25 octobre 2024

Lionel Meney, Le naufrage du français, le triomphe de l’anglais. Enquête, Paris, Hermann, 2024.

Présentation

Choix du titre :

Un titre volontairement provocateur, peut-être un peu catastrophiste, quoique, vous verrez, je n’ai pas de bonnes nouvelles... Plusieurs objectifs :

1) Dessiner un tableau lucide de la situation réelle du français, loin du « jovialisme »(1) de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), selon qui, le français, avec 343 millions de francophones dans le monde, serait « en pleine forme(2) » ;

2) Contribuer à une analyse objective du phénomène en écartant les explications subjectives, contre-productives (anglomanie, snobisme, etc.) ;

3) Sensibiliser le public aux menaces qui pèsent sur notre langue (surtout les Français : au Québec, nous sommes déjà sensibilisés) ;

4) Avancer des propositions pour contrer l’érosion du français en France et en Europe, en s’inspirant, notamment, des modèles canadien et québécois.

Sous-titre

J’ai procédé à deux types d’enquêtes :

1. Enquête physique, sur le terrain, dans des villes françaises. Pourquoi la France ?

Parce que c’est là que le phénomène de l’anglicisation est le plus patent ;

Parce que, si la France délaisse le français, cela entraînera des répercussions sur les autres pays francophones, dont le Québec.

2. Enquête par navigation sur de nombreux sites web français :

Sites institutionnels, sites de grandes entreprises, des principaux médias (et aussi de nombreuses interrogations dans la base de données Eureka.cc(3), pour évaluer la concurrence entre termes anglais et termes français), sites officiels de l’Union européenne (car c’est là que se joue, en grande partie, le sort du français).

Trois angles d’analyse :

J’ai analysé l’état du français (c-à-d. de son corpus, son lexique et sa grammaire) et de son utilisation (c-à-d. de son statut) sous trois angles, d’où la division de mon livre en trois parties :

1) L’omniprésence de l’anglais dans l’environnement visuel et auditif des Français (Première partie) ;

2) La pénétration de l’anglais dans le domaine du corpus du français (Partie II) ;

3) La concurrence de l’anglais dans le domaine du statut du français (Partie III).

Dans ma Conclusion, je présente une série de mesures qui pourraient aider, sinon à inverser la situation, du moins à la stabiliser.

Première partie : « La partie visible de l’iceberg »

1) Sur le terrain. J’ai arpenté les rues de grandes villes françaises (principalement Paris et Nice). J’ai relevé le nom des enseignes. Je suis entré dans des magasins d’alimentation (Carrefour, Monoprix...), des restaurants fast-food et « ethniques » (McDonald’s, O’Tacos...), des boutiques de vêtements (Camaïeu, IKKS, Levy’s, Undiz...), des librairies (FNAC...), des salons de coiffure, de barbier (barber shop), etc.

À la différence de ce qu’on voit au Québec, partout, j’ai été confronté à des enseignes, des noms de produits ou de services, des slogans de campagnes publicitaires, des affichages en anglais ou dans une forme hybride, franglaise.

Un exemple : Avenue Jean-Médecin à Nice, 33% des enseignes étaient en anglais ou en franglais (forme hybride) lors de mon relevé en 2022.

J’ai pensé au combat des Québécois pour donner un « visage français » à leurs villes. En France, le cœur des villes a désormais un visage franglais.

2) Sur la Toile, j’ai navigué sur les sites de grandes entreprises françaises (Renault, Peugeot, Air France...), mais également des sites institutionnels (ministères, régions, communes, universités, écoles de commerce, etc.).

Partout j’ai noté la présence de l’anglais : dans le nom des sociétés, de leurs divisions, dans les slogans de leurs marques, les noms de leurs produits et services, ceux de bâtiments publics, d’événements, etc.

Un exemple : Le Groupe Renault est devenu Renault Group en 2021. La division des camions s’appelle Renault Trucks. Celle des produits, Renault Retail Group. Le service après-vente, Renault Car Service. Celui de location de véhicules, Renault Share Mobilize. Celui de remise en état des véhicules d’occasion, Refresh Service par Renault Care...

Je ne veux pas abuser des exemples. J’en ai des dizaines dans mon livre. Je terminerai cet aspect de la partie visible de l’iceberg par trois autres exemples caractéristiques.

Un exemple de fast-food : En France, tous les services et les « plats » chez McDonald’s sont des trademarks américaines, des marques déposées en anglais : McDelivery, McChicken, McPancake, Filet-o-Fish, Ice tea... Au Québec, même McDo a fait un gros effort de francisation : McLivraison, McPoulet, McCrêpes,Filet de poisson, Thé glacé...

Un exemple particulièrement ridicule : OceanSpray, coopérative américaine, vend des canneberges au Québec et des cranberries en France.

