Bonnes feuilles
de Main basse sur la langue. Idéologie et interventionnisme linguistique au
Québec
(Liber, Montréal, 2010, chap. VI).
La répartition des fonctions des systèmes linguistiques anglais et français dans la société québécoise n'obéit pas à la libre concurrence. Elle a été en grande partie codifiée par les législateurs. Deux lois, en particulier, interviennent dans le processus : la Loi (fédérale) sur les langues officielles et la Charte (provinciale) de la langue française. De plus, dans le domaine des communications (radio, télévision), le CRTC intervient pour assurer un minimum de présence de l'une ou l'autre langue dans les médias électroniques, notamment en fixant des quotas de diffusion.
Les fonctions de l'anglais
Dans la société québécoise, les fonctions de l'anglais sont nombreuses et importantes.
L'anglais est, avec le français, la langue officielle du gouvernement fédéral canadien et de son administration. La plupart des lois et des règlements canadiens sont d'abord rédigés en anglais. Il est la langue d'usage de la minorité anglophone du Québec et d'une bonne partie des minorités allophones. L'administration fédérale communique en anglais avec tous ceux qui le désirent au Québec.
Le gouvernement du Québec et son administration sont tenus par la Constitution canadienne de donner un certain nombre de services en anglais aux anglophones (publications des lois et des règlements en anglais, possibilité d'utiliser l'anglais devant les tribunaux, etc.).
L'anglais est employé couramment dans l'administration des communes à majorité anglophone, dans les réseaux des établissements hospitaliers et scolaires anglophones. Le réseau d'enseignement anglophone va du primaire à l'université (dont la prestigieuse McGill University). Les enfants, dont au moins un des parents a étudié en anglais au Canada, ont le droit d'aller à l'école dans le réseau anglophone au primaire et au secondaire. Les cégeps et les universités de langue anglaise, dont l'accès est libre, sont fréquentés par de nombreux allophones et francophones.
L'anglais est présent dans la société québécoise grâce à de nombreux médias (radios et télévisions publiques, comme CBC, ou privées, comme CTV; presse, comme le quotidien The Gazette). L'audience de ces médias dépasse le public anglophone pour s'étendre à une partie importante du public francophone et allophone.
L'anglais sert souvent de langue de communication intercommunautaire au Québec même, de langue de communication avec les voisins canadiens et états-uniens du Québec. La plupart des échanges commerciaux du Québec avec l'extérieur (Ontario, États-Unis) se font en anglais.
L'anglais est souvent la langue de travail ou une des langues de travail des Québécois francophones et allophones. Elle est, la plupart du temps, la langue de la recherche, des communications, des publications scientifiques.
L'anglais occupe une place importante dans la culture et le divertissement des Québécois (littérature, essais, films en v. o., chanson, émissions télévisées). Par exemple, les spectacles des chanteurs anglophones attirent plus de spectateurs que ceux des francophones.
Les fonctions du français standard
Précisons d'abord que la notion de « français standard » n'est pas définie dans les textes officiels. Précisons également que la frontière entre français standard et français vernaculaire est souvent poreuse. Cependant, il est facile de reconnaître un texte en français standard et un texte en vernaculaire. Il y a des signes d'ordre grammatical ou lexical, qui permettent de l'attribuer à l'une ou à l'autre catégorie. Certains textes ne comportent aucune trace de vernaculaire; d'autres en sont fortement imprégnés.
Le français est, avec l'anglais, la langue officielle du gouvernement fédéral canadien et de son administration. Cependant, les lois et les règlements du gouvernement canadien sont rarement rédigés directement en français, la plupart du temps, ils sont traduits de l'anglais, ce qui pose des problèmes de qualité de la langue. Les deux versions, anglaise ou française, ont la même valeur légale. L'administration fédérale communique en français avec les francophones du Québec.
Le français est la seule langue officielle du gouvernement du Québec et de son administration. Les textes de lois et de règlements sont rédigés en français, puis traduits en anglais pour respecter les obligations constitutionnelles de la province.
