cette expression devrait se maintenir. De nos jours, en français de référence, le mot fève désigne un légume de l'espèce Vicia faba.


Fève verte : Haricot vert.

Fève jaune : Haricot beurre.

Français : Cet adjectif s'emploie au Québec dans certaines combinaisons sous l'influence de l'anglais. Par exemple : Échalote française (French shallot) pour Échalote, Haricots français (French beans) pour Haricots (verts) fins.

Gadelle : Le terme gadelle, régionalisme originaire de l'Ouest de la France, est en perte de vitesse. Dans la langue officielle et commerciale, on n'emploie que le terme français de référence Groseille (genre Ribes). Cependant gadelle connaît encore une certaine diffusion pour désigner des produits de l'artisanat local vendus sur les marchés paysans : des confitures de gadelles. Le mot fleure bon les confitures de grand-maman.

Haricot jaune : Haricot beurre.

Italien : Persil italien : Persil plat. C'est un calque de l'anglais Italian parsley. En français de référence, on distingue le Persil frisé et le Persil plat.

Lime : En France, on dit plus couramment Citron vert même si le terme peut être critiqué du strict point de vue de la botanique, la lime ou citron vert étant le fruit du limettier (Citrus latifolia et Citrus aurantiifolia) et non du citronnier (Citrus limon).


Melon d'eau : En France, on dit plus couramment Pastèque. L'anglais dit Watermelon.

Navet : Au Québec, ce mot désigne un légume-racine jaune du genre Brassica (espèce Brassica napus). En français de référence, il est appelé Rutabaga. Sa consommation est beaucoup moins fréquente en Europe qu'au Canada du fait de sa réputation (là-bas) de légume réservé à l'alimentation animale et de légume des temps de guerre. Le véritable Navet est aussi un légume du genre Brassica (espèce Brassica rapa). Plus petit que le rutabaga, il est de couleur blanche avec une collerette violette (voir Rabiole).


Patate : En français de référence, le mot Patate relève exclusivement du registre familier à côté de Pomme de terre, qui appartient au registre neutre. On achète des « pommes de terre » en magasin, mais on épluche des « pommes de terre » ou des « patates » à la maison. Au Québec, le mot patate est d'emploi plus courant, moins marqué familier. Cependant dans la langue officielle et commerciale, on emploie désormais le mot pomme de terre. Dans les magasins des quartiers plus populaires, mais pas seulement, on vend encore des patates, des patates blanches, des patates rouges, etc. On ne trouve plus guère de « producteurs de patates », mais presque toujours des « producteurs de pommes de terre ».

Patate au four : La combinaison Patate au four est curieuse. Il serait plus correct de dire Pomme de terre pour le four. En Europe, on utilise couramment l'expression Pomme de terre spécial four.

Persimmon : Ce mot anglais désigne souvent au Québec ce que le français de référence appelle Kaki (mot japonais) ou Plaquemine (mot algonquin, plus rare dans le commerce).



Piment : Poivron. En français de référence, le terme Piment désigne le fruit très piquant de plusieurs plantes du genre Capsicum (Capsicum baccatum, Capsicum chinense, Capsicum frutescens, Capsicum pubescens). Leurs fruits sont plus petits et leur saveur plus forte que ceux du Poivron, qui désigne la plante du genre Capsicum annuum.



Piment fort : Piment tout court.

Rabiole : Navet. Le terme Rabiole figure au Littré pour désigner un gros rave. C'est un mot régional.

Radicchio : Chicorée de Trévise, Trévise. L'anglais dit Radicchio.


Sucré : Patate sucrée : Patate douce. L'anglais dit Sweet Potato (plante de la famille des Convolvulaceae, de genre Ipomoea).

Tige : On observe  un curieux emploi du mot Tige dans les combinaisons Carottes sur tige et Radis sur tige. La tige est la partie de la plante qui part de la racine et porte les feuilles et les fruits. Les feuilles des carottes, des haricots, des pommes de terre, des radis, etc. s'appellent des Fanes. En fait l'expression correcte est Carottes en botte ou Botte de carottes, Radis en botte ou Botte de radis.


Vigne : Autre emploi curieux, l'expression Tomate sur vigne, qui est un calque grossier de l'anglais Tomato on the vine. En anglais, le terme Vine désigne plus généralement une plante grimpante. Est-il nécessaire de rappeler qu'en français, le terme Vigne désigne une plante grimpante qui produit du raisin ? En français de référence, on dit Tomates en grappe, expression couramment abrégée en Tomates grappe dans les commerces.

Zucchini : Ce mot est un emprunt à l'anglais américain, qui l'a emprunté à l'italien. En français de référence, on dit Courgette. Curieusement, en anglais britannique, on dit Courgette

En conclusion, il faut absolument éviter Bébé dans Bébé épinard, etc.; Chaque et Ch. pour désigner le prix à la pièce ou à l'unité; de traduire les noms propres comme Golden Delicious; les calques du genre Échalote française, Haricot français, Patate sucrée, Persil italien ou Tomate sur la vigne; les emprunts comme Zucchini; de confondre Navet et Rutabaga; Piment et Poivron; Tige et Fane (impropriété); Vigne et Grappe (anglicisme).

Mots clés : langue française; français québécois; français de référence; variation; anglicisme; archaïsme; régionalisme; dénomination; fruits; légumes; canneberge; cranberry; Ocean Spray.

26 octobre 2016

Doit-on dire surplus budgétaire ou excédent budgétaire?

L'expression « surplus budgétaire » est un calque de l'anglais « budget surplus ». En français, pour désigner ce concept, on dit « excédent budgétaire ». Selon les dictionnaires, un excédent désigne en finance ce qui est en plus de la quantité fixée, c'est-à-dire un solde positif (d'où : excédent budgétaire); un surplus désigne en économie l'excédent de l'offre par rapport à la demande (par exemple : surplus agricoles).