Un exemple de marque territoriale : Celle d’Angers Loire Métropole (agglomération d’Angers sur la Loire = anglicisme de syntaxe) est Angers Loire Valley, anglicisme justifié de la manière suivante : « De l'extérieur, la vallée de la Loire est un identifiant fort […]. Or, qu'on le veuille ou non, l'anglais est devenu l'espéranto [sic] des temps modernes. L'anglicisme s'est donc imposé, avec la volonté de présenter une marque unique aussi bien en France qu'à l'étranger ». C’est clair : le français ne convient pas aux étrangers, mais l’anglais convient aux Français, même sur leur territoire.

Conclusion : en France, 1) l’anglais est partout dans l’environnement visuel et auditif (Je n’ai pas parlé des chansons diffusées dans les commerces. Ce sont pratiquement toujours des chansons anglaises) ; 2) les Français eux-mêmes y ont systématiquement recours pour nommer leurs sociétés, (même) leurs (petits) commerces, leurs produits, leurs services, leurs événements. Dans la tête des gens, l’anglais est devenu la langue de superstrat(4) ; 3) Il ne semble pas y avoir de forte volonté politique d’abandonner cette pratique.

Mais la partie visible de l’iceberg n’est que le symptôme de quelque chose de plus grave encore. Si l’on descend dans les profondeurs, on découvre deux phénomènes plus inquiétants : la pression que l’anglais exerce non seulement sur le corpus de la langue, mais aussi sur son statut, son emploi...

 Partie II : La pression de l’anglais sur le corpus du français

Je n’entrerai pas dans le détail de la pénétration de l’anglais dans le corpus du français. Dans le livre, j’en fait une longue description fondée sur l’analyse de la langue des médias français (sur leurs sites web ou à partir de la banque de textes journalistiques Eureka.cc)(5).

Dans ce but de sensibilisation, j’insiste sur le fait que la pression de l’anglais sur le corpus du français ne se manifeste pas seulement : 1) sur le lexique, mais aussi : 2) sur la grammaire ; pas seulement : 3) sous la forme d’emprunts de mots anglais, mais aussi : 4) de sens anglais ; pas seulement : 5) sur la morphologie, mais aussi : 6) sur la syntaxe.

En fait, toutes les catégories de la langue sont touchées, à part la phonologie (quoique avec un bémol : le phonème /ŋ/, comme dans marketing : /maʁ.ke.tiŋ/, peut être considéré comme un emprunt à langlais), du moins en français central.

On observe cependant de grandes différences de traitement dans la prononciation des mots anglais entre les Français (prononciation souvent basée sur l’orthographe du mot) et les Québécois (souvent basée sur la prononciation anglaise).

Tous ces phénomènes ont une seule et même cause : la pression de l’anglais sur le français. On assiste à un processus d’hybridation(6) anglaisfrançais, un mouvement inverse, mais semblable à celui qui a produit langlais moderne à partir de linvasion anglo-normande (langue romane : latin, françaislangue germanique).

Au résultat, c’est ce que j’ai appelé le New French, nouveau terme pour marquer qu’on avait atteint une étape supplémentaire dans l’anglicisation depuis le franglais décrit par Étiemble en 1964(7). Par New French, j’entends un français en cours d’hybridation, fortement marqué par des interférences lexicales, phraséologiques, morphologiques et syntaxiques de l’anglais.

Plus de détails :

1. Pressions sur le lexique :

1.1 Emprunts de mots anglais : Ce sont ceux qu’on remarque le plus facilement et qu’on combat (France Terme, Office québécois de la langue française...) à cause de leur forme anglaise (leur signifiant). On les compte par milliers : mots simples comme box, kit, set, pack..., mots composés comme business plan, call center, check-list..., tournures phraséologiques imagées comme business angel, low profile, open bar...

Je me suis plus particulièrement intéressé à une quarantaine d’adjectifs que j’ai déclarés « en instance de naturalisation » : arty, cosy, easy, flashy, friendly, happy, hard, healthy, punchy, soft, vintage, etc. Ces adjectifs fréquents posent la question de la différence entre un xénisme et un emprunt.

1.2 Emprunts de sens anglais : Ce sont des mots français auxquels s’est ajouté un sens anglais. Ils sont aussi très nombreux comme conventionnel (vs classique, traditionnel), dédié (vs consacré à, destiné à, prévu pour), éligible (vs ayant droit à, admissible à), initier (vs lancer), opérer (vs assurer, exploiter), questionner (vs remettre en question, contester), réhabiliter (vs restaurer, rénover), sanctuaire (vs refuge) ... Ce sont les anglicismes qu’on remarque le moins parce le sens anglais (le signifié) se cache sous une forme française (le signifiant). Mais ils sont la conséquence de la même pression de l’anglais sur le français.

