Bonnes
feuilles de Main basse sur la langue. Idéologie et interventionnisme
linguistique au Québec (Liber, Montréal, 2010, chap. VI).
À quoi reconnaît-on l'existence d'une situation de diglossie ?
Selon Schiffman, les douze critères suivants permettent de définir une situation diglossique. (Nous verrons [dans le billet suivant] que la plupart s’appliquent à la situation du Québec) :
Critère 1 : Fonction : Il existe une distribution fonctionnelle entre la « variété haute » et la « variété basse ». À chaque variété correspond un domaine d’usage. La confusion des domaines est sanctionnée socialement.
Critère 2 : Prestige : Il existe une différence de prestige entre la « variété haute » (plus prestigieuse) et la « variété basse » (moins prestigieuse). La « variété haute » est la variété de la « grande littérature », du discours public, des communications de l’État, des cérémonies solennelles (civiles ou religieuses), des textes officiels, des rencontres internationales, etc. La « variété basse » est considérée comme de moindre valeur, « corrompue », « vulgaire », etc.
À quoi reconnaît-on l'existence d'une situation de diglossie ?
Selon Schiffman, les douze critères suivants permettent de définir une situation diglossique. (Nous verrons [dans le billet suivant] que la plupart s’appliquent à la situation du Québec) :
Critère 1 : Fonction : Il existe une distribution fonctionnelle entre la « variété haute » et la « variété basse ». À chaque variété correspond un domaine d’usage. La confusion des domaines est sanctionnée socialement.
Critère 2 : Prestige : Il existe une différence de prestige entre la « variété haute » (plus prestigieuse) et la « variété basse » (moins prestigieuse). La « variété haute » est la variété de la « grande littérature », du discours public, des communications de l’État, des cérémonies solennelles (civiles ou religieuses), des textes officiels, des rencontres internationales, etc. La « variété basse » est considérée comme de moindre valeur, « corrompue », « vulgaire », etc.
Critère 3 :
Patrimoine littéraire : La « variété haute » est la
variété de la langue écrite, du patrimoine littéraire; la « variété
basse », celle de la langue orale, sauf pour certains types particuliers
d’écrits (littéraire populaire, publicité, etc.). Dans le patrimoine
littéraire, écrit dans la « variété haute », le recours à la
« variété basse » sert à se moquer de ceux qui ne maîtrisent pas la
« variété haute » (par exemple, chez Shakespeare ou Molière, le
langage des personnages campagnards, incultes, comiques, etc.).
Critère 4 : Acquisition : La « variété basse » est la variété apprise en premier, en tant que langue maternelle, dans le milieu familial. La « variété haute », seule, est considérée comme une langue véritable.
Critère 5 : Standardisation : La « variété haute » est la variété standardisée, ce qui se matérialise par un corpus écrit, des grammaires, des dictionnaires, etc. La « variété basse » est la variété non standardisée. Elle est souvent peu ou pas décrite (existence de glossaires, mais absence de véritables dictionnaires et de véritables grammaires, orthographe non fixée, etc.).
Critère 6 : Stabilité : Les situations de diglossie sont généralement stables. Elles peuvent durer des siècles. Parfois, la « variété basse » peut gagner du terrain et même supplanter la « variété haute ». Une « variété haute » ne peut supplanter une « variété basse » que si elle est la langue maternelle d’une élite, en général dans un pays voisin.
Critère 7 : Grammaire : La grammaire de la « variété haute » est plus complexe que celle de la « variété basse » (système des genres, des accords, des modes et des temps, syntaxe, etc. plus complexes).
Critère 8 : Lexique : Le lexique est en partie commun, mais il y a une différentiation. La « variété haute » possède des termes que la « variété basse » n’a pas, et inversement.
Critère 9 : Phonologie : Il existe deux cas de figure : 1) Les variétés « haute » et « basse » ont en commun les mêmes éléments, mais soit : a) la « variété haute » a un système morphophonématique plus complexe que la « variété basse », soit b) la « variété haute » constitue un sous-ensemble de l’inventaire morphophonologique de la « variété basse ». (Souvent, les locuteurs ont du mal à les employer séparément); 2) La « variété basse » fait des distinctions que ne fait pas la « variété basse », qui remplace ces lacunes par d’autres phonèmes.
