07 mai 2018

Où est passée la terminologie québécoise?

La lecture du programme du colloque en terminologie tenu dans le cadre du congrès de l'ACFAS me force à m'interroger sur la situation de la terminologie au Québec. Il semble loin le temps où nous pouvions nous vanter d'être des pionniers en la matière, du moins dans le monde francophone. Le programme montre cruellement l'absence des universités québécoises et même - c'est proprement incroyable - de l'Office québécois de la langue française.
Quelles recherches se font-elles dans ces organismes alors que la terminologie a été révolutionnée par les nouvelles techniques ? Comment les universités québécoises ont-elles adapté leurs programmes de formation? À lire le programme du colloque, on comprend que ce sont des universités européennes, comme Mons et Genève, qui sont désormais en pointe dans ce domaine. 
Je relève dans le résumé d'une des communications le paragraphe suivant : « nous détaillerons comment nous formons nos étudiants à mettre en place une démarche analytique critique par le biais d’un travail terminologique inversé, à savoir le nettoyage de bases de données existantes et fournies par des institutions européennes et internationales partenaires. » 
Si l'on pense au Grand Dictionnaire terminologique de l'OQLF, il y a du travail sur la planche.


Mots-clés : langue française; terminologie; recherche; enseignement; ACFAS; Office québécois de la langue française; OQLF; Grand Dictionnaire terminologique; GDT.

05 mai 2018

La fête à Macron, slogan festif ou agressif ?


 En France, on a souvent l'art de d'interpréter ou de déformer les propos de ses adversaires pour mieux les réfuter. Dans l'emballement médiatique permanent dans lequel nous vivons, on ne prend plus le temps de lire posément et correctement les écrits des autres. On réagit dans l'immédiateté. On surréagit.
On en a eu un exemple récemment à la suite d'un tweet de Marlène Schiappa, la Secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, dans lequel elle critiquait « l'insupportable tournure grammaticale » contenue dans le slogan « la fête à Macron ». Certains y ont vu une critique d'une faute de grammaire, alors qu'il s'agissait évidemment d'une critique du choix d'une formulation qui semblait inviter à la violence contre le président de la République.
Dans Le Figaro, Alice Develey opère un glissement typique de ce genre d'attitude : 
« Si, la “fête à Macron”, écrit-elle. promet un “moment de fraternité tranquille” ainsi que l'a indiqué Jean-Luc Mélenchon [...], “un cortège militant, revendicatif et convivial” comme précisé sur le compte Twitter du même nom, sa formulation semble toutefois indiquer une manifestation peu ouverte aux bons sentiments. La Secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a d'ailleurs souligné une “insupportable tournure grammaticale”. Mais est-elle si incorrecte ? » (1).
On voit l'interprétation, le glissement d'insupportable formulation (d'un slogan senti comme agressif) à incorrection grammaticale.
Après ce qui s'est passé le 1er Mai 2018 à Paris, quand un millier de Black Blocs ont saccagé un McDo et d'autres magasins, on peut effectivement s'interroger sur la violence qui semble s'imposer de plus en plus dans la politique en France, en particulier dans les rangs de l'extrême gauche, et sur la formulation de leurs slogans.
Comment décrypter ce slogan ? D'abord une remarque sur l'emploi de la préposition à dans la fête à. C'est une tournure archaïque ou populaire. De nos jours, on ne dit pas correctement « c'est la fête à ma mère », mais « c'est la fête de ma mère ».  Ensuite sur l'expression complète. Il est clair qu'elle renvoie à l'expression, elle aussi populaire, faire la fête à quelqu'un, qu'il ne faut pas confondre avec faire fête à quelqu'un. La présence de l'article est très importante. Faire fête à quelqu'un, c'est bien l'accueillir, l'accueillir avec joie. C'est positif. Faire la fête à quelqu'un, c'est l'agresser verbalement, voire physiquement. C'est très négatif. D'où toute l'ambiguïté du slogan de La France insoumise. Après ce qui s'est passé le 1er Mai, le mouvement met l'accent sur le côté festif de son appel à manifester. Mais on ne peut pas s'empêcher de comprendre le double sens du slogan - on va faire la fête pour lui faire sa fête - quand on connaît le désir de ses militants d'en découdre avec leur bête noire, Emmanuel Macron.
Le débat politique en France est en surchauffe. Point n'est besoin d'en rajouter.

Mots-clés : France; polémique; slogan; Fête à Macron; La France insoumise.



(1) Alice Develey, « "La fête à" une préposition si incorrecte ? ». Le Figaro, 5 mai 2018.
http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/2018/05/05/37002-20180505ARTFIG00055-la-fete-a-macron-une-preposition-si-incorrecte.php

04 mai 2018

Joies et limites de la traduction automatique...

Ne pas confondre

En espagnol, on dit bien qu'il ne faut pas confondre trampolín (un tremplin) et cama elástica (un trampoline). Apparemment Google.Translation n'a pas pigé la distinction. À preuve :


Texte espagnol à traduire :


« A veces la gente confunde los trampolines con las camas elásticas ya que en inglés se utiliza la palabra trampoline para designar a las estructuras de hierro, con muelles y una tela elástica. »


Traductions fournies :


« Sometimes people confuse the trampolines with the trampolines since in English the word trampoline is used to designate iron structures, with springs and an elastic fabric. »

...