2. Pression sur la grammaire :

3.1 Elle s’exerce non seulement sur le morphologie, comme le préfixe e- (e-commerce) ; le suffixe -ing (franglicismes : footing...) ; les suffixes lexicaux -gate (= le scandale de), -land (= le pays de), man (homme) ; les sigles (SUV) ; les acronymes (PIN) ; les troncations par apocope (after, bachelor, drive) ; les mots-valises (podcast = iPod + broadcasting) et tous ses dérivés (podcaster, podcastable, podcasteur).

3.2 mais aussi sur la syntaxe, comme des changements de partie du discours : Paris ville monde (vs de rang mondial) ; des changements de construction : jouer une équipe, signer un joueur ; des inversions dans l’ordre des mots : Macron compatible, Sorbonne Université ; des combinaisons non idiomatiques verbe+ complément : adresser un problème ; des calques de construction : le deuxième plus grand ; des accumulations d’adjectifs et d’adverbes antéposés. Exemple : « Le très médiatique et controversé professeur marseillais, Didier Raoult, est désormais visé par une plainte. » (lematin.ch, 03-09-2020).

Concurrence

La concurrence sur le marché linguistique entre mots anglais et mots français n’est pas uniforme. Certains mots français résistent à la pression (grille-pain vs toaster)(8), d’autres s’effondrent. Certains néologismes s’imposent (jardinerie vs garden center), d’autres ne « décollent » pas (camion-restaurant vs food-truck). Parfois, la concurrence est serrée, laissant un léger avantage au français (stimuler vs booster) ou à l’anglais (phishing vs hameçonnage).

Exemple : le syntagme serial + nom a fourni un grand nombre de combinaisons comme serial + (nom négatif) agresseur, cambrioleur, menteur (Trump...), gaffeur (Biden...), violeur, voleur ; serial + (nom positif) auteur, buteur, entrepreneur, séducteur... Concurrence : dans le presse française : cambrioleur en série (73% des occurrences) / serial cambrioleur (27%).

Cependant si la concurrence de l’anglais dans le corpus du français peut être irritante, voire insécurisante, ce n’est pas la menace la plus grande qui pèse sur notre langue. Après tout, l’anglais a emprunté plus de mots français que le français ne l’a fait de mots anglais. Langue germanique, il ne compte plus que 25% de mots d’origine germanique contre 28% d’origine française (tous dialectes et époques confondus) et 28% d’origine latine(9). Cela ne l’a pas empêché d’accéder au statut qu’on lui connaît de première langue de communication mondiale.

Le français n’est pas encore anglicisé à ce point. J’évalue ses emprunts lexicaux à l’anglais entre 8% (cf. 5 000, Weismann(10)) et 13% (cf. 8 000, Gilder(11)), si l’on s’en tient à la langue générale (60 000 mots). Cependant le pourcentage est plus élevé, si l’on prend en compte les vocabulaires spécialisés.

Il y a une menace plus grave que les anglicismes, cette menace, c’est l’anglais lui-même et l’usage de plus en plus fréquent qu’on en fait. C’est l’objet de ma Troisième partie. 

Partie III : La concurrence de l’anglais dans le statut du français

C’est ce que j’ai appelé, inspiré par un titre célèbre(12), les « territoires perdus de la langue française », c’est-à-dire la diminution des territoires où la langue française est d’usage, qu’il s’agisse de territoires physiques (en Europe, en Afrique) ou de domaines d’utilisation, de territoires intellectuels (dans la diplomatie, le commerce, l’enseignement, la recherche scientifique...).

J’ai déjà parlé de la dégradation de la présence du français dans l’environnement visuel et auditif en France, de la supplantation du français par l’anglais dans le nom des entreprises, des commerces, de leurs produits et services, des bâtiments, des événements, etc. Ce sont des territoires perdus, mais il y en a d’autres, plus graves encore.

Critique du « jovialisme » de l’OIF :

Je critique ses définitions (la notion même de « francophone »), ses méthodes de calcul (l’absence de données directes fiables) et ses chiffres. Contrairement à ce que l’OIF affirme(13), nous sommes certainement loin d’être 321 millions(14) à parler français sur la planète. Certes, nous sommes souvent la deuxième langue après l’anglais. Mais une deuxième langue qui se situe loin, très loin derrière lui.

1. Perte d’influence du français comme langue de communication internationale :

1.1 La langue de la diplomatie :

Les institutions mondiales : à l’ONU à New York, en 2017, 84,86% des textes ont été rédigés en anglais, 2,44%, en français.

Les institutions européennes : à Bruxelles, au Secrétariat général de l’Union européenne, en 2017, 92,46% des documents ont été rédigés en anglais, 2,07% en français.

La politique au niveau de l’Union européenne se fait en anglais. Les directives et les sites web de l’UE sont rédigés en anglais et, souvent, simplement traduits automatiquement dans les 23 autres langues officielles de l’Union (avec mise en garde selon laquelle ces traductions n’ont pas valeur légale).