Critère 10 : Distinction entre Diglossie et Langue standard avec Dialecte(s) : Dans une situation de diglossie, personne n’a la langue standard pour langue maternelle. Dans une situation de Langue standard avec Dialecte(s), certaines locuteurs ont la langue standard pour langue maternelle, alors que d’autres ont la « variété basse » et acquièrent la « variété haute » comme un second système.
Critère 11 : Répartition de la diglossie selon les familles de langues, l’espace et le temps : Les situations de diglossie ne sont pas restreintes à une région ou une famille linguistiques. Elles existent depuis des siècles, voire des millénaires.
Critère 12 : Cause(s) de la diglossie : Plusieurs critères peuvent expliquer l’existence d’une situation diglossique : 1) l’existence d’une littérature ancienne et prestigieuse, écrite dans la langue de la « variété haute »; 2) le fait que la maîtrise de la lecture et de l’écriture est limitée à une petite élite. Enfin, c’est un phénomène qui prend du temps à s’instaurer.
Mots-clés : sociolinguistique, diglossie, critères, Schiffman, French Language, Quebec French, diglossia.
Critère 4 : Acquisition : La « variété basse » est la variété apprise en premier, en tant que langue maternelle, dans le milieu familial. La « variété haute », seule, est considérée comme une langue véritable.
Critère 5 : Standardisation : La « variété haute » est la variété standardisée, ce qui se matérialise par un corpus écrit, des grammaires, des dictionnaires, etc. La « variété basse » est la variété non standardisée. Elle est souvent peu ou pas décrite (existence de glossaires, mais absence de véritables dictionnaires et de véritables grammaires, orthographe non fixée, etc.).
Critère 6 : Stabilité : Les situations de diglossie sont généralement stables. Elles peuvent durer des siècles. Parfois, la « variété basse » peut gagner du terrain et même supplanter la « variété haute ». Une « variété haute » ne peut supplanter une « variété basse » que si elle est la langue maternelle d’une élite, en général dans un pays voisin.
Critère 7 : Grammaire : La grammaire de la « variété haute » est plus complexe que celle de la « variété basse » (système des genres, des accords, des modes et des temps, syntaxe, etc. plus complexes).
Critère 8 : Lexique : Le lexique est en partie commun, mais il y a une différentiation. La « variété haute » possède des termes que la « variété basse » n’a pas, et inversement.
Critère 9 : Phonologie : Il existe deux cas de figure : 1) Les variétés « haute » et « basse » ont en commun les mêmes éléments, mais soit : a) la « variété haute » a un système morphophonématique plus complexe que la « variété basse », soit b) la « variété haute » constitue un sous-ensemble de l’inventaire morphophonologique de la « variété basse ». (Souvent, les locuteurs ont du mal à les employer séparément); 2) La « variété basse » fait des distinctions que ne fait pas la « variété basse », qui remplace ces lacunes par d’autres phonèmes.
Critère 10 : Distinction entre Diglossie et Langue standard avec Dialecte(s) : Dans une situation de diglossie, personne n’a la langue standard pour langue maternelle. Dans une situation de Langue standard avec Dialecte(s), certaines locuteurs ont la langue standard pour langue maternelle, alors que d’autres ont la « variété basse » et acquièrent la « variété haute » comme un second système.
Critère 11 : Répartition de la diglossie selon les familles de langues, l’espace et le temps : Les situations de diglossie ne sont pas restreintes à une région ou une famille linguistiques. Elles existent depuis des siècles, voire des millénaires.
Critère 12 : Cause(s) de la diglossie : Plusieurs critères peuvent expliquer l’existence d’une situation diglossique : 1) l’existence d’une littérature ancienne et prestigieuse, écrite dans la langue de la « variété haute »; 2) le fait que la maîtrise de la lecture et de l’écriture est limitée à une petite élite. Enfin, c’est un phénomène qui prend du temps à s’instaurer.
Mots-clés : sociolinguistique, diglossie, critères, Schiffman, French Language, Quebec French, diglossia.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire