Pic noir |
Grand pic |
Pic-bois, j'veux pus m'en aller/J'entends le pic-bois dans
son arbre/J'me sens loin mais je me sens ben/Laisse-moi pas revenir en ville/Tape-moi sur ma tête de bois/Pic-bois, laisse-moi pas tranquille (Beau Dommage)
Ceux qui
avancent que pique-bois serait un anglicisme font valoir que sa
formation est parallèle à l'anglais woodpecker. Ce n'est pas une raison
suffisante. Une forme parallèle n'est pas forcément une forme importée. La même image peut se retrouver dans des langues différentes (on dit pica-pau en portugais), d'autant plus que, dans le cas de cet oiseau, cette image s'imposait.
Le Trésor de la langue française affirme
que ce mot est synonyme de pic et le classe parmi les régionalismes du Canada
et de la Louisiane. Il donne une citation de l'auteur québécois Victor-Lévy
Beaulieu : « Un
tronc d'arbre déchiqueté par les coups de bec tenaces des pics-bois qui le
laisseront à moitié mort
(V.-L. Beaulieu, La Nuitte).
Le Petit Robert reprend ce que dit le TLF,
avec une nuance cependant : « pic-bois
ou pique-bois rare ou régional
(Canada, Louisiane) Oiseau de la famille du pic. » Ce dictionnaire
n'écarte donc pas la possibilité qu'il se dise ailleurs qu'au Canada et en
Louisiane. Et il n'a pas tort.
Le Dictionnaire de la langue française d'Émile Littré (1863-1872)
donne « pique-bois pic noir, picus
martius » sans aucune autre mention.
Mais surtout, on trouve chez Victor
Hugo au moins deux citations dans deux ouvrages différents du mot pique-bois : « Les
pique-bois grimpaient le long des marronniers en donnant de petits coups
de bec dans les trous de l’écorce. » (Victor Hugo, Les
Misérables, 1862). « C'était un doux
parlage de tous à la fois, huppes, mésanges, pique-bois, chardonnerets, bouvreuils,
moines et misses. » (Victor Hugo, Les Travailleurs
de la mer, 1866).
On
sait que Victor Hugo aimait utiliser des régionalismes. Mais il s'agit de deux
citations dont la scène se passe dans deux régions différentes, ce qui donne à
penser que le mot s'emploie ou s'est employé dans une aire large.
Au
Canada, le mot pique-bois apparaît très tôt dans les relations de voyageurs. Le
Trésor de la langue française au Québec
donne cette citation de Chrestien Le Clecq datant de 1691 : « Les
pic bois, que nous appellons de ce nom, parce qu'ils prennent leur nourriture
en picotant les troncs des arbres qui sont pourris, se distinguent par deux
sortes de plumage; les uns sont mouchetez de noir & blanc; les autres sont
tout noirs, & portent sur la tête une huppe d'un rouge admirablement beau :
ils ont la langue extrémement dure, & aiguë comme des éguilles, avec
laquelle ils font dans les arbres, des trous à y mettre le poing. » (Chrestien Le Clercq, Nouvelle relation […], 1691).
C'est dire qu'on peut éliminer
l'hypothèse de l'anglicisme. Et aussi celle du régionalisme strictement
canadien et louisianais. Le pique-bois canadien (le Grand Pic) n'est pas de la même espèce que le pique-bois européen
(le Pic Noir), mais le mot est bien
français.
…
Mots-clés : pic-bois; pique-bois; Grand Pic; Pic Noir; origine; anglicisme; régionalisme.
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