Exemple : Le groupe Renew Europe (social-libéral) au Parlement européen. En 2024, il comprend 77 députés, dont 15 Français ; de 24 pays, 24 langues différentes. Présidente : la Française Valérie Hayer. Comment éviter l’anglais comme langue de communication ?

1.2 Le français comme langue de communication en Europe :

Langue maternelle : 1) l’allemand (90 millions), 2) le français (72 à 75 millions, soit 15% de la population européenne).

Langue seconde : 1) l’anglais (44%), 2) le français (20%).

1.3 Le français comme langue d’apprentissage de langues étrangères en Europe : 1) l’anglais (96% des élèves l’apprennent comme deuxième ou troisième langue), 2) le français (22%), en perte de vitesse, talonné par l’allemand (18%) et l’espagnol (17%), en hausse.

1.4 Quasi-disparition du français dans les publications scientifiques :

En 1880, trois langues, l’anglais (36%), le français (27%) et l’allemand (24%)(15), dominaient les publications scientifiques. En 2006-2015, l’anglais représentait 97% des publications indexées par le Science Citation Index Expanded (6 500 revues, 150 disciplines), le français, 0,4%.

1.5 La part véritable du français sur Internet :

La part du contenu par langues sur Internet est la suivante : 1) anglais (60%), 5) français (4%), après le chinois (16%), l’espagnol (8%) et l’arabe (5%). En 2023, le français occupait la 8e place sur Internet par langues utilisées, soit 3% des utilisateurs.

2. Les territoires physiques du français : une peau de chagrin ?

2.1 Perte d’influence du français en Afrique devant la concurrence des langues nationales et de l’anglais. L’OIF pratique le déni dans ce domaine, parlant de « partenariat » entre les langues plutôt que de « concurrence ».

Très faible part des populations africaines ayant le français comme langue première et même langue seconde.

2.2 Perte d’influence politique accentuée par les putschs antifrançais et pro-russes des années 2020-2022 (Mali, Guinée, Burkina Faso, Niger).

2.3 Recul du statut du français dans plusieurs pays africains : En 2008, le Rwanda a abandonné le français comme langue de l’enseignement et de l’administration. En 2014, le Burundi a intégré l'anglais dans son système éducatif et administratif. En 2022, le Gabon et le Togo sont devenus membres du Commonwealth. En 2022, l’Algérie a intégré l’enseignement de l’anglais dès la troisième année du primaire en parallèle avec celui du français. En 2023, elle a décidé d’interdire les programmes scolaires français dans les établissements privés. Au Maroc, les jeunes générations préféreraient que l’anglais remplace le français dans l’enseignement...

Le « choc des législations »

Ce que j’ai appelé « le choc des législations », allusion à l’ouvrage célèbre de Samuel Huntington(16), est un obstacle de taille dans la défense du français.

Les textes européens (Traité de Rome, décisions de justice et directives diverses) interdisent en fait aux États de l’Union d’imposer l’emploi unique d’une langue, de leur langue nationale, au nom de la libre circulation des biens et des services. Cela favorise indirectement l’anglais, seule langue considérée comme étant comprise par une majorité de gens.

La loi française (loi Toubon) de défense du français s’est heurtée à la législation européenne, un peu comme la Charte de la langue française québécoise s’est heurtée à la Charte canadienne des droits et libertés et aux arrêts de la Cour suprême du Canada. Par ailleurs, son application même est peu respectée et les sanctions encourues, rarement appliquées.

En prenant l’exemple d’un tube de dentifrice Colgate, j’ai montré que le français était mieux protégé dans l’étiquetage des produits de consommation au Canada qu’en France.

Conclusion

On le voit, contrairement à ce que prétendent l’OIF (et les Linguistes atterrées), le français ne va pas très bien. En fait, il va mal. Faut-il, baisser les bras pour autant ?

Certes, les obstacles sont énormes : la mondialisation de l’économie, la nécessité de multiplier les échanges entre locuteurs de langues différentes, l’anglais devenu lingua franca du XXIe siècle, la puissance économique et culturel du monde anglo-saxon (États-Unis et Grande-Bretagne), l’internationalisation de l’économie et de la politique au niveau européen, le « choc des législations » en France, la priorité donnée à d’autres questions (baisse du niveau de vie, délabrement des services publics, augmentation de l’endettement, immigration incontrôlée, agression russe en Ukraine), etc.

Cependant, s’il est difficile d’imaginer de renverser la situation, d’inverser le mouvement d’anglicisation, il est encore possible de le stabiliser dans certains domaines. C’est pourquoi je propose de prendre des mesures en France et en Europe à l’instar de ce qui a été fait au Canada et au Québec.