Le français est aussi la langue officielle de travail dans la fonction publique québécoise et les organismes assimilés ainsi que dans les entreprises privées de 50 employés et plus.
Le français est la langue d'enseignement obligatoire au primaire et au secondaire pour tous les enfants, à l'exception de ceux dont l'un des parents a étudié en anglais au Canada. Ceux-là peuvent choisir d'aller soit à l'école de langue anglaise, soit à l'école de langue française.
Le français standard est utilisé dans les situations de communication publique soutenue (cérémonies religieuses, discours et débats politiques, événements solennels, conférences, présentation de l'information à la radio et à la télévision, etc.).
Le français standard est utilisé dans l'enseignement, la diffusion dans le grand public des résultats des recherches en sciences humaines, sciences sociales, etc. (études, essais, manuels, etc.).
Le français standard sert de moyen de communication avec le reste de la francophonie internationale. Il est présent dans le paysage audiovisuel grâce, notamment, à la chaîne TV5.
Le français standard est la langue du patrimoine littéraire commun des Québécois francophones, des Français et de tous les autres francophones (contes, pièces de théâtre, romans, poésie, chansons, etc.). De ce point de vue, on peut dire que Balzac, Victor Hugo ou Maupassant « appartiennent » autant aux Québécois qu'aux Français.
Le français standard est la langue du patrimoine littéraire canadien-français d'avant 1960 (Nelligan, etc.).
Le français standard est la langue des publications françaises contemporaines (littérature française et étrangère en traduction française, essais, magazines, etc.) présentes sur le marché québécois.
Dans le domaine des communications, des radios et des télévisions comme la Société Radio-Canada (entreprise publique), des magazines comme L'Actualité ou Québec-Sciences, des journaux comme Le Devoir ou La Presse, des maisons d'édition privées comme Boréal, ou universitaires, contribuent à l'utilisation du français standard.
La communication publique de grandes sociétés comme le Mouvement Desjardins ou Hydro-Québec contribue aussi grandement à l'emploi et à la diffusion du français standard.
Le français joue un rôle identitaire par rapport à l'anglais.
« Pour nous, Tintin, c'est sacré. Et puis, nous comprenons parfaitement son langage. Quand on essaie d'imaginer Tintin parlant joual, ou même Haddock en train de sacrer, ça ne fonctionne tout simplement pas » (Le Soleil, 26 novembre 2006). [Réaction d'étudiants à la nouvelle selon laquelle on préparerait une version québécoise de Tintin].
Les fonctions du français vernaculaire québécois
Le français vernaculaire [québécois] n'a pas de statut juridique. Il n'en joue pas moins un rôle très important de communication.
Le français vernaculaire est la langue de communication quotidienne de la majorité des familles, dans les communications entre voisins, entre amis.
Il est la langue courante de travail dans de nombreux métiers.
Il est la langue courante de nombreuses émissions de radio (émissions de libre antenne) et de télévision (talk-shows et feuilletons télévisés, etc.). Dans sa forme la plus populaire, il est l'apanage de certains animateurs populistes et racoleurs (radio trash).
Il est la langue du patrimoine littéraire québécois (théâtre, roman, chanson) accumulé depuis le début des années 1960. Ainsi le roman Le Cassé de Jacques Renaud (1964) et la pièce de théâtre Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay (1968) sont des étapes importantes dans la légitimation du français québécois vernaculaire dans le domaine artistique. Des auteurs comme le romancier Victor-Lévy Beaulieu, le poète Gérald Godin (Les Cantouques), l'auteur-compositeur-interprète Plume Latraverse, entre autres, ont illustré cette variété de langue.
Il est la langue incontournable des humoristes, dont l'« ancêtre » est Yvon Deschamps.
Le français vernaculaire québécois joue un rôle identitaire par rapport au « français de France ».
Conclusions
Au Québec, le débat sur le problème de la norme linguistique est brouillé du fait de l'occultation d'un phénomène important : la situation de diglossie dans laquelle se trouve la société […].
Ce déni de réalité entraîne des conséquences importantes dans le domaine de la description linguistique, de la lexicographie, de l'enseignement, de la politique linguistique.