« Parfois les gens confondent les trampolines avec les trampolines puisque en anglais le mot trampoline est utilisé pour désigner les structures en fer, avec des ressorts et un tissu élastique. »

...


« Manchmal verwechseln die Menschen die Trampoline mit den Trampolinen, da im Englischen das Wort Trampolin verwendet wird, um Eisenstrukturen mit Federn und einem elastischen Gewebe zu bezeichnen. »

...


« A volte le persone confondono i trampolini con i trampolini poiché in inglese il trampolino viene usato per designare strutture in ferro, con molle e un tessuto elastico. »

...


« Às vezes as pessoas confundem os trampolins com os trampolins, já que em inglês a palavra trampolim é usada para designar estruturas de ferro, com molas e um tecido elástico. »

...


« Soms verwarren mensen de trampolines met de trampolines omdat in het Engels het woord trampoline wordt gebruikt om ijzeren structuren aan te duiden, met veren en een elastische stof. »


et même en russe


« Иногда люди путают батуты с батутами, так как на английском языке батут используется для обозначения железных конструкций, пружин и эластичной ткани. »

Mots-clés : traduction automatique; limites; Google.Translation; tremplin; trampoline; espagnol, anglais, français, allemand, italien, portugais, néerlandais, russe.

29 avril 2018

Un exemple d’anglomanie galopante : le marketing de Monoprix

Les « marketeurs » ne connaissent plus qu’une recette pour attirer le chaland. Vivant dans leur petit milieu, babas devant tout ce qui se fait en Amérique, ils pensent qu’il suffit d’utiliser des expressions et des mots anglais pour s’assurer de bonnes ventes. L’enseigne Monoprix semble s’être spécialisée dans les jeux de mots franglais vaseux. Ses marketeurs patentés se doutent-ils que le nom même Monoprix fait très français, autrement dit très ringard, très has been ? Je leur suggère (à titre gracieux) de changer Monoprix pour Uniprice (prononcé bien sûr you-ni-praïss). C’est beaucoup plus moderne… ça a plus de gueule, non ?

Vu à Paris au Monoprix de la rue de Vaugirard en janvier 2018. 










Mots-clés : marketing, marketeur, langue française, anglomanie, anglicisme, franglais, jeu de mots, Monoprix, rue de Vaugirard, Uniprice.

03 février 2018

Une recension du « Français québécois entre réalité et idéologie ».



Sous le titre «  D’un dialogue de sourds sur la langue », David Laporte a fait une recension  de La langue affranchie d’Anne-Marie Beaudouin-Bégin et de mon dernier livre Le français québécois entre réalité et idéologie (Presses de l’Université Laval, Québec, 2017) dans la revue littéraire Nuit blanche (no 148, 2017, p. 50-53). Voici quelques citations concernant mon livre :


« Dans cette somme marquant l’aboutissement d’une prolifique carrière de chercheur, le linguiste s’intéresse aux particularités du français québécois (…). » 


«  L’auteur procède en effet à une patiente recension des types d’anglicismes et des conditions de pénétration de ceux-ci dans la langue française (…). »


 « L’auteur présente d’ailleurs l’argumentaire de quelques-uns des intervenants qui se sont prononcés dans cette véritable querelle de clocher qui oppose endogénistes et internationalistes. Cela lui permet notamment d’établir des nuances plus fines entre les positions endogénistes populistes (Henri Bélanger et Marcel Boudreault) et endogénistes élitistes (Jean-Claude Corbeil), puis entre internationalisme internationalisant (Jean Marcel) et internationalisme francisant (Gérard Dagenais). L’exposé, en dépit de ce que peuvent laisser croire les précédentes subtilités, est clair et accessible (…). »


« Meney montre d’ailleurs éloquemment, de nombreuses synthèses tabulaires à l’appui, que chacune des positions à l’égard de la langue dépend de convictions idéologiques bien plus que de la démonstration d’une vérité infuse . »



Mots-clés : français québécois ; recension ; Lionel Meney;  Le français québécois entre réalité et idéologie ; David Laporte; revue Nuit blanche.

05 janvier 2018

Traduction automatique... un cadeau de Disney...

Un exemple de traduction automatique. La société Disney a certainement les moyens de se payer les services d'un vrai traducteur...
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10154940675587373&set=a.53661602372.77984.680887372&type=3&theater
Mots-clés : traduction anglais-français; traduction automatique; traduction comique; qualité de la langue; Disney.

04 janvier 2018

Question de niveau de langue… Quand peut-on dire « bouffer » ?


Le niveau de langue de certains mots au Québec diffère parfois de celui du français de référence. C'est le cas du verbe bouffer. Selon les dictionnaires, ce mot : 1) est familier, et 2) signifie « manger gloutonnement ».
À Québec, il y avait naguère, dans un grand centre commercial, un lieu de restauration rapide qui s'appelait la « Halte-bouffe ». La chaîne de magasins d'alimentation IGA (Independent Grocers Alliance), qui compte de nombreux magasins franchisés au Québec, utilise beaucoup ce verbe dans sa communication. Voici ce qu'on peut lire sur les sacs en plastique qu'elle distribue à ses clients (photo ci-jointe) : « On bouffe les prix ».
Une telle communication serait très mal reçue en Europe francophone parce que sentie trop familière, sinon carrément vulgaire.

Mots-clés : langue française; niveau de langue; variation; qualité de la langue; Québec; France; bouffer; chaîne de magasins d'alimentation; IGA.