Cela pourrait paraître choquant au Québec, mais il faut créer en Europe francophone une culture de cohabitation du français et de l’anglais pour encadrer l’utilisation de ces deux langues, plutôt que le laisser-aller actuel qui ne fait que favoriser l’expansion de l’anglais. Voici une liste d’actions et de mesures à prendre pour améliorer la situation :

·         Créer un débat de fond sur la place des langues aux niveaux français et européen ;

·         Revoir la législation européenne concernant l’usage des langues, afin de supprimer l’avantage indu, dont bénéficie l’anglais ;

·         Lancer un Grenelle des langues en France ;

·         Établir une véritable politique linguistique française ;

·         Revoir la loi Toubon et faire respecter la nouvelle loi ;

·         Créer un poste de médiateur des langues ;

·         Créer un fonds d’aide juridique aux associations de défense de la langue française ;

·         Introduire des questions sur la connaissance et l’emploi des langues dans les recensements en France ;

·         Financer des programmes de recherche sur l’utilisation des langues (au travail, etc.) ;

·         Favoriser la diffusion des travaux des commissions de terminologie ;

·         Affecter en priorité à l'éducation (à l'enseignement du/en français) les milliard consacrés par la France au développement, en particulier en Afrique francophone.

Vaste programme ! comme aurait dit le général De Gaulle.

***

Trois phénomènes à prendre en compte dans l’analyse de la situation linguistique :

Marché des langues : L’ensemble des langues du monde constitue le « marché des langues », marché sur lequel les clients vont « s’approvisionner ». Comme sur tout marché, les produits se font concurrence. Il y a des langues plus demandées que d’autres en fonction des plus ou moins grands services qu’elles procurent. Sur ce marché, le français subit une double concurrence de l’anglais : concurrence sur les mots à « vendre » (de nos jours, le français emprunte plus à l’anglais que l’anglais n’emprunte au français) ; concurrence sur le nombre de services rendus (il y a des domaines, comme la communication scientifique, dans lesquels l’anglais a supplanté le français).

Loi de l’utilité des langue

Deux critères essentiels expliquent l’expansion ou la régression d’une langue : le nombre de locuteurs qu’elle permet d’atteindre et le nombre de situations de communication dans lesquelles on peut l’utiliser. C’est ce que j’appelle la loi d’utilité des langues, que je formule de la manière suivante :

« Plus une langue permet de communiquer avec plus de locuteurs dans plus de situations de communication, plus cette langue est utile et plus elle a de chances de se développer. » (Le naufrage, p. 219).

Loi générale d’économie d’énergie ou loi du moindre effort

« Le principe ou la loi du moindre effort ou principe de moindre résistance, postule que les individus sont intrinsèquement attirés par les options qui nécessitent le moins d'effort, qu'il soit mental, physique ou émotionnel. » (FourWeekMBA, 29-02-2024).

Cette loi est une des causes du recours aux emprunts, produits prêts à servir.

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Mots-clés : Lionel Meney, auteur, Le naufrage du français, le triomphe de l'anglais. Enquête, titre, sociolinguistique, langue française, concurrence de l'anglais, corpus, statut, France, Europe, Afrique, Organisation internationale de la Francophonie, OIF.


(1) Jovialisme : (Québec) (Péjoratif) Optimisme exacerbé et aveugle à la réalité (Wiktionnaire).

(2) C’est aussi la position des Linguistes atterrées. Voir Le français va très bien, merci, Paris, coll. Tract, Gallimard, 2023. J’ai rédigé une réponse à ce pamphlet sous le titre La sociolinguistique entre science et idéologie, éditions Lambert-Lucas, Limoges, 2024.

(3) Eureka.cc (une société de Cision inc.). Cette base de textes journalistiques donne accès à la quasi-intégralité des articles de la presse française. Pour la période considérée (2018-2023), elle comptait 45 millions d’articles.

(4) « Ensemble de faits linguistiques (phonétiques, grammaticaux ou lexicaux) nouveaux dans une langue, imputables à l’influence d’une autre langue. Dans ce cas, une langue B exerce son influence sur une langue A sur un territoire donné, sans toutefois la supplanter. À terme, les locuteurs de la langue B finissent par adopter la langue A. » (Wikipédia).

(5) J’ai également établi une typologie des anglicismes en français québécois. Si les emprunts peuvent être différents (quoique de moins en moins), les mêmes catégories s’appliquent. Voir Le français québécois entre réalité et idéologie, Québec, Presses de l’Université Laval, 2017, p. 191 et suiv.

(6) Hybridation : croisement entre deux langues, en l’occurrence, l’anglais et le français.

(7) René Étiemble, Parlez-vous franglais ? Paris, Gallimard, 1964.

(8) J’ai étudié le rapport de force entre les anglicismes et les mots et sens français dans la presse francophone européenne à partir de la base de textes journalistiques Eureka.cc pour la période 2012-2022.

(9) Répartition établie en 1973 par Thomas Finkenstaedt et Dieter Wolff, en se basant sur les 80 000 mots du Shorter Oxford Dictionary (3e édition).

(10) Weisman, Peter, Dictionnaire étymologique et critique des anglicismes, Paris, De Boccard, 2020.