En fait la situation linguistique de la société québécoise répond parfaitement à tous les critères habituels qui permettent de caractériser une situation de diglossie.
Il existe, au Québec, dans l'esprit même des locuteurs, une distinction entre deux systèmes linguistiques, un système vernaculaire, propre à leur société, le québécois, et un système véhiculaire, partagé avec d'autres locuteurs, le français (standard, international, universel, etc.).
Il existe une répartition fonctionnelle entre ces deux systèmes. Le premier étant réservé aux situations de communication les plus courantes, les plus familières (avec la famille, les amis, les voisins, les collègues; dans le divertissement); le second, aux situations de communication les moins familières, plus soutenues, aux situations publiques, officielles, solennelles (textes officiels, cérémonies, discours, rapports, etc.).
La méconnaissance des règles d'emploi de l'un ou de l'autre système est sanctionnée socialement : critique de la mauvaise qualité de la langue des médias, sanction des élèves aux examens, etc. dans le cas d'emploi de la langue vernaculaire dans un contexte de communication avec le public, etc. (parler joual); inversement, critique de l'emploi d'une langue trop soutenue dans un contexte de situation familière (parler pointu, parler la bouche en cul de poule, parler en termes, parler comme les Français, etc.) […].
L'expérience de la publication du Dictionnaire québécois d'aujourd'hui, qui a suscité une véritable levée de boucliers, parce qu'il introduisait dans sa nomenclature des anglicismes québécois, simplement qualifiés « familiers », l'échec commercial de cet ouvrage et le succès d'ouvrages correctifs comme le Multidictionnaire montrent bien que les Québécois font une distinction très nette entre les deux systèmes linguistiques qu'ils emploient, qu'ils ne veulent accorder un statut de légitimité qu'au seul français standard, qu'ils ne sont prêts à débourser que pour des ouvrages qui décrivent cette variante de français.
Mots-clés : sociolinguistique, diglossie, répartition fonctionnelle des langues, anglais, français, français vernaculaire québécois, Québec, diglossia, English, French, Quebec French.
La répartition des fonctions des systèmes linguistiques anglais et français dans la société québécoise n'obéit pas à la libre concurrence. Elle a été en grande partie codifiée par les législateurs. Deux lois, en particulier, interviennent dans le processus : la Loi (fédérale) sur les langues officielles et la Charte (provinciale) de la langue française. De plus, dans le domaine des communications (radio, télévision), le CRTC intervient pour assurer un minimum de présence de l'une ou l'autre langue dans les médias électroniques, notamment en fixant des quotas de diffusion.
Les fonctions de l'anglais
Dans la société québécoise, les fonctions de l'anglais sont nombreuses et importantes.
L'anglais est, avec le français, la langue officielle du gouvernement fédéral canadien et de son administration. La plupart des lois et des règlements canadiens sont d'abord rédigés en anglais. Il est la langue d'usage de la minorité anglophone du Québec et d'une bonne partie des minorités allophones. L'administration fédérale communique en anglais avec tous ceux qui le désirent au Québec.
Le gouvernement du Québec et son administration sont tenus par la Constitution canadienne de donner un certain nombre de services en anglais aux anglophones (publications des lois et des règlements en anglais, possibilité d'utiliser l'anglais devant les tribunaux, etc.).
L'anglais est employé couramment dans l'administration des communes à majorité anglophone, dans les réseaux des établissements hospitaliers et scolaires anglophones. Le réseau d'enseignement anglophone va du primaire à l'université (dont la prestigieuse McGill University). Les enfants, dont au moins un des parents a étudié en anglais au Canada, ont le droit d'aller à l'école dans le réseau anglophone au primaire et au secondaire. Les cégeps et les universités de langue anglaise, dont l'accès est libre, sont fréquentés par de nombreux allophones et francophones.
L'anglais est présent dans la société québécoise grâce à de nombreux médias (radios et télévisions publiques, comme CBC, ou privées, comme CTV; presse, comme le quotidien The Gazette). L'audience de ces médias dépasse le public anglophone pour s'étendre à une partie importante du public francophone et allophone.