(11) Gilder, Alfred, En vrai français dans le texte : dictionnaire franglais-français, Paris, Cherche-Midi, 1999.

(12) Emmanuel Brenner (dir.), Les territoires perdus de la République, Paris, Pluriel, 2016.

(13) « Les critiques de Lionel Meney apportent un regard précieux, sur les données de l'OIF et soulignent la nécessité d'une approche plus rigoureuse et nuancée concernant la mesure de l'usage du français à l'échelle mondiale. Sa perspective invite à la réflexion et à un débat plus large sur la place du français dans un monde en mutation linguistique. » (chatGPT, interrogé le 22/09/2024).

(14) OIF, La langue française dans le monde (2019-2022). En 2024, nouvelle augmentation, elle annonce le chiffre de 343 millions de francophones.

(15) Chiffres arrondis.

(16) Samuel Huntington, Le choc des civilisations, Paris, Odile Jacob, 2009.

 

Itinéraire d’un anglicisme de sens : « tapez votre carte »

Je relève, sur le site de la Banque nationale, la phrase suivante : « Réglez vos achats de 250$ et moins grâce à la fonction Tapez et Partez MD offerte automatiquement sur votre carte de crédit Mastercard MD de la Banque Nationale. » Je constate que le Gouvernement du Canada, sur son site, utilise la même expression : « Paiement sans contact ou avec la technologie Tapez et partez » dans la version française (« Contactless or tap payment » dans la version anglaise). Cet emploi du verbe taper heurte le sentiment linguistique de tout francophone.

En français, taper veut dire d’abord frapper, battre (taper un enfant), ensuite composer, saisir en tapant sur un clavier (taper un texte, taper un code).

Dans le cas d’un paiement avec contact, on doit d’abord insérer ou glisser sa carte dans le terminal de paiement, puis taper son code sur ce terminal. Dans celui d’un paiement sans contact, on n’a justement pas besoin de taper de code. C’est l’avantage de cette technique. Il suffit d’approcher la carte du terminal ou de le balayer à courte distance ou encore de la placer, de la poser dessus.

La version anglaise de la Banque nationale stipule : “Pay for purchases of $250 or less with the Tap & Go ® feature automatically available on your National Bank Mastercard ® credit card.” Le traducteur de la Banque, comme celui du Gouvernement du Canada, s’est laissé abuser par la similitude de formes (de signifiants) entre l’anglais (tap) et le français (taper). Mais le sens de l’anglais tap (son signifié) est différent de celui du français taper, comme l’indique cette définition de Wiktionary : To (lightly) touch (a finger, foot, or other body part) on a surface, often repeatedly. You can pay by tapping your card”. 

Dans le cas d’un paiement sans contact, on n'a rien à taper, on doit simplement approcher la carte du terminal ou la placer devant lui.

Mots-clés : anglicisme ; anglicisme de sens ; faux-amis ; paiement sans contact ; taper ; approcher ; Gouvernement du Canada ; Banque nationale.

14 octobre 2024

Combien de francophones sommes-nous vraiment ?

À la veille de son XIXe Sommet, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) nous apprend qu’en 2024, nous étions 343 millions de francophones dans le monde. Selon elle, nous étions « seulement » 274 millions en 2014, 321 millions en 2022, soit un gain de 69 millions en 10 ans, de 22 millions en 2 ans. Vingt-deux millions de personnes en plus, qui seraient devenues « francophones » sur cette courte période. L’OIF nous annonce aussi que, sur ces 343 millions, « plus de la moitié » se trouvent en Afrique. Autrement dit, près de 171 millions de francophones se trouveraient ailleurs. Si l’on compte les francophones de l’hémisphère nord (France, Belgique, Suisse, Canada), les seuls à pouvoir être dénombrés d’une manière (à peu près) sûre, on ne dépasse guère les 83 millions de locuteurs. Il reste donc à trouver 88 autres millions de francophones. Où sont-ils ? En Amérique du Nord (hors Canada) ? En Amérique du Sud ? En Asie ?

Ces chiffres mirobolants sont peu crédibles. Ils ne s’appuient ni sur des bases définitionnelles, ni sur des bases statistiques solides. La notion même de « francophone » retenue est la plus large et la plus vague possible. Or, il ne suffit pas d'avoir suivi des cours de français à l'école pour pouvoir être considéré comme vraiment francophone. À quoi cela sert, si vous n'avez pas besoin de parler français à la maison et, plus encore, au travail ? Une langue utilisée seulement à la maison s’étiole ; une langue nécessaire au travail se développe. Combien des francophones comptabilisés par l’OIF ont besoin de notre langue dans leur vie professionnelle, quand on sait que, même pour les véritables francophones, le français n'est plus à même de répondre à tous leurs besoins de communication ?

Le dénombrement ne s’appuie sur aucun recensement linguistique spécifique (parmi les pays « francophones », seuls le Canada et la Suisse recensent l’usage des langues), mais seulement sur des extrapolations mettant en jeu le taux de scolarisation (lui-même suspect, en particulier en Afrique) des enfants et la progression démographique (pas toujours précisément décomptée) des populations.

À l’opposé de ces fanfaronnades, le tableau de la situation réelle du français n’est pas aussi glorieux. Certes l’OIF regroupe 88 États et gouvernements, mais peut-on considérer comme « francophones » la Bulgarie, l’Égypte ou les Émirats arabes unis ? Le français serait la deuxième langue diplomatique au monde. Ce qui est vrai, c'est qu'à l’ONU, à New York, en 2017, 85% des textes ont été rédigés en anglais, 2%, en français ; qu'au Secrétariat général de l’Union européenne, à Bruxelles, 92% des documents l’ont été en anglais, 2% en français. Selon l’OIF, le français serait la 4e langue utilisée sur Internet. Ce qui est vrai, c'est que la part réelle du contenu sur Internet est la suivante : anglais (60%), français (4%). En 2023, notre langue y occupait la 8e place, soit 3% des utilisateurs. En Europe, l’anglais langue étrangère est choisi par 96% des élèves ; le français (22%), en baisse, est talonné par l’allemand et l’espagnol, en hausse. Aux États-Unis, le français langue étrangère a été supplanté par l’espagnol ; en Russie, par l’anglais. Le français a pratiquement disparu des publications scientifiques. En 1880, trois langues, l’anglais, le français et l’allemand, se partageaient, à parts à peu près égales, ce domaine crucial. En 2006-2015, l’anglais représentait 97% des publications indexées par le Science Citation Index Expanded (6500 revues, 150 disciplines), le français, 0,4%.

La perte d’influence du français se fait nettement sentir en Afrique, où se joue l'avenir de la Francophonie. Notre langue y subit de plus en plus la concurrence des langues nationales (dans le déni, l’OIF qualifie ce phénomène de « cohabitation » entre « langues partenaires ») et de l’anglais. En réalité, seule une très faible part de la population a le français comme langue première et même comme langue seconde. Cette perte a été accentuée par les putschs largement antifrançais et pro-russes des années 2020-2022 (Mali, Guinée, Burkina Faso, Niger). En 2008, le Rwanda a abandonné le français comme langue de l’enseignement et de l’administration. En 2014, le Burundi a intégré l'anglais dans son système éducatif et administratif. En 2022, le Gabon et le Togo sont devenus membres du Commonwealth. En 2022, l’Algérie a introduit l’enseignement de l’anglais dès la troisième année du primaire en parallèle avec celui du français. En 2023, elle a décidé d’interdire les programmes scolaires français dans les établissements privés. Un sondage récent montre que la majorité des jeunes Marocains préféreraient que l’enseignement soit donné en anglais plutôt qu’en français...

Ce qui est vrai aussi, malheureusement, c'est qu'en France même, notre langue subit la concurrence de plus en plus vive de l'anglais comme le révèlent le visage franglais de nos villes, les noms anglais de grandes entreprises, d’établissements publics ou de petits commerces, de produits et de services, d'événements, etc. Alors pourquoi nourrir l'illusion d'un tableau idyllique ? Ne vaudrait-il pas mieux regarder la réalité en face, afin de sauver ce qui peut l'être encore ?

Souvenirs incomplets...

De 1971 à 1995, il y avait à Québec un célèbre club de hockey sur glace, les Nordiques de Québec. En 1979, ils sont entrés dans la Ligue nationale de hockey (en anglais National Hockey League ou NHL). En 1972 eut lieu pour la première fois au Canada une série de matches restée célèbre (appelée la Série du siècle) entre l’équipe nationale du Canada et celle de l’URSS. C’est alors que les Canadiens ont fait vraiment connaissance avec le hockey et les joueurs soviétiques.

Certains de ces joueurs voulaient jouer en Amérique, mais le système soviétique de l’époque leur interdisait de le faire. En 1989, j’ai rencontré furtivement Igor Larionov (Игорь Николаевич Ларионов) dans son hôtel, le Château Bonne Entente à Québec. Je lui ai fourni à sa demande des journaux en langue anglaise. Il était l’un des rares, sinon le seul joueur russe à parler cette langue. Finalement il réussira à jouer pour les Canucks de Vancouver.

À partir de ces années-là, les premiers joueurs russes ont commencé à pouvoir signer des contrats en Amérique du Nord. L’arrivée de chacun d’entre eux était un véritable événement. À l’époque très peu de gens parlaient russe à Québec (ce n’est plus le cas aujourd’hui, car il y a désormais beaucoup de Russes et d’Ukrainiens). J’ai été chargé par les Nordiques de Québec de servir d’interprète pour Alexeï Goussarov (Алексей Васильевич Гусаров) en 1990, Valeri Kamenski (Валерий Викторович Каменский) en 1991 et Andreï Kovalenko (Андрей Николаевич Коваленко) en 1992. Ma collègue, Hélène Paléologue, aussi a été sollicitée comme interprète.