L'anglais sert souvent de langue de communication intercommunautaire au Québec même, de langue de communication avec les voisins canadiens et états-uniens du Québec. La plupart des échanges commerciaux du Québec avec l'extérieur (Ontario, États-Unis) se font en anglais.
L'anglais est souvent la langue de travail ou une des langues de travail des Québécois francophones et allophones. Elle est, la plupart du temps, la langue de la recherche, des communications, des publications scientifiques.
L'anglais occupe une place importante dans la culture et le divertissement des Québécois (littérature, essais, films en v. o., chanson, émissions télévisées). Par exemple, les spectacles des chanteurs anglophones attirent plus de spectateurs que ceux des francophones.
Les fonctions du français standard
Précisons d'abord que la notion de « français standard » n'est pas définie dans les textes officiels. Précisons également que la frontière entre français standard et français vernaculaire est souvent poreuse. Cependant, il est facile de reconnaître un texte en français standard et un texte en vernaculaire. Il y a des signes d'ordre grammatical ou lexical, qui permettent de l'attribuer à l'une ou à l'autre catégorie. Certains textes ne comportent aucune trace de vernaculaire; d'autres en sont fortement imprégnés.
Le français est, avec l'anglais, la langue officielle du gouvernement fédéral canadien et de son administration. Cependant, les lois et les règlements du gouvernement canadien sont rarement rédigés directement en français, la plupart du temps, ils sont traduits de l'anglais, ce qui pose des problèmes de qualité de la langue. Les deux versions, anglaise ou française, ont la même valeur légale. L'administration fédérale communique en français avec les francophones du Québec.
Le français est la seule langue officielle du gouvernement du Québec et de son administration. Les textes de lois et de règlements sont rédigés en français, puis traduits en anglais pour respecter les obligations constitutionnelles de la province.
Le français est aussi la langue officielle de travail dans la fonction publique québécoise et les organismes assimilés ainsi que dans les entreprises privées de 50 employés et plus.
Le français est la langue d'enseignement obligatoire au primaire et au secondaire pour tous les enfants, à l'exception de ceux dont l'un des parents a étudié en anglais au Canada. Ceux-là peuvent choisir d'aller soit à l'école de langue anglaise, soit à l'école de langue française.
Le français standard est utilisé dans les situations de communication publique soutenue (cérémonies religieuses, discours et débats politiques, événements solennels, conférences, présentation de l'information à la radio et à la télévision, etc.).
Le français standard est utilisé dans l'enseignement, la diffusion dans le grand public des résultats des recherches en sciences humaines, sciences sociales, etc. (études, essais, manuels, etc.).
Le français standard sert de moyen de communication avec le reste de la francophonie internationale. Il est présent dans le paysage audiovisuel grâce, notamment, à la chaîne TV5.
Le français standard est la langue du patrimoine littéraire commun des Québécois francophones, des Français et de tous les autres francophones (contes, pièces de théâtre, romans, poésie, chansons, etc.). De ce point de vue, on peut dire que Balzac, Victor Hugo ou Maupassant « appartiennent » autant aux Québécois qu'aux Français.
Le français standard est la langue du patrimoine littéraire canadien-français d'avant 1960 (Nelligan, etc.).
Le français standard est la langue des publications françaises contemporaines (littérature française et étrangère en traduction française, essais, magazines, etc.) présentes sur le marché québécois.
Dans le domaine des communications, des radios et des télévisions comme la Société Radio-Canada (entreprise publique), des magazines comme L'Actualité ou Québec-Sciences, des journaux comme Le Devoir ou La Presse, des maisons d'édition privées comme Boréal, ou universitaires, contribuent à l'utilisation du français standard.
La communication publique de grandes sociétés comme le Mouvement Desjardins ou Hydro-Québec contribue aussi grandement à l'emploi et à la diffusion du français standard.
Le français joue un rôle identitaire par rapport à l'anglais.