Mots-clés : interprétation, russe-français-russe, hockey sur glace, Nordiques de Québec, Ligue nationale de hockey, joueur soviétique, Igor Larionov, Alexeï Goussarov, Valeri Kamenski, Andreï Kovalenko, Hélène Paléologue.

12 octobre 2024

Réduflation ou Réducflation? Raisons d’un échec.

Selon un coup de sonde que j’ai fait dans la base Eureka.cc du groupe Cision le 12-10-2024, le terme shrinkflation est apparu pour la première dans les médias anglophones nord-américains le 25-03-2017 dans The Christian Science Monitor. Il est apparu pour la première fois dans la presse francophone européenne (PFE) le 17-10-2021 dans une dépêche de l’AFP, grande pourvoyeuse d’anglicismes, reprise par plusieurs journaux français, soit près de 5 ans plus tard.

Pour remplacer ce mot-valise anglais (shrink + inflation), le terme réduflation a été proposé. En Europe francophone, il n’a pas connu de succès, même s’il n’est pas complétement absent de la presse. Il est apparu dans la PFE le 26-01-2022, soit environ 3 mois plus tard seulement.

En date du 12-10-2024, le terme shrinkflation était mentionné 2809 fois dans la PFE ; réduflation, 578 (près de 5 fois moins). C’est une première preuve du succès très limité du terme. Si l’on interroge la base pour savoir quand les 2 mots (shrinkflation ET réduflation) sont employés ensemble, on obtient 519 fois. Si l’on demande combien de fois réduflation est employé tout seul (réduflation SANS shrinkflation), on obtient 59 fois seulement. C’est là le véritable signe de la vitalité très limitée du terme. En revanche, si l’on demande combien de fois shrinkflation est employé seul (shrinkflation SANS réduflation), on obtient 2290 fois (près de 40 fois plus). Là, c’est le signe de la (grande) vitalité du terme anglais.

On doit se demander pourquoi réduflation ne s’est pas implanté dans la PFE. Les raisons du succès ou de l’échec d’une création lexicale sont toujours multiples, complexes, difficiles à cerner. J’en parle plus en détail dans Le naufrage du français, le triomphe de l’anglais, PUL, 2024 (p. 168-172).

Dans ce cas, le délai entre l’introduction de l’anglicisme et l’emploi d’un néologisme de rechange a été très court. Il ne semble donc pas qu’il faille chercher la raison dans une longue implantation de l’anglicisme.

En revanche, l’artificialité du terme est à prendre en compte. Contrairement à ce que dit le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française, qui le « trouve acceptable parce qu’il s’intègre bien au système linguistique du français » (sic), il est assez mal formé. En effet, la coupe ré-du-ction ne respecte pas le coupe syllabique normale, qui est ré-duc-tion. Elle va à l’encontre du sentiment de la langue. D’ailleurs la forme abrégée réduc s’emploie en langage familier pour réduction (50% de réduc). Il est étonnant que les inventeurs du terme réduflation n’y ait pas pensé. Pour respecter la règle, il aurait donc fallu proposer réducflation. (L’anglais shrink-fla-tion, quant à lui, respecte cette règle de base).

On trouve d’ailleurs quelques (rares) exemples de cette forme plus régulière comme celui-ci :

« Diminuer la quantité dans un paquet ou une bouteille et les vendre au même prix, voire plus cher. Mesquine, déloyale, cette détestable pratique des fabricants pour camoufler une hausse du prix, aussi appelée shrinkflation ou réducflation, n’est pas illégale [...]. » (60 Millions de consommateurs, 17-05-2024).

Rappelons aussi que le procédé de formation par mot-valise (portmanteau word) est typiquement anglais et qu’il respecte l’ordre des mots de cette langue, différent de celui du français.

Les règles de base à respecter dans la création d’un nouveau terme s’appellent clarté, précision et respect de la langue.

Mots-clés : anglicisme, création lexicale, néologisme, shrinkflation, réduflation, réduc, réducflation, implantation, succès, échec, Grand Dictionnaire de la langue française.

11 septembre 2024

Doit-on dire Docteur Untel ou Le docteur Untel?

Un exemple de variation interne. Un rapide sondage dans les avis de patients publiés sur le site d'une clinique privée de Québec (57 occurrences sur une période d'un an) indique que, dans 60% des cas, les auteurs ont utilisé l'article le devant le mot docteur ou son abréviation (le docteur, du docteur, au docteur; merci au Docteur Untel) et dans 40% des cas, ils ont calqué l'anglais (le professionnalisme de Dr Untel; Merci à Docteur Untel).

Mots-clés: rapide sondage, français québécois, variation, syntaxe, anglicisme, docteur, au docteur, à docteur, du docteur, de docteur.