« Pour nous, Tintin, c'est sacré. Et puis, nous comprenons parfaitement son langage. Quand on essaie d'imaginer Tintin parlant joual, ou même Haddock en train de sacrer, ça ne fonctionne tout simplement pas » (Le Soleil, 26 novembre 2006). [Réaction d'étudiants à la nouvelle selon laquelle on préparerait une version québécoise de Tintin].
Les fonctions du français vernaculaire québécois
Le français vernaculaire [québécois] n'a pas de statut juridique. Il n'en joue pas moins un rôle très important de communication.
Le français vernaculaire est la langue de communication quotidienne de la majorité des familles, dans les communications entre voisins, entre amis.
Il est la langue courante de travail dans de nombreux métiers.
Il est la langue courante de nombreuses émissions de radio (émissions de libre antenne) et de télévision (talk-shows et feuilletons télévisés, etc.). Dans sa forme la plus populaire, il est l'apanage de certains animateurs populistes et racoleurs (radio trash).
Il est la langue du patrimoine littéraire québécois (théâtre, roman, chanson) accumulé depuis le début des années 1960. Ainsi le roman Le Cassé de Jacques Renaud (1964) et la pièce de théâtre Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay (1968) sont des étapes importantes dans la légitimation du français québécois vernaculaire dans le domaine artistique. Des auteurs comme le romancier Victor-Lévy Beaulieu, le poète Gérald Godin (Les Cantouques), l'auteur-compositeur-interprète Plume Latraverse, entre autres, ont illustré cette variété de langue.
Il est la langue incontournable des humoristes, dont l'« ancêtre » est Yvon Deschamps.
Le français vernaculaire québécois joue un rôle identitaire par rapport au « français de France ».
Conclusions
Au Québec, le débat sur le problème de la norme linguistique est brouillé du fait de l'occultation d'un phénomène important : la situation de diglossie dans laquelle se trouve la société […].
Ce déni de réalité entraîne des conséquences importantes dans le domaine de la description linguistique, de la lexicographie, de l'enseignement, de la politique linguistique.
En fait la situation linguistique de la société québécoise répond parfaitement à tous les critères habituels qui permettent de caractériser une situation de diglossie.
Il existe, au Québec, dans l'esprit même des locuteurs, une distinction entre deux systèmes linguistiques, un système vernaculaire, propre à leur société, le québécois, et un système véhiculaire, partagé avec d'autres locuteurs, le français (standard, international, universel, etc.).
Il existe une répartition fonctionnelle entre ces deux systèmes. Le premier étant réservé aux situations de communication les plus courantes, les plus familières (avec la famille, les amis, les voisins, les collègues; dans le divertissement); le second, aux situations de communication les moins familières, plus soutenues, aux situations publiques, officielles, solennelles (textes officiels, cérémonies, discours, rapports, etc.).
La méconnaissance des règles d'emploi de l'un ou de l'autre système est sanctionnée socialement : critique de la mauvaise qualité de la langue des médias, sanction des élèves aux examens, etc. dans le cas d'emploi de la langue vernaculaire dans un contexte de communication avec le public, etc. (parler joual); inversement, critique de l'emploi d'une langue trop soutenue dans un contexte de situation familière (parler pointu, parler la bouche en cul de poule, parler en termes, parler comme les Français, etc.) […].
L'expérience de la publication du Dictionnaire québécois d'aujourd'hui, qui a suscité une véritable levée de boucliers, parce qu'il introduisait dans sa nomenclature des anglicismes québécois, simplement qualifiés « familiers », l'échec commercial de cet ouvrage et le succès d'ouvrages correctifs comme le Multidictionnaire montrent bien que les Québécois font une distinction très nette entre les deux systèmes linguistiques qu'ils emploient, qu'ils ne veulent accorder un statut de légitimité qu'au seul français standard, qu'ils ne sont prêts à débourser que pour des ouvrages qui décrivent cette variante de français.
Mots-clés : sociolinguistique, diglossie, répartition fonctionnelle des langues, anglais, français, français vernaculaire québécois, Québec, diglossia, English, French, Quebec French.
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